L'exposition de Bois-le-Duc, ville natale de Bosch, célébrait le quatre cent cinquantième anniversaire de la mort du grand visionnaire ; elle présentait en quelque 100 tableaux, dessins, gravures, tous les aspects de son œuvre. De nombreux documents, tels des manuscrits enluminés, des sculptures, recréaient le milieu où il travailla. On y trouvait des tableaux célèbres comme la Nef des fous, le Couronnement d'épines, la Cure des fous, le Saint Antoine, venus d'Angleterre, d'Espagne, de Paris, d'Amérique, mais aussi des pièces complètement inconnues, comme l'extraordinaire Tentation, appartenant à un collectionneur canadien. À la fois réaliste et prodigieux visionnaire, Bosch, à part quelques panneaux trop fragiles pour voyager, s'offrait tout entier au visiteur.

Une très importante exposition sur l'art français au xviiie siècle fut présentée par la Royal Academy de Londres. Elle ne comprenait pas moins d'un millier de pièces, appartenant à des musées ou à des collections particulières de quinze pays, couvrant tout le siècle de Watteau à David. Et l'on s'apercevrait, devant les œuvres de ces 250 artistes, que cette période, qui nous apparaît de loin comme assez unie, est, en fait, fort diverse. Des sculptures, des meubles, des objets d'art complétaient cette évocation magistrale d'un siècle français dont la légèreté apparente masque mal une certaine gravité.

L'année où la Biennale de peinture n'a pas lieu, Venise présente une grande exposition. Cette fois, elle était consacrée aux vedutistes (les peintres de vues de Venise) du xviiie siècle. Elle n'insistait pas sur Francesco Guardi, présenté avec ses frères deux ans auparavant, bien qu'il fût cependant représenté en bonne place. On y trouvait Canaletto, son neveu Bellotto, Zuccarelli, Marieschi, Visentini. Mais le plus grand intérêt de cet ensemble, outre le plaisir qu'il donnait, c'était de voir éclairée la naissance de cet art particulier, par la présence de ses précurseurs, peu connus, Heintz et Van Wittel, l'un Allemand, l'autre Hollandais.

Florence, qui se remettait de la terrible inondation qui lui fit tant de mal, n'a pas voulu se tenir à l'écart des manifestations. Un important congrès réunissant de nombreux savants a marqué le sept centième anniversaire de la naissance de Giotto, à Colle, à quelques kilomètres de la cité. Des œuvres de ses élèves, entre autres d'Orcagna, de Taddeo Gaddi, son filleul, de Maso di Banco, de Giottino, entouraient quelques-unes de celles du maître, célébrant ainsi l'année Giotto.

Ce fut, à Lausanne, l'année de la biennale de la tapisserie. Une fois de plus, elle s'affirma comme la plus importante manifestation de ce genre.

Les ventes

Les événements de mai et juin ont eu une répercussion sur les ventes, notamment à l'hôtel Drouot, et sur le programme de la saison au palais Galliera. Certaines collections, dont la mise aux enchères était fixée à cette époque, ont été remises à la demande des vendeurs. Néanmoins, deux importantes vacations ont eu lieu durant la crise, l'une le 30 mai (autographes et manuscrits), pour un total de 1 400 000 F, et la seconde, le 7 juin (succession X.), réalisait 2 400 000 F. Un record mondial a été battu le 25 juin au palais Galliera ; une Apocalypse ornée de 72 miniatures — fin du XIIIe - début du XIVe s. —, dans une très belle reliure de la Renaissance, a atteint le chiffre de un million de nos francs actuels.

Bilan

Le bilan des ventes à l'hôtel Drouot et au palais Galliera pour 1967, y compris celles de chevaux à Vincennes (les yearlings passant sous le marteau d'ivoire), a réalisé 158 500 000 francs, contre 148 000 000 en 1966.

Tableaux anciens

C'est le côté décoratif d'un tableau ancien que recherchent les amateurs, qui veulent aussi de la peinture claire, d'où le succès, tant en France qu'en Angleterre, de l'école vénitienne du xviiie siècle. On note aussi un goût marqué pour les natures mortes de fleurs, qu'elles soient du xviiie ou du xixe et pas forcément signées d'un nom connu, les œuvres des grands Hollandais et Flamands restant une valeur sûre à condition de n'être pas sombres.