Les correcteurs sont d'abord des êtres humains ; il en est de sévères ou d'indulgents. Même à sévérité égale, il y a des correcteurs larges, dont la fourchette de notes va de 2 à 18, d'autres rétrécis, qui, par tempérament ou parce que l'épreuve est difficile à juger, la resserrent entre 7 et 14. Ces différences d'attitudes et, partant, d'échelles peuvent neutraliser, voire fausser le jeu des coefficients.

Dans la plupart des cas, l'objectif même de l'examen n'est pas clairement défini : diagnostic ou pronostic ? s'agit-il de contrôler des connaissances ou d'évaluer leur mise en œuvre ? La note donnée se ressentira de l'optique choisie par l'examinateur.

En ce qui concerne la notation, autre objet d'études des recherches docimologiques, l'échelle de 0 à 20 apparaît d'une finesse et d'une précision tout illusoires et constitue une source supplémentaire de désaccord entre les examinateurs. Les spécialistes lui préfèrent une division en 5 groupes. Une circulaire du ministère de l'Éducation nationale de janvier 1969 a recommandé la suppression de la notation de 0 à 20, mesure qui rencontre l'hostilité de la Société des agrégés.

Projets de réforme

La docimologie actuelle a dépassé le stade de la critique, elle s'oriente vers une docimologie positive, suggérant soit des améliorations des examens traditionnels, soit des solutions de rechange : questionnaires à choix multiple, examens à livre ouvert, contrôle continu des connaissances.

La mise en cause des examens traditionnels n'est pas particulière à la France. Une enquête publiée en octobre 1968 par le Conseil de l'Europe sur l'organisation de l'enseignement dans 20 pays européens débute par cette constatation : « Le système des examens traverse une crise de plus en plus aiguë, qui met en question l'ensemble de l'école en raison des manquements de celle-ci face à la société. »

L'enseignement programmé et les machines à enseigner

L'enseignement programmé, qui avait déjà été l'objet d'un colloque organisé à Nice, en mai 1968, par l'OTAN, a de nouveau été débattu aux stages d'étude qui se sont tenus sous l'égide de l'Unesco, à Varna, en août. L'accent y a été mis sur les nouvelles techniques d'apprentissage, fondées à la fois sur les progrès de la psychologie (renforcement des réflexes conditionnés par la répétition des situations dans lesquelles ils sont suscités) et sur ceux de l'informatique.

On qualifie de programmé tout enseignement qui divise une matière à enseigner en petits éléments courts dont l'ordre de succession est conçu à la fois selon une planification logique et psychologique.

Cette planification répond à la logique de la matière à enseigner (il serait absurde d'enseigner la résolution des équations du second degré sans avoir appris avant les opérations algébriques) ; d'autre part, elle repose sur l'étude des aptitudes intellectuelles réelles des sujets, c'est-à-dire essentiellement, quand il s'agit d'enfants, sur les étapes suivies par leur intelligence.

Ainsi il faut nécessairement recourir à des formes géométriques (triangles, carrés, cercles) de carton peint (vert, rouge, bleu) de tailles diverses pour que les mathématiques modernes puissent pénétrer dans les maternelles.

Livres brouillés

L'élément de l'enseignement programmé est un petit texte disant à peu près : « Vous savez ceci. Nous vous expliquons cela. Maintenant, voici une question pour voir si vous mettez bien en rapport cela avec ceci. » On a conçu des livres d'enseignement programmé (livres brouillés).

Il existe aussi des dispositifs mécaniques et surtout des machines électroniques, avec écran de télévision, casque d'écoute et tablette de réponse munie d'une série de boutons de réponse ou de machine à écrire.

Tout cela se perfectionne. Mais le progrès essentiel réside dans la réponse à la question que pose au psychologue et à l'enseignant le calculateur électronique : comment programmer et programmer quoi ?

Linéaire ou ramifié

Il existait jusqu'à présent deux sortes de programmes de conception différente. Le premier, qu'on appelle skinérien ou linéaire, a eu pour les Français l'avantage de ne pas exiger d'investissements trop grands. Chaque élément contient une seule alternative vrai/faux (fig. 1) et qui se marque par oui ou non s'il s'agit d'une question, ou par c'est ça ou ce n'est pas ça s'il s'agit d'un mot qu'on veut inculquer, d'un résultat chiffré s'il s'agit d'opérations, etc.