Journal de l'année Édition 1967 1967Éd. 1967

Aucun gouvernement de l'OTAN n'a encore posé le problème dans les termes utilisés par la France. Une évolution, pourtant, est notable jusqu'au sein du parti démocrate américain, dont une importante fraction recommande le retrait d'une partie des troupes américaines stationnées en Europe.

La Belgique, elle-même, a demandé à la fin de 1966 une révision de ses obligations militaires à l'égard de l'alliance, tandis que la Grande-Bretagne menace de retirer une partie de son armée du Rhin si Bonn n'accepte pas de compenser les pertes en devises occasionnées par la présence des Tommies sur le territoire allemand.

Coopération

Malgré des réductions de crédits l'effort français reste au premier rang

Depuis plusieurs années déjà, la coopération franco-africaine est un sujet qui n'intéresse plus les seules relations internationales, mais qui relève également de la politique intérieure française. À l'occasion des élections législatives de mars 1967, comme à celle des élections présidentielles de décembre 1965, les thèses de ceux qui étaient favorables au maintien des liens de coopération avec les États indépendants d'Afrique et celles des partisans du désengagement se sont opposées quelquefois avec vigueur.

D'autre part, depuis sept années que la plupart des territoires d'outremer d'Afrique ont accédé à la souveraineté internationale, les lignes de force de la coopération ont sensiblement évolué — en partie précisément sous la pression de considérations de politique intérieure.

La coopération française a étendu le champ de ses activités à d'autres pays que ceux qui ont appartenu autrefois au domaine impérial français. C'est ainsi que des accords particuliers ont été conclus avec le Congo-Kinshasa, le Rwanda et le Burundi, tous trois anciens territoires belges. À l'extérieur du continent africain, l'aide française s'étend à des pays aussi divers que le Mexique ou l'Iran, par exemple.

Militaires du contingent

La gestion des coopérants s'est faite plus rigoureuse. C'est ainsi que, sous la pression du ministère des Finances notamment, les contrats de certains agents ont fait l'objet de réductions de dépenses importantes, tandis qu'était préconisé l'emploi prioritaire des militaires du contingent. Cette expérience, dont le début remonte à 1963, a donné aux jeunes Français la possibilité de remplir leurs obligations militaires comme agents techniques civils volontaires dans les pays du tiers monde. Au début de 1967, 14 000 jeunes appelés avaient effectué, ou étaient en train d'effectuer, leur service dans 105 États d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, étant entendu qu'un tiers d'entre eux servaient en Afrique noire.

1 000 F par habitant

Une nette évolution est décelable dans la répartition géographique de l'aide française ; en 1961, par exemple, 50 % du volume global de l'aide étaient destinés à l'Algérie, plus de 30 % aux États sud-sahariens, 10 % aux territoires et départements d'outre-mer, 5 % au Maroc et à la Tunisie, moins de 5 % au reste du monde. En 1965, en revanche, moins de 20 % restent destinés à l'Algérie, plus de 30 % aux États sud-sahariens, 30 % aux départements et territoires d'outre-mer, 15 % à la Tunisie, au Maroc et au reste du monde.

L'aide aux territoires et départements d'outre-mer, généralement peu connue, est en net accroissement. Elle représente pourtant 1 000 F par habitant, c'est-à-dire trente fois plus qu'en Afrique noire.

Le volume de l'aide française est en baisse, néanmoins elle reste plus importante que celle des autres pays nantis. Elle atteignait 4 milliards de francs en 1963 ; mais dépassait les 5 milliards en 1961 — date à laquelle l'aide française représentait la moitié du budget de l'Éducation nationale, tandis qu'elle n'en représente plus que le cinquième.

En 1966, le volume total des crédits accordés au secrétariat d'État à la Coopération — qui, il est vrai, ne s'occupe que des anciens territoires coloniaux français — a atteint 1 milliard 130 millions 218 257 F, auxquels il convient d'ajouter 292 500 000 F de crédits de paiement.