Le 25 août, troisième lancement de Saturne IB : après s'être élevé à 1 130 km, cet engin a foncé sur l'atmosphère afin d'accélérer la capsule Apollo 202, dont il s'agissait de tester le bouclier thermique.

Le 1er décembre, le deuxième étage de Saturne V subissait avec succès des essais statiques. Hélas ! lors d'une nouvelle série d'essais, le 22 décembre, l'un des cinq moteurs a été détruit par le feu. Enfin, le 20 janvier, c'est un exemplaire du troisième étage qui explose sur le terrain d'essais statiques du constructeur (Douglas).

Il est ainsi apparu que les délais primitivement fixés étaient par trop optimistes et que les difficultés à vaincre avaient été nettement sous-estimées.

Quant aux Soviétiques, ils ont procédé dans le Pacifique à une série d'essais de « nouvelles fusées spatiales » (25 août, 25 octobre, 20 novembre, 14 décembre 1966, mai-juin 1967).

L'astronef proprement dit, c'est-à-dire l'engin qui s'élancera vers la Lune à partir d'une orbite circumterrestre, comprend la capsule avec les moyens de propulsion, de freinage, etc.

La capsule « Apollo »

Le premier exemplaire de la capsule américaine Apollo avait été lancé à vide, nous l'avons dit, dans le dessein principal d'éprouver le bouclier thermique. La capsule Apollo 202 a traversé des couches denses de l'atmosphère à la vitesse de 8,5 km/s (soit plus de 30 000 km/h). Porté à 2 800 °C, le bouclier résista correctement, mais des imperfections furent constatées à l'intérieur de la cabine. En particulier, le fonctionnement du système de climatisation était défectueux.

Pourtant, un plan fut établi. Une troisième capsule serait essayée à vide en décembre. Le premier lancement d'une capsule habitée aurait lieu en février 1967. D'autres suivraient en avril, juin et août.

Fin janvier, la mise au point de la capsule se poursuivait activement. Le rythme des retouches et modifications, qui était d'un millier par mois pour la première capsule et de 200 à 300 pour la seconde, ne cessait de décroître... Prudente, la NASA annonça que le premier vol habité serait limité à trois révolutions, que l'on porterait à six si tout allait bien, puis à neuf, et ainsi de suite.

Incendie tragique

Le 27 janvier, alors que l'on procédait à une répétition du lancement prévu pour le 21 février, un incendie s'est déclaré à l'intérieur de la capsule, si vivement attisé par l'atmosphère d'oxygène pur que les trois astronautes n'ont même pas eu le temps de manœuvrer le dispositif de sortie. Virgil Grissom, un vétéran qui avait été lancé d'abord sur capsule Mercury, puis sur Gemini ; Edward White, qui avait participé déjà à un vol Gemini (il était le premier Américain sorti de sa cabine dans l'espace) et un novice, Roger Chaffee, ont trouvé ainsi la mort lors d'une répétition de routine, au sol.

À la suite de cet accident, la décision est prise au début du mois de février d'annuler les vols de capsules Apollo habitées qui devaient avoir lieu en 1967. La réalisation du programme Apollo prend de ce fait un retard que Wernher von Braun évalue à six mois. Ce délai doit être employé à des aménagements réduisant le risque d'incendie dans la capsule. L'atmosphère d'oxygène pur sera conservée : son remplacement par une atmosphère composite (comme celle qu'emploient les Soviétiques) exigerait une capsule beaucoup plus lourde, donc la révision de tout le programme. Mais la pression de l'oxygène sera probablement réduite, et surtout on cherchera à n'utiliser que des matériaux absolument incombustibles.

La capsule soviétique

Du côté soviétique, il semble que les problèmes posés par la cabine ont reçu déjà une solution définitive. Dès 1948, un ouvrage intitulé Scaphandres et oxygène pour préserver la vie lors des vols à haute altitude rendait compte, dessins à l'appui, du dispositif régénérateur de l'air dont le principe sera appliqué au Vostok de Gagarine beaucoup plus tard. Dès la deuxième satellisation d'un Spoutnik, une ébauche de cabine est essayée par la chienne Laïka. Dès 1964, les Russes lançaient un Voskhod portant un équipage de trois hommes, constitué par un astronaute et deux chercheurs scientifiques qui n'ont même pas revêtu le scaphandre spatial. Et, lors de l'expérience suivante, au cours de laquelle Leonov est sorti du Voskhod II, on apprendra que cette capsule est pourvue d'un sas.