Après onze années où les découvertes s'étaient accumulées, les archéologues se sont mal résignés à quitter le site : tant de questions restaient sans réponse.

L'immense travail d'exploitation en cours apportera peut-être certaines des réponses cherchées. Pour ce travail, les moyens statistiques et mécanographiques les plus modernes sont employés. On prévoit que la publication totale ne demandera pas moins de quarante volumes.

La seconde partie du projet Tikal ne sera pas moins impressionnante que la première.

Ethnologie

Les îles Trobriand cinquante ans après Malinowski

Deux ethnologues français, Jacques Villeminot et sa femme, ont vécu sept mois aux îles Trobriand. Ce petit archipel, situé à l'est de la Nouvelle-Guinée, comprend une douzaine d'îles. Trobriand est le nom d'un lieutenant de la frégate française Espérance, qui avait pris part à la découverte de ces terres en 1793. Il y a un demi-siècle, l'ethnologue Malinowski s'installa aux Trobriand et y vécut pendant quatre années. Il fut l'un des premiers savants à partager aussi longtemps la vie d'une population primitive. Les observations détaillées qu'il en rapporta servirent de base à une œuvre scientifique demeurée classique.

Jacques Villeminot et sa femme ont pu comparer l'état actuel de la société mélano-polynésienne des Trobriand avec la description qu'en donnait Malinowski il y a cinquante ans.

L'aspect extérieur des indigènes a peu changé. Leurs structures sociales évoluent peu à peu sous la pression de l'administration australienne et des missionnaires. L'autorité des chefs tend à diminuer ; alors que du temps de Malinowski les chefs avaient couramment douze femmes, le mieux pourvu aujourd'hui à cet égard n'en possède plus que cinq. Ils n'ont plus d'influence politique et ne conservent que des fonctions religieuses.

Mais les Trobriandais tiennent à leurs coutumes, et ceux d'entre eux qui partent travailler en Nouvelle-Guinée reviennent au bout de quelques mois dans leurs îles pour reprendre leur vie traditionnelle. La seule invention qu'ils apprécient est le magnétophone, non pour écouter la musique des Blancs, qu'ils trouvent ridicule, mais pour entendre leurs propres chants après les avoir enregistrés.

Sociologie

L'année sociologique

La situation de la sociologie française en 1966-1967 ne peut se comprendre qu'en référence avec les hommes et les institutions en place, les crédits, les habitudes, et, d'autre part, avec ce qu'on peut attendre d'elle.

Un article retentissant de Cuisenier paraissait dans la Revue française de sociologie, dirigée par J. Stoetzel (juillet-septembre 1966), où était analysée la situation créée par l'existence de deux recherches : l'une sur programme, lié à un système de crédit lent, tributaire des personnalités, entraînant parfois des thèses dépourvues de portée pratique, l'autre sur contrat, qui peut faire dépendre les chercheurs d'une formulation non scientifique des problèmes tels que les pose le demandeur. Pratique et théorie devraient s'harmoniser.

Thèmes de recherche

En novembre 1966, J. Viet publiait les résultats donnés par la France en fin juin 1966 à une enquête de l'UNESCO, sur les Sciences de l'homme ; en voici des extraits.

Sociologie de la culture : a) public des musées, parents d'élèves, etc. (Centre de sociologie européenne [CSE] : Aron, Bourdieu, Passeron) ; b) images de la culture dans divers milieux sociaux (Groupe d'ethnologie sociale : Chombart de Lauwe).

Sociologie des communications de masse : rôle de la radio-télévision (Cazeneuve) ; valeurs culturelles de masse (Centre d'études des communications de masse : Friedmann, Barthes, Morin).

Sociologie de l'éducation : Centre d'études sociologiques (CES : Isambert).

Sociologie des loisirs (CES : Dumazedier).

Sociologie des organisations : les institutions régionales françaises, etc. (Centre de recherche de sociologie des organisations : Crozier).

Sociologie du travail, industrielle : a) comportements syndicaux et orientations politiques (CES : Naville) ; b) changements dus à l'automatisation, etc. (Institut des sciences sociales du travail) ; c) organisation de l'entreprise et attitudes au travail (Laboratoire de sociologie industrielle : Touraine).