Dans plusieurs facultés de Paris et de province, l'UNEF met en place des piquets de dissuasion devant les services administratifs. À la Sorbonne, les inscriptions sont stoppées pendant plus de deux semaines. En octobre, à Dijon, des étudiants envahissent les locaux universitaires. À Vincennes, des dossiers sont dérobés et le doyen est retenu dans son bureau. À la faculté des sciences de Paris, les inscriptions doivent être suspendues. L'Administration ne tarde pas à trouver une parade ; elle demande aux étudiants de s'inscrire par correspondance, rendant pratiquement impossible tout boycott.

En décembre, la grève des étudiants en médecine prend le relais, mais ne parvient pas, malgré les efforts de certains, à déborder sur les autres facultés. Il en est de même pour la grève déclenchée par les étudiants des facultés de lettres à propos de l'affaire des langues vivantes. Malgré l'ampleur du mouvement, les étudiants ne parviennent pas à s'unir sur des objectifs précis et la grève se termine sans qu'ils aient obtenu satisfaction.

Peu après, les facultés de Nanterre se trouvent de nouveau à la pointe de l'actualité. Fin janvier, le doyen de la faculté des lettres, Paul Ricœur, est frappé dans les couloirs de sa faculté par un petit groupe d'anarchistes, qui le coiffent d'une poubelle. Le 14 février, de violentes bagarres éclatent sur les allées du campus entre militants maoïstes et communistes (l'un de ces derniers, ouvrier venu prêter main-forte aux étudiants, est très gravement blessé). Cet incident, qui fait suite à une série de violences, conduit le doyen Ricœur à lancer, le 27 février, un appel solennel dans lequel il affirme ne plus « pouvoir assurer la sécurité des personnes sur le campus ».

Cet appel est suivi de la banalisation ; les forces de l'ordre pourront désormais intervenir sur le campus. Dès le 28 février, des affrontements opposent des groupes d'étudiants aux policiers venus effectuer une ronde aux alentours des facultés. Les affrontements les plus violents ont lieu le 3 mars. Pendant plusieurs heures les échauffourées prennent des allures de guérilla. Les blessés sont nombreux de part et d'autre. Le lendemain, les deux facultés, dont le mobilier est endommagé et la plupart des vitres brisées, sont fermées. Le 18 mars, le doyen Ricœur, qui a désapprouvé l'intervention trop rapide de la police, donne sa démission. Le 24 avril, Jean-Maurice Verdier, doyen de Nanterre droit, démissionne à son tour.

Des élections ont eu lieu en avril ; un tiers seulement des étudiants y participent. Les conseils paritaires issus de ces scrutins parviennent difficilement a élire de nouveaux doyens. Le 12 mai, René Rémond est désigné (il obtient 31 voix), mais refuse à deux reprises d'assumer la charge de doyen de la faculté des lettres, le conseil repoussant les conditions qu'il exige pour entrer en fonctions. Le 27 mai, cet obstacle est levé ; R. Rémond accepte (un vote lui accorde le deux tiers des voix : 37 contre 14, et il obtient toutes les garanties exigées). En revanche, la situation n'est toujours pas réglée en droit. Sollicité le 19 mai, Edgar Faure se récuse.

Police universitaire

Les incidents de Nanterre et d'ailleurs conduisent le ministre de l'Éducation nationale à décider la création d'une force de police universitaire qui sera mise à la disposition des rectorats sur leur demande (avril).

Nanterre n'a pas eu l'exclusivité des violences. Des bagarres entre étudiants ont lieu à Aix-en-Provence (décembre 1969), à Nice, où la faculté des lettres est fermée à trois reprises en février. À Paris, le centre de la faculté de droit de la rue d'Assas est le théâtre d'incidents renouvelés. Des bagarres y opposent périodiquement gauchistes et étudiants d'extrême droite. Ces derniers, en perte de vitesse depuis mai 1968, ont repris force et vigueur. Ils sont d'ailleurs à l'origine de la création du mouvement Ordre nouveau. Le centre Assas est fermé à plusieurs reprises à la suite de bagarres en janvier, février, avril et mai. Dans la soirée du 3 juin, à Grenoble, des étudiants transforment leur campus en camp retranché : pour protester contre deux opérations de police à l'intérieur des résidences universitaires. Après quatre jours de petite guerre avec les forces de l'ordre, les révolutionnaires quittent leur forteresse. Les dégâts sont importants.