opinion

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du latin opinio, « opinion », « conjecture », « croyance », mais aussi « renommée, réputation », d'opinari, « avoir dans l'idée que, croire que » ; trad. du grec doxa.

Philosophie Générale, Philosophie Antique

Jugement dépourvu de certitude absolue.

D'emblée, l'« opinion » (doxa) s'inscrit dans un rapport d'opposition avec la « vérité » (aletheia)(1). Parménide distingue le chemin de la vérité, qui mène à l'être, et le chemin de l'opinion, suivi par le commun des mortels, qui est celui de l'erreur. L'opinion ne se fonde pas sur une connaissance de ce qui est, mais doit être considérée comme une habitude issue du témoignage des sens, de l'usage erroné des mots, de la croyance(2). Avoir une opinion n'est pas véritablement penser, car, pour Parménide, on ne peut penser que ce qui est.

Pourtant, dans le cadre d'une doctrine qui nie toute stabilité à un substrat ontique, à une nature par-delà les phénomènes, telle, semble-t-il, celle de Protagoras, l'opposition entre vérité et opinion se trouve levée, toute sensation, toute affection, toute opinion étant nécessairement vraies pour moi(3). Ce n'est donc plus en termes de vérité ou de fausseté qu'il convient de considérer la doxa, mais en termes d'utilité pour l'individu ou pour la cité(4), la convention ayant une valeur aussi longtemps que la cité le décrète. L'« opinion vraie ou droite » (alethes doxa) dont parle Platon dans le Ménon(5) n'est finalement pas si éloignée de cette perspective protagoréenne, qui n'a pas pour but de connaître, mais d'agir : dans la pratique, l'opinion droite obtient en effet les mêmes résultats que le savoir. Platon joue, d'ailleurs, sur le double sens de la doxa en ayant recours au terme eudoxia : renommée, qui, dans le domaine politique surtout, contribue aussi au succès de l'action.

Lorsqu'ils agissent en suivant l'opinion, cependant, les hommes réussissent par hasard, un peu comme ces aveugles qui suivent correctement le chemin sans pourtant vraiment le connaître(6). De fait, pour Platon, contrairement à la science, l'opinion est instable, multiple et aléatoire. En raison, tout d'abord, de son objet : intermédiaire entre la science, dont l'objet est ce qui est, et l'ignorance, dont l'objet est ce qui n'est pas(7), l'opinion porte sur le monde sensible, changeant et multiple. Simple « représentation ou conjecture » (eikasia), la doxa a pour objets les images, qu'elles soient ombres ou reflets. « Croyance » ou « persuasion » (pistis), elle porte sur les êtres voués au changement, à la naissance et à la mort, ainsi que sur les produits fabriqués(8). L'opinion est instable, en raison également de son origine : à la différence de la science, en effet, elle ne s'acquiert pas grâce à l'enseignement, mais résulte de la persuasion(9). L'opinion, enfin, est instable, en raison de sa fugacité : si la science ne peut être ébranlée par la persuasion, l'opinion ne s'inscrit pas dans un système explicatif stable ; elle manque donc de solidité, est sujette aux revirements non justifiés et a, par conséquent, tendance, même lorsqu'elle est vraie, à s'échapper de l'âme humaine(10).

Aristote oppose, lui aussi, opinion et science, comparant celui qui n'a que des opinions à un malade(11), mais son exposé systématique des opinions des sages l'ayant précédé(12) témoigne d'une conception de l'opinion sensiblement différente de celle de Platon. L'opinion ou, de manière plus précise, les « opinions généralement admises ou admissibles » (endoxa)(13) jouent un rôle méthodologique positif dans la recherche de la vérité. Même si la démonstration est le mode de raisonnement qui seul revêt une dimension vraiment scientifique, la dialectique se donne pour point de départ l'examen des opinions admissibles, bien que contraires, sur un problème posé, en les distinguant des opinions paradoxales et, donc, illégitimes. Son rôle est essentiellement de mettre en évidence l'ensemble des difficultés qui s'attachent à une question. En cela, elle prépare la démarche scientifique(14). Les « opinions communes » (koinai doxai), connaissances immédiates non démontrables (par exemple, le principe de non-contradiction) sont, en outre, principes de la démonstration(15). Ainsi, alors que la dialectique platonicienne, présentée comme la science par excellence, disqualifie la doxa, la dialectique selon Aristote, par le rôle qu'elle lui accorde, conduit à une forme de réhabilitation de l'opinion.

