La notion de structure n'est pas nouvelle. Les sciences de la nature en font un usage constant et précis. En mathématiques, elle a été explicitée au fur et à mesure que la théorie des ensembles a rénové les diverses branches de cette discipline, pendant les vingt premières années du xxe siècle.

Appartenance à un tout

Les sciences humaines l'emploient avec des sens disparates et parfois imprécis : le terme est commode pour désigner l'organisation interne que présentent la plupart des objets sur lesquels porte la recherche.

Approximativement, un ensemble d'objets est dit « structuré » lorsque les relations existant entre ces objets forment un système : ces relations dépendent les unes des autres au moyen d'autres relations plus fondamentales et nécessaires, appelées « relations de structure » ou « lois structurales ».

L'ensemble de ces lois constitue alors la structure de l'ensemble d'objets considéré. Cet ensemble forme donc un tout ; comme les propriétés de chacun de ses éléments sont définies par l'ensemble des relations de cet élément avec les autres, elles le sont, en dernière analyse, par la structure du tout.

On appelle analyse structurale la mise en évidence de la structure d'un tout ; méthode structurale (ou molaire) la détermination des propriétés des éléments par leur appartenance à un tout ; méthode moléculaire (ou encore atomiste) la recherche des propriétés de chaque élément pris isolément.

Danseurs et phantasmes

Le structuralisme peut être défini comme une tendance, dans les sciences humaines, à postuler le bien-fondé de la première méthode à l'exclusion de la seconde, et comme une orientation qui, du succès relatif de cette tendance, tire des conclusions d'ordre philosophique.

Voici quelques exemples :
– L'ensemble des points-images d'une figure est, pour la perception visuelle, structuré, car la valeur ou fonction de chaque point en tant qu'objet perçu dépend de l'organisation interne globale de la figure ;
– L'ensemble des mouvements des danseurs dans une figure de ballet est structuré ;
– L'ensemble des phonèmes de la langue française est structuré, car il existe des corrélations nécessaires entre leurs relations ;
– L'ensemble des attitudes mutuelles du père, de la mère, du fils et du frère de la mère chez les Tcherkesses est structuré, car il existe une corrélation nécessaire entre, d'une part, les attitudes du père à l'égard de sa femme et de son fils, et, d'autre part, les attitudes du beau-frère à l'égard de sa sœur et de son neveu ;
– L'ensemble des phantasmes du patient dans une névrose obsessionnelle est structuré.

Structure et langage

L'introduction de la notion de structure en psychologie remonte aux années 20, avec la Gestalttheorie. En 1934, K. Goldstein publie la Structure de l'organisme, qui étend la notion à la neurophysiologie. En 1942, M. Merleau-Ponty publie la Structure du comportement.

Cependant, c'est son application au langage qui a donné une impulsion décisive à la tendance structuraliste.

Travaux des ethnologues

Dans son Cours de linguistique générale (publié en 1916), Ferdinand de Saussure abandonnait la méthode historique classique et considérait la langue comme un système synchrone, assurant sa fonction de communication en vertu de lois internes de structure. Il posait d'autre part la définition du signe comme l'unité du signifiant et du signifié ; or, puisque le signifiant est structuré, c'est la structure qui confère leur signification aux éléments linguistiques. Il n'existe donc pas de pensée indépendamment de la langue. En 1933, le fondateur de la phonologie, N. Troubetzkoy, ajoute le principe suivant : le système des relations entre éléments phonétiques ou phonèmes est inconscient.

Dès 1945, Claude Lévi-Strauss établit un parallèle entre analyse structurale en linguistique et en anthropologie. Puis, en 1958, dans Anthropologie structurale, tentant une synthèse des travaux des ethnologues depuis quarante ans, il étend la notion de langage inconscient et de signe aux relations sociales, par exemple les relations de parenté, l'échange des biens ou des femmes.