Ainsi, le cruel problème financier que pose le traitement des grands urémiques sera-t-il définitivement résolu.

Progrès de la greffe

En attendant, la solution la plus économique réside, en France, dans la transplantation rénale. Bien que 600 opérés vivent actuellement de par le monde, dans des conditions normales, avec un rein transplanté, cette transplantation représente l'affrontement d'un risque initial considérable.

Depuis le IIe Congrès de la Société européenne de chirurgie (Louvain, avril 1967), on peut espérer que ce risque, résidant entièrement dans la possibilité de rejet immunologique du rein transplanté par le malade receveur, va disparaître.

Sachant que le rejet des greffes est provoqué par les globules blancs, certains chercheurs ont eu l'idée de prélever de la rate humaine fraîche — l'un des organes où naissent les globules blancs —, de la broyer et d'injecter le broyât obtenu à un cheval. Sous l'influence de cet apport, l'organisme de celui-ci réagit et son sérum sanguin se met à fabriquer des anticorps neutralisant l'action des globules blancs humains.

Ce sérum, dit anti-lymphocytaire, a déjà permis au professeur Starzl (Deventer, États-Unis) de réaliser 20 greffes de reins avec 100 % de succès, ce qui ne s'était encore jamais vu. Il semble donc que l'hypothèque de la réaction immunologique soit pratiquement sur le point d'être définitivement levée.

Les maladies tropicales et nous

Sept cents médecins, dont 20 doyens et 72 professeurs de facultés de médecine françaises, réunis successivement à Dakar et à Abidjan, dans le cadre des Premières journées médicales d'Afrique noire d'expression française (en janvier 1967), ont rappelé au monde que la solidarité sanitaire est une impérieuse nécessité et que la santé des peuples hautement évolués se joue en Afrique.

La tuberculose, la syphilis, la poliomyélite, la méningite cérébro-spinale épidémique, la variole, l'amibiase (dysenterie amibienne), la rage, qui appartiennent encore à la panoplie morbide africaine, ne sont en moyenne qu'à cinq heures de vol de Paris, et 100 000 Africains, dont 60 000 vivent dans la capitale, paraissent spécialement désignés pour être malgré eux les commis voyageurs de ces maladies infectieuses.

Celles-ci ont déjà établi une tête de pont dans notre pays, puisque la France, qui n'est cependant pas du tout concernée par la lèpre, compte 1 800 lépreux, dont 6 à 8 % sont contagieux, même sur notre sol.

Le paludisme en Europe

Du fait du brassage constant des populations à travers le globe et de nos relations permanentes avec l'Afrique, l'état sanitaire européen est de plus en plus tributaire de celui du continent africain.

Certaines maladies tropicales peuvent aisément venir jusqu'à nous et indépendamment de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal, où le paludisme fait des apparitions sporadiques, on a constaté récemment, à Saint-Nazaire et à Versailles, des cas de paludisme chez des sujets qui n'étaient jamais sortis de leur ville.

À Dakar et à Abidjan, les congressistes se sont montrés particulièrement préoccupés par le Plasmodium falciparum, l'un des quatre hématozoaires responsables du paludisme. Au Viêt-nam du Sud, il s'est, en effet, révélé résistant à l'action de la chloroquine, antipaludéen le plus efficace et le plus largement employé curativement et préventivement.

Qu'en sera-t-il demain en Afrique ? Quand on sait que le Plasmodium falciparum peut s'adapter à des anophèles qui ne sont pas ses vecteurs habituels, qu'il circule des millions de ces moustiques par air et par mer et que certains survivent et se développent à 1 800 m d'altitude, par 15 °C, on comprend la nécessité d'éradiquer le paludisme des terres tropicales, et de l'Afrique en particulier.

La bilharziose

Il en va de même des bilharzies, ces parasites qui mettent vessie et intestins en sang. Certaines d'entre elles ont déjà envahi les rivières aux eaux tièdes du sud de l'Espagne et du Portugal et peuvent infester les estivants et leurs enfants. La bilharziose, elle aussi, est à nos portes.