Ce sont, comme les précédents, des satellites stationnaires : leur période de révolution autour de la Terre étant égale au temps que notre planète met à tourner sur elle-même, ils apparaissent comme immobiles au-dessus d'un point particulier de l'équateur. Les quatre derniers satellites, formant la famille Intelsat 3, ont été lancés de décembre 1968 à juin 1969. Deux d'entre eux sont stationnaires au-dessus de l'Atlantique, un autre au-dessus du Pacifique, un autre enfin au-dessus de l'océan Indien.

Radio et télévision

Chaque nouvelle famille de satellites Intelsat a marqué un progrès technique sur la précédente, notamment par la puissance rayonnée, passée de 6 W pour Intelsat 1 à 18 W pour Intelsat 2 et à plusieurs dizaines de watts pour Intelsat 3. Les satellites Intelsat 3 sont munis d'antennes directionnelles qui rayonnent dans un angle de 20°. Bien que le satellite tourne sur lui-même, l'antenne pointe toujours dans la même direction, car elle tourne à une vitesse égale à celle du satellite, mais en sens inverse : c'est l'antenne contrarotative.

Jusqu'ici l'URSS est seule à utiliser ses satellites de communications pour relayer régulièrement des programmes de radio et de télévision. Ses satellites Molnya ne sont pas stationnaires, mais gravitent autour de la Terre en 12 heures sur une orbite qui va de 490 à 39 000 km d'altitude, de façon à rester en visibilité du territoire soviétique 8 à 9 heures ; 2 satellites suffisent ainsi à couvrir le territoire soviétique en permanence.

Plusieurs pays élaborent des projets de satellites nationaux de distribution de télévision. Les États-Unis prévoient deux satellites stationnaires, plusieurs dizaines de stations de réception disséminées sur le territoire américain et deux grosses stations d'émission-réception, l'une sur la côte orientale, l'autre sur la côte occidentale. Le gouvernement fédéral canadien a établi un projet analogue, avec le lancement, à partir de 1972, de deux satellites de distribution.

Un même désir est né progressivement en Europe ces dernières années, mais ce n'est qu'au cours de l'année 1968 que les premières études techniques sérieuses ont été terminées. Il s'agirait de satellites d'Eurovision, c'est-à-dire de satellites permettant l'échange de programmes de télévision entre les membres de l'Union européenne de télévision ; ces satellites pourraient aussi couvrir le Bassin méditerranéen, le Proche-Orient et l'Afrique.

Étude de rentabilité

L'ESRO, l'organisation européenne qui construit des satellites, avait terminé en décembre 1967 une étude portant sur deux engins expérimentaux qui pourraient servir à de telles fins. Ces satellites seraient lancés par la fusée Europa 2, construite par les pays européens.

Lors de la conférence spatiale européenne qui s'est tenue à Bonn en novembre 1968, il a été convenu qu'une étude serait établie avant la fin de l'année 1968 pour évaluer la rentabilité économique et technique des projets de satellites d'application. Une conférence intergouvernementale devait se tenir avant le 1er mars 1969 pour que chaque pays participant fasse connaître sa décision quant à la réalisation d'un premier satellite européen.

Conférence de l'Intelsat

L'établissement de systèmes nationaux ou régionaux de satellites de communications pose des problèmes importants vis-à-vis d'Intelsat.

Lorsque cet organisme international fut créé à Washington en 1964, le principal souci des Américains était de s'assurer un monopole — du moins dans le monde occidental — des systèmes spatiaux de télécommunications, puisqu'ils étaient seuls capables de construire et de lancer des satellites. Craignant — et ces craintes se sont révélées justifiées — cette situation de monopole, les Européens avaient obtenu que l'accord conclu ne soit qu'intérimaire ; l'accord définitif devait intervenir le 1er janvier 1970.

Comme prévu, la négociation sur le renouvellement des accords s'est ouverte le 24 février 1969 à Washington. La situation et les rapports de force ayant peu évolué depuis 1964 — l'Europe n'avait toujours pas terminé sa fusée Europa, capable en principe de placer sur orbite un petit satellite stationnaire —, les discussions n'ont pu aboutir. Close le 20 mars, elle doit, en principe, reprendre en novembre 1969.