Annie Hourcade

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Parménide, B 1, v. 30-31, in J.-P. Dumont, Les Présocratiques, Gallimard, La Pléiade, Paris, 1988.
  • 2 ↑ Ibid., Parménide, B 6, v. 5-12 ; B 8, v. 50-55.
  • 3 ↑ Platon, Théétète, 166d.
  • 4 ↑ Ibid., 167c.
  • 5 ↑ Platon, Ménon, 97a-99c.
  • 6 ↑ Platon, République, VI, 506c.
  • 7 ↑ Ibid., V, 477a.
  • 8 ↑ Ibid.,VII, 509d sqq.
  • 9 ↑ Platon, Timée, 51d ; Théétète, 200e-201c.
  • 10 ↑ Platon, Ménon, 97e.
  • 11 ↑ Aristote, Métaphysique, IV, 4, 1008b27 sqq.
  • 12 ↑ Ibid., Il, I, 993b12.
  • 13 ↑ Aristote, Topiques, I, 1, 100b21.
  • 14 ↑ Ibid., I, 2, 101a33 sqq.
  • 15 ↑ Aristote, Métaphysique, III, 2, 996b26 sqq.
  • Voir aussi : Hall, R. W., « Orthe doxa and eudoxia in the Meno », Philologus, no 108, 1964, pp. 66-71.
  • Lafrance, Y., La théorie platonicienne de la doxa, Les Belles Lettres, Montréal-Paris, 1981.
  • Régis, L.-M., L'opinion selon Aristote, Paris-Ottawa, 1935.

→ connaissance, dialectique, dianoia, image, intellection, science, sensation, vérité




La pire des tyrannies est-elle celle de l'opinion ?

Le concept d'opinion publique est né en France avec la Révolution ; on en trouve la première définition dans l'édition de 1798 du Dictionnaire de l'Académie et immédiatement deux idées y sont associées : celle de puissance ou de force irrésistible, et celle de publicité ou de visibilité. Elle est convoquée dans les discours contre l'absolutisme et en faveur de la mise au jour volontaire du secret. Cette utilisation politique élimine tout naturellement l'aspect négatif que revêtait l'opinion comme collection de maximes confuses et disparates, hérité de la définition classique de la doxa comme connaissance douteuse, entre ignorance et savoir, opposée chez Platon notamment à l'épistémê.

Selon les analyses de M. Ozouf(1), l'opinion publique est alors, dans l'imaginaire collectif, un substitut de l'autorité. Elle revêt toutes les caractéristiques d'un tribunal : indépendance (contre les autorités traditionnelles), capacité à juger de tout, et puissance symbolique qu'elle tire du parallèle entre le peuple des républiques antiques, réellement assemblé sur l'agora autour d'une parole, et le public moderne idéalement rassemblé autour de l'écrit (la presse, les libelles, l'Encyclopédie, etc.). Ce contre-pouvoir offre l'avantage d'être impersonnel et anonyme ; en entendant la voix de tous, on ne distingue la voix de personne. Ainsi chacun croit entendre sa propre voix et les jugements rendus par l'opinion se passent de médiations dont l'influence, difficile à cerner, est d'autant plus pernicieuse. D'autre part, le verdict de l'opinion est publié, donc rendu visible ; or, dans l'esprit des Lumières, montrer est presque synonyme d'éduquer, selon une double démarche. D'une part, il y a une vraie possibilité de moralisation par l'exemple ; d'autre part, si les citoyens sont incessamment sous les yeux du public, ils ne pourront se permettre de se livrer au vice. L'opinion sert de surveillance et de contrôle en l'absence de souverain. Elle a ainsi une double fonction pour préparer les hommes et les institutions à la république : d'une part, elle guérit l'État rongé par l'opacité et la clandestinité ; d'autre part, elle arrache les individus à leurs intérêts particuliers et personnels et les convertit à l'amour public.

