– L'exercice solitaire du pouvoir auquel se livre le général Ongania et ses velléités corporatistes le coupent de certains milieux de la droite traditionnelle qui avaient pourtant suivi son coup d'État avec sympathie. Cette désaffection de certains conservateurs est sensible dès le mois d'août 1968.

Amorce d'un front commun

L'hypothèque péroniste, l'acuité des problèmes économiques et le désintérêt des masses pour les jeux politiques traditionnels expliquent la désorganisation des forces d'opposition. Le seul élément nouveau est l'amorce d'un front commun regroupant l'aile progressiste de l'Église, le parti communiste et certains péronistes rebelles ; ce groupement est surtout sensible dans la province de Tucuman, qui connaît de grandes difficultés.

Sur le plan international, l'année 1968 est marquée par les visites à Buenos Aires de Willy Brandt (les intérêts économiques allemands sont importants) et de la reine Elisabeth (mais cette visite ne suffit pas à régler le dossier des îles Falkland, revendiquées à la fois par Londres et l'Argentine).

L'agitation qui, au long de l'année, restait limitée à la province de Tucuman, et sporadiquement à celle de Cordoba, s'étend, en mai 1969, au nord-est du pays, dans les provinces du Chaco et de Corrientes. Les incidents ont d'abord pour origine les étudiants mécontents de la gestion des universités. Les affrontements avec la police deviennent quotidiens.

Très rapidement, le gouvernement doit faire face à un front commun étudiants-ouvriers, appuyé par la CGT rebelle. Dans plusieurs villes, on assiste même à des grèves générales décrétées par les deux grandes centrales, qui ont fusionné sur le plan local.

Un leader syndicaliste assassiné

Le 29 mai, c'est l'insurrection à Cordoba. Durant toute la journée et une partie de la nuit, des combats de rues d'une rare violence opposent plusieurs milliers d'ouvriers et d'étudiants à l'armée. Le bilan est lourd : on parle d'au moins 30 morts et d'une centaine de blessés. Le 30, la grève générale, décidée de longue date par les deux centrales, paralyse le pays. Les émeutes reprennent à Cordoba ; cette fois, l'armée utilise mitrailleuses et bazookas et reste maître de la place.

Grèves générales et manifestations vont se succéder dans les villes, tandis que les contacts entre la CGT et la CGT rebelle échouent. La visite de N. Rockefeller, l'envoyé de Nixon en Amérique latine, le 29 juin, provoque une recrudescence des attentats et des manifestations.

Le 30 juin, Augusto Vandor est assassiné par des inconnus. L'impact sur l'opinion publique est considérable. Le gouvernement décrète l'état de siège pour prévenir toute aggravation de la situation, et procède à des arrestations massives.

Barbade

253 000. 570. 1,1 %.
Économie. PNB (66) 437. Production (64) : A 26 % + I 19 % + S 55 %. Consomm. énergie (*66) : 516 kg e.c.
Information. (65) : 2 quotidiens ; tirage global : 27 000. (66) : *45 000. (66) : *9 000. (63) : 5 400 fauteuils ; fréquentation : 1,6 M. (66) : 17 368.
Santé (64). 94 . Mté inf. (66) : 47,7.
Éducation (64). Prim. : 39 173. Sec. et techn. : 15 431. Sup. : 407.
Institutions. État indépendant le 30 novembre 1966, après 339 ans de tutelle britannique. Constitution de 1966. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Winston Scott. Premier ministre : Errol Wallon Barrow.

Bolivie

4 439 000. 3. 1,4 %.
Économie. PNB (66) 182. Production (65) : A 23 % + I 32 % + S 45 %. Consomm. énergie (*66) : 228 kg e.c.
Transports. (*66) : 59 795 000 pass./km.
Information. (65) : 9 quotidiens ; tirage global : 95 000. (65) : *525 000. (64) : 66 000 fauteuils ; fréquentation : 3,2 M. (66) : 27 419.
Santé (66). 1 187 .
Éducation (65). Prim. : 496 068. Sec. et techn. : 98 147. Sup. : 13 426.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1947. Président et chef de l'exécutif : Adolfo Siles Salinas ; succède à René Barrientos, décédé accidentellement le 27 avril 1969.

Très menacé par des rivaux militaires pendant l'été 1968, le général Barrientos avait réussi à rétablir son autorité lorsqu'il disparaît, le 27 avril 1969, dans un accident d'hélicoptère, resté assez mystérieux. Le vice-président de la République, Adolfo Siles Salinas, lui succède conformément à la constitution ; il doit rester en fonctions jusqu'à la fin du mandat en cours (1970).