La treizième conférence générale des Poids et Mesures, réunie au pavillon de Breteuil en octobre 1967, a officiellement rattaché la seconde à la fréquence de transition entre deux niveaux hyperfins de l'atome de césium 133. Les horloges à césium qu'on réalise actuellement atteignent une précision d'un millième de milliardième, c'est-à-dire qu'il faudrait 300 000 ans pour qu'elles puissent varier d'une seconde.

Depuis 1960, le mètre est défini comme un multiple de la longueur d'onde d'une radiation émise par le krypton 86. On recherche maintenant de nouvelles définitions pour l'unité de masse (kilogramme) et pour l'unité de différence de potentiel électrique (volt).

Chimie

Le pétrole : matière première pour l'industrie alimentaire

La sous-alimentation d'une grande partie de la population mondiale — qui menace de s'aggraver avec l'expansion démographique — se manifeste non seulement par une insuffisance de la quantité de calories apportées par la ration alimentaire, mais encore, à l'intérieur de cette ration, par une carence en protéines.

C'est pourquoi de nombreux chercheurs songent à promouvoir la culture massive de micro-organismes — algues ou champignons — riches en protéines et susceptibles de servir à l'alimentation de l'homme ou des animaux de boucherie. Deux solutions ont été particulièrement étudiées : la culture de levures se nourrissant de la paraffine du pétrole, et la culture d'algues chlorophylliennes dans un milieu enrichi en gaz carbonique.

La première de ces solutions entre dans la voie des réalisations industrielles : la société BP a commencé à construire à Lavera, près de Marseille, une usine qui produira chaque année 15 000 t de protéines à partir du pétrole. La seconde solution — la culture d'une nouvelle algue alimentaire — est expérimentée par l'Institut français du pétrole.

Levures sur gas-oil

Il y a environ dix ans, Alfred Champagnat, directeur des recherches de la société BP, démontra qu'il était possible de faire pousser sur des produits pétroliers en cours de raffinage des micro-organismes possédant le double avantage d'être riches en protéines et de fournir un moyen naturel et économique d'éliminer du pétrole une paraffine indésirable. Ces micro-organismes se nourrissent, en effet, de la paraffine, dont l'élimination par des procédés chimiques coûte très cher, bien qu'elle soit parfois indispensable, pour le carburant d'avion à réaction, par exemple.

On savait déjà que des champignons microscopiques, des levures, poussent volontiers sur des produits pétroliers : on en trouve dans les cuves des raffineries, sous le bitume des routes et même dans les réservoirs des avions. Il s'agissait de déterminer les espèces les plus efficaces.

Des chercheurs se mirent à l'œuvre à l'Institut Pasteur et au laboratoire du CNRS du professeur Senez, à Marseille. Us découvrirent que certains microorganismes sont d'admirables usines à protéines. Un bœuf de 500 kg au pâturage fabrique 500 g de protéines par jour, alors que 500 kg de levures synthétisent dans le même temps 1 250 kg de protéines, soit 2 500 fois plus.

Des recherches plus poussées, menées dans une petite unité expérimentale à Lavera et dans les laboratoires de la BP en Ecosse, permirent de mettre au point un procédé de culture de levures sur gas-oil.

Les premières protéines produites avaient un goût un peu rance. Les chimistes trouvèrent le moyen d'y remédier en y incorporant certains acides aminés. Les chercheurs soviétiques, qui expérimentent, eux aussi, la culture des levures sur pétrole, ont présenté à la presse, au cours d'une réunion à Moscou, un caviar fabriqué avec des protéines de pétrole, auquel on avait su donner un aspect et un goût qui le rendaient indiscernable du caviar naturel.

Poudre jaunâtre

Il s'agissait cependant de vérifier l'innocuité et la valeur alimentaire de ces protéines, sinon pour l'homme, du moins pour les animaux domestiques. Les essais ont eu lieu aux Pays-Bas. Des dizaines de milliers de souris, de cailles, de poulets et de poissons ont été nourris avec le nouveau produit sans qu'on ait décelé aucune trace de toxicité. Des porcs et des volailles ont engraissé aussi bien et aussi vite qu'avec les aliments traditionnels.