L'ordonnance prescrivant les contraceptifs du tableau spécial doit obligatoirement comporter les nom et adresse de la destinataire et être accompagnée d'un bon tiré d'un carnet à souche remis par le médecin. Cette pratique, qui assimile les contraceptifs aux stupéfiants, a fait l'objet de critiques violentes.

Par ailleurs, l'allusion à la « propagande antinataliste » a été considérée comme une aggravation de la loi de 1920, qui, elle, du moins, ne menaçait de ses foudres que la propagande anticonceptionnelle.

La pratique, instaurée par la loi, du certificat de non-contre-indication n'a pas été accueillie sans quelques remous. Ce palliatif de la classique ordonnance permet, en définitive, au praticien qui, par éthique personnelle, ne serait pas favorable à l'usage des procédés contraceptifs, de répondre à la requête de sa patiente : il certifiera que rien dans l'état de la personne n'interdit à celle-ci l'usage du produit visé et ce certificat aura valeur d'ordonnance.

L'information

L'inquiétude des spécialistes est particulièrement vive à propos de l'information du grand public. Il faudrait que les consultations d'orthogénie se multiplient dans les organismes privés ou publics ; cette matière, entièrement nouvelle pour les médecins français, puisqu'elle n'était pas enseignée jusqu'ici dans les facultés, devrait faire l'objet de cours spéciaux pour les praticiens déjà installés.

Les spécialistes regrettent également que le fameux Institut de recherche sur la fécondité, dont le haut comité consultatif de la population et de la famille avait préconisé la création dans son rapport de janvier 1967, ne soit même pas mentionné dans la nouvelle loi.

Après les Américains, les Scandinaves, les Anglais, les Tunisiens et beaucoup d'autres, les Français vont devoir apprendre à vivre avec cette nouvelle liberté. Car la liberté de la conception pose des problèmes éthiques, sociaux, économiques et, bien entendu, démographiques. Si les organismes familiaux et les sociologues commencent à se préoccuper des premiers, les pouvoirs publics ont déjà beaucoup pensé aux derniers. L'extension de la contraception a-t-elle ou non une incidence sur le taux de la natalité ? C'est une question à laquelle aucun démographe français ou étranger ne se risque à donner une réponse avec certitude.

L'homme

Archéologie

Marseille retrouve son passé millénaire

Les vestiges d'époque grecque dégagés en plein centre de Marseille ont été la principale découverte archéologique faite en France au cours de ces derniers mois. Ils ont aussi ravivé le conflit permanent qui existe entre l'archéologie et les travaux de terrassement, et donné lieu à une controverse parfois virulente.

Les découvertes ont eu lieu à l'emplacement d'un ancien quartier situé près du Vieux-Port et derrière la Bourse. Ce chantier de la Bourse devait donner naissance à un centre commercial, à des immeubles d'habitation, à des parkings. Le début des travaux était prévu pour 1967.

Un ensemble cohérent

Les archéologues savaient que ce secteur recelait des restes antiques. En juillet 1913, pendant la destruction de l'ancien quartier, trois fragments de murs antiques avaient été découverts. L'un d'eux, long de 16 m et haut de 7 m au-dessus du niveau de base primitif, fut même classé monument historique. Un quatrième segment devait être découvert en 1929. L'ensemble dessinait une ligne discontinue de 210 m de long. Peut-être, pensait-on, s'agissait-il des restes du rempart qui protégeait vers l'est la ville antique de Massalia. Au moment de la reprise des travaux, Maurice Euzennat, directeur des Antiquités historiques, intervint donc. Conformément à la législation en vigueur, il obtint d'étudier et d'enregistrer les restes du passé avant leur définitive destruction.

Mais ces restes apparurent en si grand nombre et formèrent bientôt un ensemble si cohérent et si considérable que le problème de leur conservation se posa. L'affaire éclata au début de l'été 1967. D'une part, la municipalité de Marseille ne pouvait renoncer à des travaux d'urbanisme et de construction dans lesquels elle se trouvait financièrement engagée. D'autre part, il fallait tenir compte de l'ampleur exceptionnelle des découvertes.