Les attaques des groupes étudiants contre le marché capitaliste se heurtent à du granit ; ils bombardent de pierres les grands magasins et les banques, d'œufs les professeurs. Leurs revendications maximalistes, « tout ou rien », bloquent la réforme de l'université. Le 1er mai 1969, les communistes de Berlin-Ouest refusent l'unité de la gauche avec ces « frères dévoyés ».

Des accents nationalistes

Le ministre social-démocrate Wehner se range, en avril 1969, à un plan du parti libéral (FDP) comportant la reconnaissance de fait du deuxième État allemand. K.G. Kiesinger réplique, le 24 avril, que la RDA n'est pas un État, mais « un assemblage ». W. Ulbricht, qui semble craindre la souplesse tactique des sociaux-démocrates et des libéraux, se réjouit de l'intransigeance de la CDU-CSU. Sans en avoir l'air, le leader est-allemand aide Franz-Josef Strauss et Kurt Georg Kiesinger. Il actionne en sous-main une campagne de médisances politiques dont la cible est Bahr, confident de W. Brandt.

Les Anglais devinent que le projet de force nucléaire européenne que leur soumet F.-J. Strauss, le 19 mai 1969, à Londres, est cousu de fil blanc. Le ministre est-allemand Winzer dénonce ce moyen détourné de parvenir à la bombe ouest-allemande. Les maîtres Patelin de la CDU-CSU, comme R. Barzel, ont beau prêcher aux « arrogants partenaires » sociaux-démocrates le « compromis parlementaire », le camp conservateur ne peut utiliser qu'une partie des retombées de la crise tchécoslovaque à ses fins irrédentistes.

Le SPD dénonce vivement dans son organe Vorwärts, fin mai, les accents nationalistes de la campagne électorale CDU-CSU. « Brandt qualifie d'extrémisme de droite toutes les démarches en faveur des intérêts nationaux », se lamente F.-J. Strauss. « Accusations infamantes », plaide Kiesinger, qui se dit nationaliste par pur désir de barrer l'accès du Bundestag aux candidats du NPD.

Prescription des crimes de guerre

La CDU-CSU, pourtant, s'est liguée, le 5 mars 1969, à Berlin, avec les néo-nazis du NPD en faveur de G. Schröder, candidat malheureux à la présidence de la République. Ce n'est pas pour déplaire au NPD que la CDU-CSU s'efforce ensuite de faire l'impasse parlementaire sur la loi de non-prescription des crimes de guerre, adoptée pourtant en cabinet par ses ministres (sauf deux voix « contre », celles de Dollinger, ministre des Postes, et de Strauss). La haute cour, sur ces entrefaites, exempte de la non-prescription les simples exécutants et les complices des criminels nazis. La loi, adoptée le 26 juin, tient compte de cet arrêt de la cour : elle limite l'imprescriptibilité au seul crime de génocide ; dans les autres cas, la prescription est prorogée de 20 à 30 ans.

L'opinion publique a évolué et dans les sondages se prononce à 88 % pour la normalisation des relations avec la RDA, tandis que 43 % des Allemands de l'Ouest sont favorables au principe de l'objection de conscience inscrit dans la Constitution (55 % chez les libéraux, 51 % chez les socialistes, 37 % chez les sympathisants de la CDU-CSU et 4,3 % parmi ceux du NPD). La jeunesse est plus ouverte encore au changement. La gauche étudiante notamment. Mais ses initiatives, en butte à une répression efficace, s'effritent (à l'exception de la puissante grève des élèves ingénieurs au printemps 1969) dans un désordre qu'un de ses anciens maîtres à penser, le sociologue Habermas, a qualifié de « fascisme de gauche ».

L'économie d'abondance

Les soubresauts des universités secouent à peine une société de l'abondance qui s'épanouit, non sans aborder les problèmes de structure : réforme financière, cogestion de l'industrie, promotion salariale et sécurité des laissés-pour-compte, ouvriers et apprentis.

