Il n'est pas exagéré de parler d'une astronomie de l'ultraviolet, que certaines expériences des années écoulées avaient tout au plus commencé à faire entrevoir et dont le développement n'était concevable que depuis l'espace. Tel est, au demeurant, un des premiers objectifs qu'Américains et Soviétiques se sont assignés à l'ère de l'astronomie spatiale : procéder à une étude systématique du ciel en ultraviolet, OAO 2 opérant région par région.

Étoiles chaudes

Sans doute, de nombreuses surprises sont-elles à attendre, ne serait-ce qu'en raison d'un phénomène qui intrigue les astrophysiciens : le paradoxe de Pecker. On pensait que les grosses étoiles ont un rayonnement ultraviolet considérable, puisqu'il existe une relation entre la masse d'une étoile et sa température de surface, et que, d'autre part, la loi de Wien indique sur quelle longueur d'onde est rayonnée l'énergie maximale. Cette longueur d'onde est de 5 500 Å pour le Soleil, dont la température de surface est de 5 700 °C ; elle doit être de 2 750 Å seulement — autrement dit, elle se situe dans le proche ultraviolet — pour une température double. Compte tenu de la croissance de la puissance rayonnée quand la masse augmente, on estimait, en vertu de ces considérations, que les étoiles plus chaudes des classes O, B, A émettent un rayonnement ultraviolet d'une intensité gigantesque.

Or, les faits ne semblent pas corroborer ces prévisions. Certes, les étoiles chaudes sont de puissants émetteurs ultraviolets, mais l'intensité rayonnée est très inférieure à ce que l'on attendait. Les astrophysiciens n'ont pas encore trouvé d'explication satisfaisante à ce phénomène, contraire en apparence aux lois les plus simples d'une physique qui paraît universelle.

La meilleure hypothèse avancée consiste à admettre autour des étoiles chaudes la présence de nuages de matière extrêmement importants qui absorberaient fortement le rayonnement ultraviolet émis par l'étoile. Les progrès de l'astronomie extra-terrestre aideront sans doute les théoriciens à résoudre l'énigme.

Astronautique

La Lune : débuts de la véritable astronautique

Les études du milieu lunaire destinées à préparer le voyage de l'homme sur la Lune étaient pratiquement terminées en juillet 1968 (Journal de l'année 1967-68). Les Luna, Surveyor et Lunar Orbiter avaient permis le choix des sites les plus favorables à l'atterrissage et à la vérification du sol lunaire concernant sa résistance au poids des véhicules. On avait recueilli tous les renseignements utiles sur les conditions physiques auxquelles seront exposés les astronautes (radio-activité du sol, radiations solaires, météorites, etc.).

Mais la mise au point du vaisseau spatial se ressentait encore, aux États-Unis et en Union soviétique, du retard — plus d'une année — accumulé de part et d'autre en raison des deux accidents mortels survenus en 1967. Un retard comparable affectait aussi la mise au point des lanceurs.

L'année lunaire s'ouvre le 15 septembre 1968, avec le lancement par les Russes de Zond 5. L'engin survole la Lune le 18, à 1 950 km d'altitude, et amerrit le 21 dans l'océan Indien, près des navires qui l'attendent.

Venant après une longue période d'inactivité dans le domaine de l'exploration lunaire, cette expérience soviétique connaît un certain retentissement dans la mesure où elle semble préluder à l'assaut final du satellite naturel de la Terre. La sonde consistait essentiellement en une capsule spatiale porteuse de spécimens biologiques, dont deux tortues. Outre l'essai de méthodes de guidage à longue distance, Zond 5 simule des liaisons en phonie, émettant des messages enregistrés qu'une antenne de 7 m de diamètre rayonne en direction de la Terre.

Antenne longue

Une antenne aussi longue a pu paraître excessive pour des distances relativement courtes, comme celle qui sépare la Terre de la Lune. Il s'agissait sans doute d'expérimenter un matériel destiné à de futures opérations planétaires. Mais, alors, pourquoi des essais portant sur la transmission de la voix humaine ?