Une autre découverte a été faite en avant des remparts, dans la partie sud : il s'agit d'un muret de pierre qui, partant apparemment de l'ouvrage avancé, s'en éloigne en oblique pour dessiner ensuite un angle. Les archéologues voient en lui le rebord d'un quai.

L'antique Vieux-Port

En effet, le Lacydon, le Vieux-Port de l'Antiquité, s'enfonçait davantage dans les terres que le Vieux-Port actuel. Il dessinait une sorte de corne vers le nord-est. C'est le quai de ce port qui a été retrouvé en partie. Un sondage, conduit jusqu'à 3 m de profondeur, n'a pas permis d'en retrouver la base. Ce que l'on a retrouvé, par contre, ce sont des couches de vase stratifiée, accumulées dans l'Antiquité.

Les restes ainsi dégagés, au cours des fouilles d'urgence de 1967, couvrent au total plus d'un hectare.

Aux yeux des archéologues et des historiens, ils ont une importance unique. Marseille est, en effet, la plus ancienne ville de France. Mais elle restait jusqu'ici une « ville antique sans antiquités ». Pour la première fois, des restes grecs d'une grande ampleur y ont été dégagés, constituant un ensemble exceptionnel. De plus, le rôle de cette ville apparaît chaque année plus important. On a pu dire que Massalia avait civilisé la Gaule grâce à ses négociants.

Abou-Simbel reconstruit

Il ne s'agit pas d'une découverte, ni d'un progrès dans les connaissances. Cependant, la fin des travaux de l'opération Abou-Simbel, prévue pour l'automne 1968, constitue bien l'un des événements archéologiques les plus importants de l'année.

L'Unesco avait été obligée de traiter à part le cas de ces deux célèbres temples rupestres, situés sur la rive gauche du Nil, à l'extrême sud de l'Égypte. Ni techniquement ni financièrement, le problème que représentait leur sauvetage ne pouvait entrer dans le cadre de la campagne de Nubie : il nécessitait une campagne à lui seul.

Le projet finalement retenu consistait à découper les deux temples en blocs et à les reconstruire plus loin et plus haut, à l'abri des eaux du Nil. Les difficultés étaient multiples. Ces temples ne constituaient pas des monuments au sens habituel du mot : creusés dans la falaise de grès qui borde le Nil, ils en faisaient partie et ne pouvaient donc être démontés. Il fallait les découper en morceaux en prenant le risque de les détériorer.

Leurs dimensions venaient encore compliquer la tâche : les colosses sculptés sur les façades avaient 10 m de haut pour le petit temple, 20 m pour le grand. Et le grand temple s'enfonçait de 64 m à l'intérieur de la falaise.

Autre difficulté : l'état des monuments eux-mêmes. Les grès d'Abou-Simbel sont de qualité inégale, très mauvaise pour certaines couches. On a pu dire que seul l'extraordinaire climat de l'Égypte avait permis la conservation des deux monuments. Mais il suffisait de peu de chose pour détériorer les merveilleux ensembles de bas-reliefs, sculptures et peintures.

La première difficulté était le temps : la mise en eau du grand barrage d'Assouan a eu lieu dès 1964, et c'est seulement à la fin de l'été 1964 que le consortium international chargé de l'opération a pu commencer les travaux. Un batardeau, ou barrage provisoire, a dû être construit pour isoler le chantier et le protéger du Nil. Les responsables étaient donc obligés à la fois d'aller vite et de prendre des précautions spéciales.

Précautions spéciales

Précautions d'abord pour le décapage des quelque 30 m de grès situés au-dessus des temples. Les engins puissants chargés du travail risquaient de provoquer des dégâts le long des façades en y projetant des débris. On accumula donc du sable contre les deux façades pour les protéger : 55 000 m3. Tout emploi d'explosifs avait, naturellement, été interdit.

Le plan de découpage tenait compte à la fois des impératifs de l'archéologie et des exigences des ingénieurs : les scies devaient épargner les figures des statues, les parties les plus précieuses de la décoration. D'autre part, le blocs ne pouvaient dépasser 20 t, cette limite étant portée à 30 t pour les façades. Mais, avant de commencer le découpage, on s'aperçut que d'extraordinaires précautions étaient nécessaires.