L'échec de ces élections législatives fut celui du parti socialiste. En dépit de son radicalisme et de son refus de toute compromission, il espérait gagner plusieurs sièges. Il en a perdu un. Sa position minoritaire permanente, son anti-américanisme et ses sympathies communistes — dit-on à l'époque — avalent écarté de lui les électeurs déçus par les libéraux.

Le 15 avril, le parti socialiste prend sa revanche. Le professeur Minobé est élu gouverneur de la capitale (11 millions d'habitants), battant largement le candidat libéral démocrate. Pour la première fois depuis la guerre, Tōkyō mettait un socialiste à sa tête. Plus encore : les voix de gauche étaient plus nombreuses que lors des élections de janvier. Les scandales politiques et financiers que Tōkyō avait connus sous le règne du gouverneur précédent avaient, cette fois, décidé les électeurs à porter les socialistes au pouvoir. Tout se passait comme si les Japonais étaient prêts à faire confiance à la gauche au niveau de la politique locale, mais conservaient leur fidélité à la droite sur le plan national.

Cette attitude paradoxale reflète pour une part une certaine difficulté d'être du Japon en 1967.

Garantie politique

Depuis plus de vingt ans, l'ombre des États-Unis plane sur la vie politique du Japon. Ce furent à la fin de la guerre d'abord le proconsulat du général MacArthur ; le traité de sécurité nippo-américain, ensuite, conclu en 1951 et révisé en 1960, par lequel le Japon accorde des bases militaires aux États-Unis, moyennant quoi ceux-ci garantissent la sécurité du pays. C'est, enfin, le volume des échanges entre les deux pays (jusqu'à ces dernières années, un tiers des importations japonaises venaient des États-Unis et un tiers de ses exportations leur étaient destinées).

Ces liens américains, les gouvernements conservateurs qui se sont succédé ne les ont jamais relâchés. La majorité des Japonais les approuve et les grands trusts du pays, soutiens fidèles des démocrates-libéraux, y trouvent la garantie politique de leur développement.

Le destin du Japon est tourné vers le continent asiatique, répond la gauche. Rompons, sinon relâchons nos liens avec les États-Unis, qui brisent notre solidarité avec les peuples d'Asie et paralysent notre développement. Pour la gauche, le pacte de défense nippo-américain (dont elle avait fait son cheval de bataille en 1960, au moment de sa révision) est un prix trop fort, en regard des avantages qu'en retirent les Américains. C'est vers la Chine et l'URSS qu'elle tourne ses regards, sans pour autant accepter le communisme chinois ou soviétique.

Enfin, si elle reconnaît l'extraordinaire dynamisme de l'industrie japonaise, elle s'inquiète de la récession apparue en 1964.

Accords sino-nippons

L'opposition entre les deux thèses n'est évidemment pas aussi simple. On a parfois l'impression que la frontière passe à l'intérieur de chaque Japonais. Même pour le gouvernement de E. Sato, liens avec les États-Unis ne signifient pas asservissement à l'Amérique.

En dépit de l'absence de relations diplomatiques, des accords ont été conclus avec la Chine de Mao Tsé-toung, et le volume des échanges est aujourd'hui plus important avec elle qu'avec la Chine de Chang Kai-chek.

Une ligne aérienne Moscou-Tōkyō, exploitée conjointement par les deux pays, fonctionne depuis cette année.

Enfin, le Japon s'intéresse au développement de la Sibérie. D'autre part, la guerre du Viêt-nam pèse sur les relations nippo-américaines : la majorité des Japonais est hostile à l'intervention américaine.

Jordanie

(61) : 1 706 226. 21. 3,1 %. Consomm. énergie : 261 kg e.c.
Transports. Parc autos : *9 600 + 5 100. Aviat. civ. : 57 084 000 pass./km.
Information. Journaux (62) : 6 quotidiens ; tirage global : 20 000. Récepteurs radio (62) : 63 000. Cinéma : 50 salles ; fréquentation : 7,5 M. Postes téléphone : 25 000.
Santé (63). 379 médecins.
Éducation (63). Prim. : 253 432. Sec. et techn. : 84 899. Sup. : 1 357.
Institutions. État indépendant le 22 mars 1946. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1951. Souverain : Hussein Ibn Talal ; succède à son père en 1952. Premier ministre : Saad Joumaa.