Sciences

Prix Nobel de sciences 1967

Physique

Hans Albrecht Bethe

Né à Strasbourg en 1906, le professeur Bethe a fait ses études à Francfort et enseigné la physique dans plusieurs universités allemandes. À l'avènement du nazisme, en 1933, il part pour l'Angleterre, où il séjourne deux ans, puis il se fixe aux États-Unis et acquiert la nationalité américaine. En 1943, il est directeur du Laboratoire de physique théorique à Los Alamos. Après la guerre, il recommence à enseigner, notamment à Harvard. De 1956 à 1964, il fait partie du comité scientifique consultatif de la Maison-Blanche et reçoit en 1961 le prix Enrico-Fermi. En 1939, il propose la première explication théorique satisfaisante de l'énorme énergie rayonnée par le Soleil et les étoiles, à très haute température, les atomes de carbone sont engagés dans une série de six réactions nucléaires à l'issue desquelles le carbone est reconstitué, tandis que de l'hydrogène a été remplacé par de l'hélium. Ce cycle du carbone, ou cycle de Bethe, se solde par une perte de masse, donc (foi d'Einstein) par un dégagement d'énergie.

Chimie

Manfred Eigen

Le professeur Manfred Eigen est né en 1927 à Bochum. Après avoir fait ses études à Göttingen (aujourd'hui en Allemagne de l'Ouest), il est entré en 1935 à l'Institut Max-Planck, où il dirige le département de cinétique chimique. Il est docteur honoris causa de plusieurs universités américaines.

Ronald George Weyford Norrish

Né en 1897 à Cambridge, le professeur Norrish y a poursuivi toute sa carrière, d'abord comme préparateur de chimie à l'université, puis comme professeur de chimie physique et fellow de l'Emmanuel Collège. Il est membre de la Royal Society.

George Porter

Né en 1920, le professeur Porter a fait ses études à Leeds. De 1952 à 1954, il a été l'adjoint du professeur Norrish. Il a enseigné à Cambridge, puis à Sheffield, jusqu'en 1963, date à laquelle il a été nommé directeur du département de chimie à Sheffield.

Le prix Nobel de chimie a été attribué pour une moitié au professeur Eigen et pour l'autre moitié aux professeurs Norrish et Porter, en reconnaissance de travaux portant sur le même problème : la mesure de la vitesse des réactions chimiques ultra-rapides. L'originalité de la méthode utilisée par ces chercheurs consiste à placer deux réactifs dans un état d'équilibre, où ils ne réagissent plus l'un sur l'autre. On déclenche alors, pendant un temps déterminé et extrêmement court, un agent extérieur, qui peut être un train d'ultrasons ou une variation brutale de pression, de température, de champ électrique. L'équilibre est rompu, et il se produit une réaction chimique. Il suffit ensuite de mesurer la modification du taux de concentration des réactifs pour calculer la vitesse de la réaction. On a mesuré ainsi le temps de formation des ions d'hydrogène dans la dissociation des molécules d'eau ou d'acides. La méthode est assez fine pour étudier des phénomènes qui se déroutent en un dix-milliardième de seconde. Elle pourrait trouver d'intéressantes applications en biochimie.

Médecine et physiologie

George Wald

Né en 1906 à New York, où il a fait ses études, le professeur Wald a travaillé à Berlin, puis aux États-Unis, où il occupe la chaire de biologie à l'université Harvard. En dehors de ses travaux scientifiques, il s'est fait connaître par des ouvrages sur l'art.

Haldan Keffer Hartline

Né en 1903, le professeur Hartline a étudié la médecine à l'université John Hopkins de Baltimore, puis la physique en Allemagne. Il a été membre de l'Institut Johnson en Pennsylvanie. Il travaille à l'Institut Rockefeller à New York.

Ragnar Granit

Né en 1900 en Finlande, le professeur Granit a étudié la psychologie et le médecine. Après un stage en Amérique à l'Institut Johnson, il est devenu professeur de physiologie à Helsinki, puis directeur des recherches de neuro-physiologie à Stockholm.

Ce sont leurs découvertes sur les mécanismes de la vision qui valent à ces trois savants de se partager le prix Nobel de médecine et de physiologie. La sensibilité optique est localisée dans les cellules de la rétine : les bâtonnets, sensibles seulement à la lumière grise, et les cônes, responsables de la vision colorée. Au Kaiser Wilhelm Institut de Berlin, le professeur Wald avait découvert la présence de vitamine A dans la rétine. Avec ses collaborateurs de Harvard, il montra que certains cônes sont sensibles au rouge, d'autres au bleu, d'autres au vert. La lumière déclenche dans les récepteurs rétiniens des réactions chimiques complexes où la vitamine A joue le premier rôle. Le professeur Hartline a découvert que certaines fibres du nerf optique réagissent électivement aux divers stades de ces réactions et les traduisent en modulations électriques qui, parvenues au cerveau, composent la sensation optique. Le professeur Granit a mis au point l'électrorétinogramme, qui enregistre l'activité électrique de l'œil.

Progrès et difficultés

Les récents progrès des sciences et des techniques continuent, dans l'ensemble, de suivre les directions tracées dans le précédent Journal de l'année.