En octobre, Ali Aref revient à Djibouti, après six semaines d'absence, et démissionne de la vice-présidence du Conseil de gouvernement, poste auquel lui succède, en novembre, Mohammed Kamil, ancien sénateur, ancien conseiller de l'Union française.

Au cours de ces deux mois, le gouvernement français s'efforce de définir les grandes lignes de ce que pourrait être le futur statut politique du territoire, au cas où le référendum permettrait de dégager une majorité favorable au maintien de la présence française.

La consultation du 19 mars se déroule dans le calme et donne 60,47 % de « oui » parmi les suffrages exprimés, pourcentage qui correspond à peu près exactement à celui des électeurs afars. Ces derniers ont, en bloc, répondu affirmativement, tandis que l'électorat somali, majoritaire à Djibouti, votait à peu près unanimement « non ».

Le 20 mars, des troubles provoqués, semble-t-il, par les Somalis entraînent une riposte immédiate et très vive des forces de l'ordre. Officiellement, neuf personnes sont tuées. Les Somalis décident alors de ne plus participer à la vie politique et économique du territoire, et une grève générale de fait sévit à Djibouti, où, seuls, les Afars se rendent au travail.

Les élections

Le 23 avril, à l'issue de l'élection législative, c'est Abdoulkader Moussa Ali, candidat afar, qui triomphe de ses concurrents, avec plus de 60 % des suffrages exprimés. Il s'inscrit aussitôt au groupe parlementaire Ve République, auquel appartenait, il est vrai, son prédécesseur, le Somali Moussa Ahmed Idriss. La victoire des Afars est complète et leurs leaders parlent avec insistance de la nécessité de changer le nom du territoire.

L'Assemblée nationale française approuve, le 13 juin, le nouveau statut du territoire, « statut évolué, fondé sur le principe de l'autonomie de gestion », déclare Pierre Billotte, ministre des TOM. La Côte des Somalis prend le nom de Territoire français des Afars et des Issas.

Cependant, à Mogadiscio, les chefs du Front de libération de la Côte des Somalis décident, en avril, de recourir à la lutte armée pour obtenir l'indépendance de Djibouti. Ils bénéficient, dans ces circonstances, de l'appui du gouvernement de la République somalie, qui, à l'ONU comme dans les diverses instances internationales, mène une vigoureuse campagne contre la France, dont elle condamne la politique en Côte française des Somalis et dont elle veut recueillir la succession à Djibouti.