Puis c'est un retour au classicisme, notamment avec ses séries d'arlequins, ses peintures religieuses, qui le mène vers l'abstraction. Ces différents aspects de l'œuvre de Severini donnent l'image d'un artiste plein de finesse, sensible aux inquiétudes de son temps.

La Biennale de Paris
(musée national d'Art moderne, Paris, 28 septembre - 30 octobre 1967)

Les jeunes créateurs du monde entier se sont retrouvés à cette fête de l'avant-garde qu'est la Biennale de Paris, où aucune audace n'apparaît trop grande.

Pour autant, il était bien difficile de discerner une tendance, une ligne directrice, dans ce bouillonnement d'idées, d'expériences et de recherches. En fait, rien de véritablement nouveau, sinon que les jeunes artistes semblent préoccupés par le problème du mouvement. L'art cinétique gagne de plus en plus chez les créateurs de tous les pays. Cette expression du mouvement semble traduire une obsession grandissante. Elle se retrouve même dans beaucoup d'œuvres peintes, où resurgit la manière futuriste de naguère : le découpage en plans successifs.

Une seconde remarque — mais elle n'est pas entièrement nouvelle —, la tendance d'allier l'effet visuel et l'effet sonore gagne de plus en plus de terrain, tout comme la voie qui conduit vers les travaux collectifs.

L'art russe des Scythes à nos jours
(Grand Palais, Paris, octobre 1967 - janvier 1968)

Puisant dans les trésors des musées soviétiques, les Russes ont envoyé à Paris une manière d'anthologie de leurs arts, élargissant même le champ déjà vaste circonscrit par le titre, puisqu'on allait, en fait, des premières manifestations des civilisations préhistoriques à l'époque contemporaine.

Cette exposition, présentée par Vadim Elisseeff, fort abondante, comprenait plus de six cents pièces réparties dans deux grandes sections d'importance sensiblement égale. Mais l'intérêt de chacune était loin de se valoir.

La section qui combla le moins l'attente, la seconde, allant du xviie siècle à nos jours, présentait quelques belles pièces d'art décoratif ; elle démontrait que la Russie ne se distingue guère par une originalité profonde. Son génie réside davantage dans les manifestations de l'art populaire : coffres, planches de rouet, battoirs à linge, flacons, tissus. À noter que la peinture et la sculpture modernes, les expériences de Tatlin, Pevsner, Larionov, Kandinsky, n'y étaient pas évoquées.

Toute l'attention se portait sur le très bel ensemble des pièces appartenant à l'art des nomades, le fameux art des steppes, et sur les icônes de la première section.

C'était, à vrai dire, l'essentiel de l'exposition, qui, limitée à cela, se serait encore parfaitement justifiée.

Il y avait là de nombreux objets scythes ou sarmates que nous ne connaissions que par la photographie. Quant aux icônes russes, nous n'avons guère souvent l'occasion d'en voir.

L'art scythe, essentiellement animalier et très stylisé, nous est connu par le matériel des tombes. C'étaient des plaques d'ornement, des sommets de hampe, des plaques de ceinture ou de mors, des boucles, qui nous étaient proposés, à la fois barbares et raffinés, d'une grande beauté de formes. On y pouvait déceler tantôt des influences iraniennes, chinoises, et bientôt, la plus importante, celle des colonies grecques implantées au bord de la mer Noire.

Le grand nombre d'icônes permettait de suivre leur évolution du xiiie au xviiie siècle (avec leur apogée aux xive et xve s.) et de noter les différences entre les diverses écoles : d'abord très fidèles aux canons du style byzantin, puis manifestant les qualités particulières au génie slave.

Hommage à Meissonier
(hôtel Meurice, Paris, 1er  - 30 novembre 1967)

Il fallait qu'elle soit organisée par Dali pour qu'une exposition à la gloire des peintres académiques du xixe siècle, des pompiers, soit présentée à Paris. Il y avait là une volonté de provocation, au moins de contre-manifestation, d'autant plus nette que cette exposition ouvrait ses portes dans le même temps que la Biennale fermait les siennes.