Certains engins parmi ceux qui sont satellisés sous le nom de Cosmos suivi d'un numéro d'ordre, sont des vaisseaux spatiaux. Ils sont satellisés sur les orbites habituelles des capsules habitées et ils reviennent au sol. Parfois, le rythme de plusieurs lancements successifs et les caractéristiques des orbites témoignent du caractère conjugué des opérations.

Il est possible aussi que les Soviétiques aient travaillé à perfectionner la technique des rendez-vous spatiaux. En 1962 déjà, à deux reprises (ce qui montre qu'un programme existait), des Vostok en vol jumelé s'étaient approchés à quelques kilomètres l'un de l'autre. En 1964, deux gros satellites manœuvrables d'un type nouveau, des Polyot, changeaient d'orbite par télécommande.

Mais le mauvais sort, après avoir frappé les Américains, se tourne vers les Soviétiques. Le lourd satellite Soyouz, lancé le 23 avril avec un seul homme à bord — Komarov —, était probablement destiné à une expérience décisive de rendez-vous spatial. Elle n'eut pas lieu. Et le 24 avril, après un vol dont les péripéties n'ont pas été connues, Komarov, Icare des temps modernes, trouve la mort en s'écrasant au sol. Le parachute qui devait soutenir l'engin à sa rentrée dans les couches denses de l'atmosphère s'était mis en torche.

Les « Gemini »

Les Américains ont achevé leurs expériences de rendez-vous spatial avec les dernières capsules de la deuxième génération, les Gemini : Gemini X a été lancé le 18 juillet 1966, Gemini XI, le 12 septembre ; enfin Gemini XII, le 11 novembre.

Ce programme, qui a été rondement exécuté — les dix lancements prévus ont été effectués en 20 mois —, a, dans son ensemble, atteint les trois résultats espérés : déterminer le comportement de l'organisme en vol prolongé (jusqu'à 13 jours 18 heures 35 minutes pour l'une de ces capsules) ; mettre au point les techniques de rendez-vous spatial ; étudier les conditions de travail des astronautes hors de leur habitacle.

Mais ces expériences ont été émaillées de nombreux incidents révélant des imperfections qui n'avaient pas été corrigées en temps voulu. On retiendra aussi le fait que, après un premier échec, les spécialistes ont dû renoncer à essayer le petit siège qui, à l'aide de 16 petites fusées diversement orientées, devait permettre aux astronautes d'évoluer dans l'espace autour de la capsule. Plus inquiétant est le fait que la consommation de propergol lors des manœuvres nécessaires pour réussir le rendez-vous devient prohibitive lorsque ces manœuvres ne sont pas réglées au sol.

Sondes lunaires

S'il est essentiel de disposer d'un lanceur puissant et d'un véhicule sûr, il n'est pas moins indispensable de connaître le milieu dans lequel ce matériel doit fonctionner, de savoir où et comment l'engin doit se poser sur la Lune, de déterminer les conditions auxquelles seront soumis les astronautes au cours de leur aventure.

Aussi, un nombre croissant de sondes américaines et soviétiques sont-elles allées explorer la Lune et son environnement :
10 août 1966 : lancement du premier Lunar Orbiter. Satellisé autour de la Lune, il photographie neuf sites retenus comme éventuelles aires d'atterrissage.
14 août : lancement de Luna XI ; il est satellisé autour de la Lune.
22 octobre : lancement de Luna XII ; satellisé, il transmet des photographies de la Lune et étudie le milieu circumlunaire.
8 novembre : lancement de Lunar Orbiter II, qui photographiera treize autres sites lunaires.
21 décembre : lancement de Luna XIII. Il se pose en douceur sur la Lune, le 24, quelques heures avant le lever du soleil : la température du sol lunaire est alors de – 160 °C, ce qui permet (outre la mission photographique) de tester le matériel aux conditions extrêmes de la nuit et du jour lunaires.
6 février 1967 : lancement de Lunar Orbiter III : il transmettra les photographies des derniers sites lunaires retenus par la NASA.
17 avril 1967 : lancement de Surveyor III. Déposé en douceur sur la Lune, il est muni d'une pelle télécommandée qui éprouve la consistance du sol. Ce travail est filmé.
4 mai 1967 : lancement de Lunar Orbiter IV qui photographie la face visible et la face cachée de la Lune.

Actualités spatiales

Outre les divers engins des programmes lunaires, les relais de télécommunications et les stations météorologiques, un grand nombre de satellites de toutes sortes ont été lancés autour de la Terre, rejoignant ceux qui, parmi les anciens, poursuivent encore leur ronde. (Leur vétéran est Explorer I. Lancé par les Américains le 1er février 1958 — ce fut leur première satellisation réussie — ce petit engin de 14 kg se tut en mai de la même année, non sans avoir révélé l'existence de la première ceinture de Van Allen.)

Deux sondes en route vers Vénus

Profitant de la seule période favorable de l'année, les techniciens de l'espace ont lancé deux sondes vers la planète Vénus : le 12 juin, Vénus IV (soviétique) ; le 14 juin, Mariner V (américain). Les deux engins sont munis de laboratoires automatiques et d'écrans de protection contre la chaleur. Ils devraient arriver en octobre à proximité de Vénus, pour en explorer l'atmosphère, dont la nature demeure incertaine.

Des bancs d'essai

Parmi les engins chargés d'explorer l'espace circumterrestre, le plus imposant est un satellite soviétique, Proton, géant de plus de 12 tonnes destiné à l'étude des radiations solaires et galactiques. Sa masse considérable s'explique par le fait que d'épais blindages, jouant le rôle de filtres, entourent les instruments, afin que seules les radiations de haute énergie puissent atteindre les appareils.