Jusque-là, les lasers n'étaient que des appareils de laboratoire, capables de percer une lame de rasoir de leur faisceau lumineux, d'opérer certaines tumeurs localisées. On s'en servait essentiellement pour des expériences passionnantes pour les physiciens, mais sans grande portée pratique.

Durant les douze mois écoulés, les lasers ont pris une autre dimension. La Compagnie générale d'électricité, en France, a battu les records mondiaux en faisant fonctionner, pour la première fois, de façon continue, un laser à gaz carbonique à un niveau de 280, puis de 650 watts.

L'augmentation de puissance de ces lasers ouvre un chapitre nouveau : leur rendement est de l'ordre de 10 à 15 % — contre à peine 1 % pour les précédents. Ils permettent déjà des soudures. Ils fondent les matériaux réfractaires. De curiosité de laboratoire, ils deviennent presque des prototypes industriels.

Dans une autre direction, des lasers travaillant sous la forme d'impulsions très courtes — de l'ordre du milliardième de seconde — ont permis d'atteindre des puissances considérables — de plus d'un milliard et demi de watts — et fournissent un fin faisceau lumineux d'un prodigieux éclairement, capable d'illuminer un satellite.

En 1966, chaque mois, plusieurs applications nouvelles ont fait l'objet de publications. On utilise maintenant les lasers, par exemple, pour la micro-analyse des métaux, en photographiant à travers un spectrographe la décharge produite dans la vapeur née de l'impact du faisceau laser sur la surface du métal. En associant le principe du laser à la technique radar, on peut détecter les échos du faisceau lumineux sur des nuages très fins invisibles à l'œil, situés à 10 km d'altitude, et mieux prévoir ainsi le temps.

Une lumière cohérente

Le laser est né, en 1920, des travaux du physicien américain Townes et des Soviétiques Basov et Prokhorov — qui partagèrent pour cette invention le prix Nobel de physique en 1964.

Le terme laser recouvre désormais une grande variété de dispositifs. Ils ont en commun la caractéristique, lorsqu'ils sont éclairés, d'émettre un faisceau très peu divergent (presque rectiligne) de lumière cohérente, c'est-à-dire que leurs ondes sont en phase (comme les ondes radio), au lieu de se chevaucher de façon désordonnée, comme c'est le cas pour le rayonnement des autres sources lumineuses. Le rayon laser est capable de se propager très loin en ligne droite en transportant de l'énergie ou des informations d'une façon incomparablement plus efficace que la lumière ordinaire.

100 millions sur 6 cm2

La firme américaine Honeywell a mis au point un gyroscope à laser, qui ne comporte aucune partie mobile et dont l'emploi est considérablement simplifié. La société IBM, qui fabrique des calculateurs électroniques, a réalisé une mémoire utilisant un rayon laser capable d'emmagasiner 100 millions d'informations élémentaires sur une surface de 6 cm2.

À titre expérimental, au Viêt-nam, est utilisé depuis peu un dispositif qui, allié au radar, permet de distinguer des détails qui restaient invisibles pour l'observateur d'un avion d'observation ou d'un hélicoptère.

En médecine, le laser a été déjà utilisé pour des interventions délicates, sur l'œil, par exemple, pour recoller la rétine, ou contre certains cancers. Le professeur Bessis, en France, poursuit avec des lasers son étude des cellules, qu'il frappe d'un très fin rayon lumineux en des parties bien déterminées, afin de mieux comprendre leur fonctionnement.

Lasérothérapie

Plusieurs centaines de cancéreux ont été opérés en 1967, aux États-Unis, à l'aide de lasers à impulsions très brèves, qui détruisent les tumeurs. Mais, depuis quelques mois, des voix se sont élevées pour mettre en garde contre les dangers de cette technique, qui risque de faire essaimer la tumeur ainsi attaquée.

Lasers pour l'espace

Les deux satellites français Diadème, lancés en février 1967, ont emporté des réflecteurs, sortes de catadioptres chargés de renvoyer vers la terre des rayons laser émis du sol.