Il est possible que l'analyse de ces données fournisse des révélations sur les rôles respectifs des éléments constitutionnels et des circonstances extérieures dans différentes catégories de tumeurs, et même, d'une façon plus générale, sur les modes de déclenchement du processus de malignité.

La prépondérance du cancer de la bouche dans les régions du globe où l'on chique, comme celle du cancer du poumon là où l'on fume, possèdent une signification remarquable. Par contre, la fréquence du cancer de l'estomac au Chili et au Japon demeure inexpliquée. On avait pensé, au Japon, à invoquer le rôle d'une alimentation à base de riz. Cet argument disparaît quand il s'agit du Chili, alors que la persistance d'une forte proportion de cancers de l'estomac chez les Japonais vivant aux USA concourt à repousser l'importance du facteur d'environnement au bénéfice d'une éventuelle prédisposition génétique.

Une longue vie cachée

La thérapeutique des cancers a conquis une remarquable efficacité. La proportion de guérisons, actuellement supérieure à un cas sur trois, approchera bientôt d'un cas sur deux.

Les congressistes de Tōkyō ont confronté leurs méthodes. L'intérêt de la chimiothérapie paraît considérable. Son application locale directe contre la tumeur semble propice à une efficacité accrue en même temps qu'à la réduction des inconvénients généraux de ces drogues. Elles ne tuent, en effet, les cellules malignes qu'au prix d'une menace souvent grave pour les tissus normaux et, en particulier, pour les globules blancs du sang, lesquels assument une fonction essentielle dans la protection de l'organisme contre les infections.

Les risques de la chimiothérapie dictent donc des conditions de traitement très spéciales, futuristes : isolement dans des chambres où la circulation et les soins s'accomplissent de façon à conserver une asepsie rigoureuse, traitement anti-infectieux préventif, toutes mesures destinées à préserver le malade des complications fortuites et surajoutées.

La chimiothérapie en association avec le traitement chirurgical concourt aussi à la prévention du risque de dissémination des tumeurs cancéreuses.

Il est capital pour les chances d'efficacité du traitement qu'il soit entrepris au plus tôt. En fait, le cancer ne se manifeste cliniquement qu'après une longue période de vie cachée.

Détecté tout à fait à son début, par exemple sur une simple modification de l'apparence cellulaire lors d'un examen de routine (comme il est normal d'en faire chez la femme, aux alentours de la ménopause), il est remarquablement sensible à toute action thérapeutique, et l'organisme lui-même est dans les meilleures conditions pour fournir les réponses immunologiques de défense qui concourent à sa définitive préservation.

Le rôle du tabac

La notion de l'importance fondamentale du diagnostic précoce est une de celles qui ont été le plus vigoureusement défendues et illustrées à Tōkyō. Elle implique une attention médicale avertie, mais aussi une information du public telle que la vigilance se substitue à l'insouciance ou à l'appréhension.

Dans le domaine de la prévention du cancer, une conférence particulière sur les dangers du tabac s'est tenue à Tōkyō sous la présidence du docteur Wakefield (Grande-Bretagne). Les participants ont invité les gouvernements mondiaux à accentuer les campagnes entreprises pour avertir l'opinion du rôle très important de la cigarette dans la genèse de nombreux cancers des voies respiratoires.

Le prochain congrès international contre le cancer doit se tenir à Houston (États-Unis) en 1970.

L'infection à l'hôpital

L'hospitalisme est le nom moderne — inventé par des médecins allemands — pour désigner le mal que le Moyen Âge appelait la pourriture d'hôpital. L'avènement de l'antisepsie et de l'asepsie, puis la découverte des sulfamides et des antibiotiques avaient fait baisser le taux des infections (bénignes ou graves) à 7 % du nombre des hospitalisés.

Depuis 1950, ce taux s'est mis à remonter. Il atteint 40 à 50 %. Cette évolution a provoqué la réunion à Paris, au début de décembre 1966, d'un colloque sur l'hospitalisme. La principale cause reconnue par les spécialistes est l'accroissement de la virulence des microbes et la multiplication des souches microbiennes (staphylocoques surtout) résistantes aux antibiotiques.

Le dossier médical de la contraception

En un an, le terme médical de contraception a pris le pas sur l'expression contrôle des naissances. Ainsi se révèlent les progrès que l'idée de liberté de conception a accomplis dans l'opinion.