Autres vétérans : le Centre de l'Est (1947, directeur : Hubert Gignoux) et la Comédie de l'Ouest, à Rennes (1947, directeurs : G. Goubert et G. Parigot). Cinq autres centres ont été créés depuis quinze ans : le théâtre de l'Est parisien, de Guy Rétoré, reconnu en 1966 ; le théâtre de la Cité, animé à Villeurbanne par Planchon ; le Centre du Nord (André Reybaz), la Comédie de Bourges, de Gabriel Monnet, et le Centre du Sud-Est, à Aix-en-Provence. Ce dernier, fondé par Gaston Baty, a été repris en main cette année par Antoine Bourseiller, à qui Jean Vilar a, d'autre part, confié, ainsi qu'à Planchon, l'animation du premier festival d'Avignon sans TNP.

Ces neuf centres totalisent plusieurs centaines de milliers de spectateurs et 14 créations pour la seule saison 1966-1967. Leurs ressources proviennent de l'État pour 85 % et des collectivités locales pour le reste. En 1965, cela représentait 3 710 000 F sur le budget national, soit la moitié des subventions accordées à la seule Comédie-Française.

Aux centres des métropoles culturelles de province se sont ajoutées peu à peu des troupes permanentes, également soutenues par les pouvoirs publics. Ce sont : le théâtre de Champagne (directeur : A. Meiral), le théâtre de Caen (directeur : Joe Trehard), le Théâtre populaire des Flandres (Cyril Robichez), le théâtre de Bourgogne (J. Fornier)... Ont le même statut : les Tréteaux de France, théâtre ambulant de Jean Danet ; le Cothurne, de Maréchal, ainsi que les troupes de Guichard à Nantes, de Renaudin à Longwy, de Grenoble, de Limoges...

Enfin, depuis quelques années, sept Maisons de la culture sont en fonctionnement (Amiens, Bourges, Caen, Firminy, Le Havre, Thonon et le TEP) ; d'autres établissements du même genre sont en chantier ou à l'étude. Tous ont en commun de mettre le théâtre en tête de leurs activités et d'être confiés à des animateurs de troupes. Ces derniers semblent les mieux préparés à poursuivre la véritable révolution culturelle dont ils ont été les pionniers.

Musique

Peu de révélations, mais des réalisations dans deux domaines : le lyrique et là musique moderne
La vie musicale, abondante, mais routinière, n'a pas connu, au cours de ces douze mois, de révélations particulières. Qu'il s'agisse des récitals ou des concerts symphoniques, les organisations de France, comme celles du monde entier, continuent de vivre sur l'exploitation d'un répertoire aux vertus éprouvées. Le théâtre lyrique propose cependant quelques intéressantes réalisations. Encore convient-il de rendre à César son dû : les efforts de certaines salles de province ont plus que contribué à ce renouveau. Les festivals ne se limitent plus à la représentation exceptionnelle de chefs-d'œuvre incontestés. La musique contemporaine, d'une remarquable vitalité, y tient désormais une place accrue.
Dans le domaine de la musique contemporaine, quelques œuvres et réalisations intéressantes ont vu le jour, et une orientation favorable à la musique nouvelle ne cesse de s'accentuer en France en particulier, où a longtemps pesé un certain conservatisme des milieux officiels.
Cet éveil d'une partie appréciable des musiciens et du public n'a pas été sans provoquer une crise dans laquelle l'État a été amené à intervenir. Sur le plan des techniques nouvelles dans la création musicale, l'héritage des techniques sérielles et électro-acoustiques continue de fructifier en se libérant de son propre académisme.

Opéras et concerts : la province à offert les plus brillantes représentations

Les heures intéressantes, celles qui ont livré quelque nouveauté, sont rares en ces douze derniers mois dans le domaine du concert et de l'opéra. Ni les récitals ni les concerts symphoniques dominicaux n'exigent de longs développements, cette zone de la vie musicale étant enfermée dans des programmes conventionnels et consacrés à un nombre restreint de chefs-d'œuvre, épuisés par l'usage et par des exécutions de routine généralement insuffisantes.

Seules les organisations spécialisées dans la musique contemporaine déploient une activité réellement vivante : les concerts du Domaine musical animés jusqu'en mars par Pierre Boulez, le jeune groupement Musique vivante récemment créé par Diego Masson, et l'Ensemble instrumental de Constantin Simonovic, qui donnent chacun une demi-douzaine de manifestations annuelles, au cours desquelles des œuvres récentes sont créées ou rejouées en seconde audition.