Mais c'est la Sicile qui a le plus souffert. Les 14 et 15 janvier 1968, trois violentes secousses ébranlaient la région occidentale de l'île la plus pauvre, comprise entre Palerme, Trapani et Agrigente. Des décombres, on a retiré 270 morts. Il y aurait, en plus, un certain nombre de disparus. Les dégâts étaient extrêmement importants. Plusieurs localités sont largement détruites : Montevago est sinistrée à 100 %, Gibellina et Salaparuta à 90 %, Santa-Margherita-di-Bellice et Santa-Ninfa à 50 %. Au total, il y aurait près de 10 000 maisons en ruine et plus de 20 000 sans-abri. Un séisme exceptionnel, d'une magnitude voisine de 8, a frappé le Japon en mai : il a fait une cinquantaine de morts.

En France

L'année 1967 restera aussi dans les annales séismologiques de la France. Le 13 août 1967, en effet, la région pyrénéenne, non loin d'Oloron-Sainte-Marie, a été le théâtre d'un sérieux séisme. Certes, on n'a déploré qu'une seule victime et quelques blessés, mais les dégâts ont été très importants. Le bourg d'Arette (plus de 1 000 habitants) a été à peu près détruit. Le village de Montory (562 habitants) et aussi celui de Larrau (665 habitants) ont subi également des destructions très importantes.

Au total, il y aurait eu pour 50 millions de francs de dégâts au moins.

Le séisme d'Arette a rappelé que la France n'est pas à l'abri des séismes. Un des principes de la séismologie est que toute région qui a été affectée par un tremblement de terre tremble à nouveau un jour ou l'autre. On connaît donc les zones du globe qui bougent.

Tous les séismes mentionnés ont eu lieu dans ces régions séismiques.

Un autre tremblement de terre, pourtant, ne rentrait pas dans les cadres classiques : celui de Koyna, survenu le 11 décembre, en Inde. De magnitude 6, ce qui est déjà considérable, le séisme de Koyna a tué près de 200 personnes, en a blessé 2 000 autres, a fait 75 000 sans-abri et a mis en chômage quelque 700 000 ouvriers de la région de Bombay.

Foyer et épicentre

Il convient de distinguer foyer et épicentre. Le foyer est l'endroit où se déclenche le tremblement de terre dans l'intérieur de la Terre. L'épicentre est seulement la projection du foyer sur la surface de la Terre. La très grande majorité des séismes ont des foyers superficiels, c'est-à-dire à moins d'une quarantaine de kilomètres de profondeur. Ils sont dits séismes normaux. Mais il existe des tremblements de terre à foyer profond, jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres sous la surface du globe. Un séisme superficiel est ressenti plus brutalement : ses effets peuvent être catastrophiques même si la magnitude du tremblement de terre est relativement peu importante. Toutefois, l'aire de destruction est, en général, limitée. C'est le cas du tremblement de terre d'Agadir (29 février1960). Un séisme profond doit être d'une magnitude élevée pour produire des dégâts importants, mais alors la zone touchée peut être extrêmement étendue.

Les travaux humains

Tous les spécialistes ne sont pas d'accord pour dire que des séismes peuvent être causés, dans des régions prédisposées, par la surcharge qu'impose à la croûte terrestre la masse d'eau des lacs de barrage. Mais nombre d'entre eux y croient et le problème a été discuté en octobre 1967 à Zurich, lors du congrès de l'Union géodésique et géophysique internationale.

Dans le cas de Koyna, il s'agit bien d'un lac de barrage de 2,8 milliards de mètres cubes. Et jusqu'à la mise en eau du réservoir, en 1961, le Dekkan était considéré comme une région du globe particulièrement stable. Depuis 1945, semblables phénomènes avaient été constatés après la mise en eau du Lake Mead, grand lac de 40 milliards de mètres cubes sur le Colorado ; de 1962 à 1967, des séismes de plus en plus violents ont également suivi le remplissage du réservoir de Kariba sur le Zambèze (la plus grande retenue du monde, avec 160 milliards de mètres cubes).

L'éruption volcanique qui a donné naissance, au large de l'Islande, à l'île de Surtsey s'est arrêtée en 1967. Elle a duré près de quatre ans de façon à peu près continuelle, du 15 novembre 1963 au 5 juin 1967. Maintenant, l'activité volcanique se limite à des fumerolles très nauséabondes. Mais la vie est en train de s'implanter sur cette toute jeune terre : déjà, entre deux explosions, des oiseaux avaient abordé sur l'île dès les premiers jours ; déjà de petites plantes y avaient poussé dès 1965 ; pendant l'été 1967, pour la première fois, il y a eu des fleurs sur Surtsey.