Le premier maillon de la chaîne est donc fixé par une liaison chimique sur un grain de polystyrène, puis les maillons suivants sont attachés séquentiellement selon un cycle d'opérations analogues à chaque stade. Lorsque la séquence est complète, la protéine est détachée de son support solide par un réactif approprié.

Avantage considérable, un tel processus se prête facilement à l'automatisation. Un système de tuyaux et de vannes apporte les réactifs au récipient réactionnel. Un tambour analogue au cylindre denté des boîtes à musique commande le cycle des réactions et des purifications à chaque stade. La séquence des amino-acides est programmée sur un second tambour.

Structure des enzymes

Avec cet appareil, Merrifield et Gutte n'ont pas mis plus de trois semaines pour venir à bout d'une synthèse qui a exigé 369 réactions chimiques et 11 931 opérations successives.

Comme la ribonucléase extraite des cellules vivantes, la protéine fabriquée par les deux équipes américaines s'est montrée douée d'une activité enzymatique spécifique. La première synthèse d'une enzyme n'est donc pas seulement une réussite technique ; elle apporte également une confirmation expérimentale à l'idée que la structure à trois dimensions d'une protéine est entièrement déterminée par la séquence de ses amino-acides.

Multiples variantes

Mise en solution, l'enzyme synthétique se pelotonne d'elle-même selon l'exacte configuration qui confère à l'enzyme naturelle son activité biologique. C'est donc avec optimisme qu'on envisage maintenant la synthèse des multiples variantes possibles des modèles enzymatiques naturels : on espère ainsi élucider les relations entre la structure moléculaire et l'activité biologique des enzymes.

Écologie

L'homme et la biosphère

L'accroissement démographique et l'essor de la civilisation industrielle conduisent l'homme à altérer toujours davantage le milieu naturel, dans le même temps où il a besoin d'en tirer des ressources alimentaires de plus en plus abondantes.

Au stade actuel du développement de l'humanité, une exploitation anarchique des richesses biologiques de la planète — telle qu'elle s'est poursuivie durant des millénaires — conduirait vite à la disette mondiale. Pour tenter de prévenir ce désastre, l'Unesco a réuni à Paris, du 4 au 13 septembre 1968, une conférence internationale sur l'utilisation rationnelle et la conservation des ressources de la biosphère.

La biosphère est la mince couche de la planète que limitent, d'une part, les surfaces solides (lithosphère) ou liquides (hydrosphère), d'autre part l'atmosphère, et dans laquelle se développent et interagissent les organismes vivants. Elle comprend un grand nombre d'écosystèmes, c'est-à-dire de régions (plus ou moins séparées) à l'intérieur desquelles les rapports des espèces animales et végétales entre elles et avec le milieu ont fini par s'établir selon un certain équilibre.

Dans les régions à forte concentration urbaine, la pollution de l'atmosphère, de l'eau et du sol atteint ou dépasse le seuil critique.

La pollution

Les experts de l'Unesco la qualifient de « grand problème international ». Aux sources polluantes anciennes — déchets des villes, fumées industrielles, gaz d'automobiles — s'ajoutent la radioactivité et les substances nouvelles créées par la chimie moderne.

Alors que les objets de bois ou de métal retournent plus ou moins vite au grand fonds commun de la matière terrestre, la plupart des polymères de synthèse défient l'eau, les acides, les bactéries. Ils flottent sur les eaux, épaves imputrescibles. Ils posent des problèmes aux services de voirie. De même, la plupart des détergents (dont le principal représentant est l'alkylbenzène sulfonate de sodium) ne sont pas digérés par les microbes. Ils forment sur les cours d'eau des bancs de mousse ; dans le sol, ils contaminent les nappes phréatiques et attaquent la végétation.

Le péril le plus grave vient d'un usage excessif des pesticides et surtout des insecticides organochlorés (DDT, aldrine, dieldrine, etc.), qui sont toxiques pour l'homme et pour tous les animaux. L'empoisonnement des eaux du Rhin, en juin 1969, par l'endosulvan, montre les dangers de tels produits.