Gilbert Amy a 31 ans. Il est né à Paris, a fait ses études musicales au Conservatoire avec Darius Milhaud et Olivier Messiaen notamment, puis avec Pierre Boulez, dont il a également suivi les cours de direction d'orchestre. Dans le même temps, il poursuivait ses études. Brillant élève, il a notamment remporté un 1er prix de philosophie au Concours général.

Héritier de Boulez par le style, Amy n'en a pas moins acquis maintenant une personnalité vive, puissante et originale.

La musique à l'ORTF

La radiodiffusion française a été la seule organisation importante et officielle qui, au lendemain de la dernière guerre mondiale, ait mis réellement l'accent sur la musique moderne et favorisé la connaissance de celle-ci.

Henry Barraud, directeur musical jusqu'en 1965, a fait un effort particulier, dont on ne soulignera jamais assez la valeur et l'efficacité, en faveur de la musique contemporaine. Un nombre considérable d'ouvrages ont ainsi été portés à la connaissance du public.

Néanmoins, cette politique d'Henry Barraud laissait délibérément de côté toute la musique se rattachant au jeune et important mouvement qui s'est développé depuis les années 1950-1955 dans la tendance symbolisée par un Pierre Boulez : la musique de descendance sérielle n'a pas eu accès aux programmes durant toute cette période.

Avec la nouvelle direction musicale assurée par Michel Philippot, un élargissement sensible de cette politique s'est fait remarquer : toutes les tendances vivantes, et jusqu'aux plus avancées, ont maintenant leur place normale dans l'activité musicale radiophonique.

Au cours des derniers mois, l'activité de la radiodiffusion française dans le domaine de la musique contemporaine s'est mise au niveau des autres grandes radios européennes, sur lesquelles elle avait, à ce point de vue, un retard considérable. Cela est rendu possible grâce aux concours que Michel Philippot trouve auprès de collaborateurs tels que Maurice Le Roux (Orchestre national), Charles Brück (Orchestre philharmonique), Pierre Schaeffer et François Bayle (Centre de recherches), qui ont eux aussi une orientation très vivante à cet égard.

Une vue d'ensemble sur la place de la musique à la radio ne doit pas négliger le rôle particulier de l'émetteur France musique.

Avec les imperfections et les manques qui marquent inévitablement ses programmes, France musique, sur modulation de fréquence, demeure le seul émetteur spécialisé de toute l'Europe qui propose essentiellement, et quelque 16 heures par jour, de la musique classique.

La musique traditionnelle se taille, certes, la part du lion ; du moins les enregistrements présentés sont-ils souvent les meilleurs ou les plus récents. La faiblesse de son écoute (2 % des auditeurs) démontre que ce poste ne peut être qu'un faible instrument éducatif. Il est cependant beaucoup plus qu'un simple fond sonore. On l'ignore trop souvent : l'étranger envie cette formule.

Quant au problème de la musique à la télévision, il reste entier.

Au cours de la période récente, quatre émissions musicales régulières ont existé à la télévision tous les mardis soir, programmées aux environs de 22 h 45. Ce sont des présentations qui sont confiées à Bernard Gavoty (les Grands Interprètes), à Claude Rostand (les Grands Maîtres de la musique), à Claude Samuel (musique moderne) et à Lucienne Bernadac (divers). La tendance générale de ces manifestations est celle du concert ou de l'interview filmés, formule qui est peu télévisuelle et qui ne peut qu'engendrer redites et monotonie.

En fait, la musique ne trouvera sa vraie place à la télévision que si l'on se décide à promouvoir une politique de commandes d'œuvres spécialement conçues pour le petit écran.

Mais, pour cela, il faudrait qu'il y ait à la télévision une direction musicale ; or, il n'y a pas de directeur de la musique à la télévision. Il n'y a qu'un conseiller musical, Daniel Lesur, qui dépend du service des Variétés.

Carmen par Karajan, Parsifal par Boulez : les festivals font le point

La musique contemporaine a marqué les bornes de la saison européenne des festivals.