Une première ébauche de réorganisation de l'administration centrale a été tentée en mars 1970 par Olivier Guichard. Peu spectaculaire et encore assez timide, elle s'inspire des méthodes modernes de gestion des grandes entreprises industrielles américaines.

O. Guichard et ses conseillers ont mis sur pied une structure administrative qui prévoit, pour la première fois, la distinction fonctionnelle entre les personnes chargées de définir des objectifs et celles qui évaluent ensuite les moyens nécessaires à leur réalisation. Le ministère de l'Éducation nationale est désormais divisé, au sommet, entre des directeurs d'objectifs et des directeurs de moyens.

Parallèlement à la mise en place de cette réforme, dont les effets ne pourront se faire sentir qu'à assez lointaine échéance, le ministre de l'Éducation nationale a annoncé que les locaux du ministère, actuellement rue de Grenelle, à Paris, seraient transférés, avant trois ans, dans un immeuble neuf du quartier de la Défense. Le but de l'opération est de donner un peu d'oxygène aux services du ministère, qui étouffent littéralement dans les locaux actuels, vétustés et exigus. Si ce déménagement doit s'effectuer, comme prévu, en 1973, ce sera la première fois qu'un ministère quittera le centre de Paris.

Primaire : le tiers temps

L'introduction généralisée du tiers temps pédagogique à l'école primaire a marqué la rentrée des classes élémentaires. Le tiers temps était réclamé depuis des années par la plupart des pédagogues et par les médecins qui ont fait des recherches sur le malmenage scolaire. Il repose sur le principe d'une redistribution du temps accordé, chaque jour, aux différentes disciplines.

Les matières fondamentales, mathématiques et français, qui nécessitent un maximum d'attention, sont désormais enseignées uniquement le matin. L'après-midi est réservé aux disciplines dites d'éveil (histoire, géographie, sciences naturelles, musique, dessin, etc.) qui font davantage appel aux qualités d'observation ou d'initiative des jeunes enfants. Enfin, le troisième volet de l'activité scolaire est constitué par l'éducation physique et le sport.

Former les maîtres

La réforme introduite en 1969 a principalement porté sur l'augmentation du nombre d'heures consacrées aux activités sportives : six heures par semaine, au lieu de deux heures trente. Si cet aspect a le plus attiré l'attention, il est loin d'être le plus important. Le tiers temps n'est pas seulement un réaménagement des horaires des écoliers ; il doit s'accompagner d'une transformation de l'enseignement lui-même : méthodes et programmes. Une nouvelle pédagogie doit naître, indispensable en particulier pour l'initiation aux disciplines d'éveil.

Mais la plupart des instituteurs reconnaissent qu'ils n'ont pas été formés à ce style d'enseignement et éprouvent des difficultés à innover. Le ministère de l'Éducation nationale a entrepris en 1969-70 une vaste opération de recyclage qui doit se poursuivre pendant des années. Trois cents conseillers sillonnent les départements, pour aider les instituteurs à diriger les séances d'éducation physique. Le nombre encore insuffisant de ces conseillers sera porté à 3 000 au cours des prochaines années, soit environ 1 pour 100 instituteurs.

Une réforme des écoles normales est en cours, avec le système des stages en responsabilité introduit pour l'année scolaire 1969-70. Pendant plusieurs semaines, des élèves des écoles normales prennent une classe en charge, tandis que le maître de cette classe va se recycler à l'école normale. Ce principe permet d'allier la formation des futurs instituteurs avec le recyclage des maîtres titulaires.

D'autre part, la suppression des cours du samedi après-midi a permis aux instituteurs de participer à quelques stages, encore peu nombreux, ou de suivre les émissions de la radio-télévision scolaire destinées à les informer sur les méthodes d'enseignement qu'on souhaite leur voir appliquer.

L'application généralisée du tiers temps n'a, en fait, pour cette première année, transformé la vie que d'un nombre limité d'écoles. Souvent, d'ailleurs, les exemples d'application réussie qu'on a pu citer sont ceux d'écoles où la réforme avait déjà été lancée, d'une manière expérimentale, avant 1969. Devenue la doctrine officielle du ministère de l'Éducation, la réforme a progressé à pas lents, en raison de difficultés matérielles (il n'existe pas de salles de sport dans toutes les écoles des villes) et de l'impréparation de la plupart des maîtres. Des efforts spectaculaires ont été tentés, mais ils sont restés localisés : dans le département du Nord ou en Indre-et-Loire, dans l'académie d'Amiens. Dans quelques cas rares, la réforme a même été étendue à des établissements du premier cycle de l'enseignement secondaire.

Mais dans la très grande majorité des écoles élémentaires françaises, mis à part les changements d'horaires, la réforme est passée assez inaperçue. Le tiers temps est une œuvre de longue haleine qui doit révolutionner l'enseignement traditionnel de la communale et nécessite la mise au point de nouveaux programmes. En mathématiques, les traditionnelles leçons de calcul ont été modernisées — la décision a été prise au printemps 1970. Plus tard, le français sera à son tour aménagé.