Les progressistes, Katzer (CDU), ministre du Travail, et Schiller (SPD), à l'Économie, risquent de ne pas parvenir à réaliser leurs réformes avant qu'il soit trop tard, bien que le congrès des syndicats (DGB), à la fin de mai 1969, ranime les espoirs éteints et élise Heinz Vetter à sa tête.

Schiller, enfin, ne parvient pas à obtenir du chancelier la réévaluation du Deutschemark. La République fédérale épongera sa balance excédentaire par des exportations de capitaux ; c'est à cette position que s'en tiendra un ministre socialiste.

Andorre

14 000. 31. 7,2 %.
Information. (66) : *5 000. (66) : *1 000. (66) : 3 400 fauteuils ; fréquentation : 200 000.
Éducation (65). Prim. : 963. Sec. : 168.
Institutions. Co-principauté indépendante. Statut réglé par le paréage de 1278. Co-princes : Georges Pompidou, président de la République française, et Mgr Ramon Malla Cal, évêque de Lerida (par intérim). Délégué français permanent : le préfet des Pyrénées-Orientales.

Autriche

7 349 000. 87. 0,5 %.
Économie. PNB (66) 1 374. Production (65) : A 10 % + I 51 % + S 39 %. Consomm. énergie (*66) : 2 692 kg e.c.
Transports. (*66 : 6 319 M pass./km, 8 326 M t/km. (*66) : 881 600 + 317 900. (*66) : 271 023 000 pass./km.
Information. (65) : 36 quotidiens ; tirage global : 1 806 000. (66) : 2 171 000. (66) : 853 000. (66) : 390 000 fauteuils ; fréquentation : 65,8 M. (66) : 1 087 007.
Santé (66). 13 108 . Mté. inf. (66) :
Éducation (65). Prim. : 772 153. Sec. et techn. : 315 319. Sup. : 49 382.
Institutions. République fédérale indépendante le 27 juillet 1955. Constitution de 1920 remise en vigueur le 14 mai 1945. Président de la République : Franz Jonas, élu le 23 mai 1965 ; succède à Adolf Schärf, décédé. Chancelier : Dr Josef Klaus.

Belgique

9 630 000. 312. 0,8 %.
Économie. PNB (66) 1 903. Production (66) : A 6 % + I 41 % + S 53 %. Consomm. énergie (*66) : 4 636 kg e.c. (y compris Luxembourg).
Transports. (*66) : 7 783 M pass./km, 6 287 M t/km. (*66) : 1 435 800 + 236 500.  : 940 000 tjb. (*66) : 1 653 890 000 pass./km.
Information. (65) : 54 quotidiens ; tirage global : 2 701 000. (66) : 3 047 000. (66) : 1 660 000. (66) : 533 300 fauteuils ; fréquentation : 44,7 M. (66) : 1 658 355.
Santé (65). 13 793 . Mté inf. (66) : 25,5.
Éducation (64). Prim. : 967 124. Sec. et techn. : 769 012. Sup. : 75 489.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1830. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1831. Souverain : Baudouin Ier ; succède à Léopold III, après son abdication en 1951. Premier ministre : Gaston Eyskens.

Le gouvernement est condamné à l'immobilisme

La crise gouvernementale a été évitée, grâce surtout à la diplomatie du Premier ministre, Gaston Eyskens. Cependant, confronté avec des problèmes essentiels politiques et économiques, et avec la querelle linguistique, le gouvernement — péniblement constitué en juin 1968 — est accusé de n'avoir rien réglé.

Blocage à la révision constitutionnelle

Le gouvernement s'est surtout efforcé de maintenir le régime, tout en donnant satisfaction à ceux qui, depuis plusieurs années, réclament l'autonomie régionale. Le système de décentralisation vers les régions, préconisé par un nombre de plus en plus important d'hommes politiques, n'a cependant pu être appliqué. Il suppose la révision de la constitution de 1831, révision qui exige une majorité des deux tiers au Parlement, ce dont la coalition sociaux-chrétiens-socialistes ne dispose pas.