Mais comment appréhender l'opinion publique ? Elle existe seulement parce qu'il existe des individus capables d'avoir une opinion. La Révolution a donné à entendre des voix particulières, indépendantes et égales entre elles ; comment de là l'opinion publique s'est-elle formée une et indivisible, image même de la raison universelle ? Les individus rencontrent-ils l'opinion publique pour être éclairés ou éclairent-ils l'opinion publique ? C'est dans le cercle entre l'opinion publique et l'opinion individuelle que surgissent les difficultés. Tout d'abord, les hommes sont soumis aux passions et aux intérêts, ce ne sont pas des dieux : même si l'opinion publique est le vecteur de l'évidence rationnelle, un individu peut être aveugle ou fou et refuser ce qu'il considère comme le joug du collectif. C'est Rousseau(2) qui met en garde contre les risques qu'elle présente : elle est manipulable ; sa nature est d'éclater en représentations diverses ; elle usurpe la volonté générale en diluant le lien politique. Mais Rousseau rêve d'une communauté politique comme d'une unité parfaite, qui réalise l'absorption des individus en une personne collective et morale, une République, dotée d'une volonté propre, la volonté générale, qui ne se confond pas avec la volonté de tous comme addition des volontés particulières. Les divergences des opinions individuelles doivent s'annuler dans une réflexion collective sur le bien commun. Et comme les hommes peuvent être aveugles et tentés de préférer leur intérêt particulier immédiat, il est nécessaire que la communauté les contraigne à l'obéissance, les force à être libres. La Révolution française suivra ce choix rousseauiste de l'uniformité sur la liberté, de l'obéissance (à la seule raison, manifeste dans la voix de la majorité) sur l'indépendance (d'esprit). Or ce choix semble sonner le glas des libertés et droits individuels. C'est sur fond de réinterprétation de la Révolution française et de la Terreur, de dénonciation de l'illusion rousseauiste, que se poursuit la réflexion chez les penseurs libéraux. L'opinion publique est désormais sortie de son rôle initial, polémique, de critique du pouvoir établi, pour adopter le rôle nouveau de législateur, grâce à la diffusion et la généralisation du principe de publicité. Mais dès lors, l'enjeu du problème, tel que B. Constant l'évoque le premier, est de réévaluer le sens et la portée de l'affirmation axiomatique de la réflexion politique moderne, selon laquelle le pouvoir du peuple ne peut admettre de limites.

« Ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n'est pas l'extrême liberté qui y règne, c'est le peu de garantie qu'on y trouve contre la tyrannie »(3) écrit Tocqueville en 1840. Ce qu'il admire en Amérique, c'est que la démocratie y semble concilier l'égalité des conditions (cause et effet à la fois de la démocratie, synonyme de « souveraineté du peuple ») et la liberté des individus, à laquelle il est passionnément attaché. Or en démocratie, il n'est pas de liberté politique possible sans participation de tous à la souveraineté, ni sans égalité juridique, égalité de tous devant la loi. Mais l'octroi généralisé des droits politiques peut engendrer une situation aliénante, qu'il nomme la « tyrannie de la majorité » dans De la démocratie en Amérique, dont l'Ancien Régime et la Révolution parle en termes de « despotisme démocratique » et que J. S. Mill désigne en 1861 par l'expression « joug de l'opinion »(4). Pour eux, c'est le danger majeur du système démocratique moderne : le corps collectif est amené à tyranniser l'individu. Il faut distinguer dans la démocratie, c'est-à-dire dans le gouvernement du peuple par le peuple, entre les finalités supposées du régime et la réalité de son fonctionnement. D'une part, le peuple qui exerce le pouvoir n'est pas le même que celui sur lequel il s'exerce ; d'autre part, la volonté du peuple revient en pratique à la volonté de la majorité, soit à cette partie du peuple qui a su s'imposer comme majorité (par la force ou par la puissance). L'égalité politique et juridique conduit à homogénéiser le corps politique, réduisant les individus ou les minorités au silence. « Lorsqu'un homme ou un parti souffre d'une injustice aux États-Unis, à qui voulez-vous qu'il s'adresse ? À l'opinion publique ? C'est elle qui forme la majorité [...] »(5). C'est cette oppression du peuple par le peuple qui est tyrannie.

Il faut s'arrêter un instant sur la définition classique de la tyrannie. On distingue traditionnellement entre la tyrannie d'origine ou d'usurpation, où le tyran s'empare illégitimement du pouvoir par la force (c'est ie geste symbolique de Jules César franchissant le Rubicon en armes), et la tyrannie d'exercice où le tyran fait un usage illégitime de son pouvoir. C'est évidemment la seconde qui est en cause ici. D'autre part, dès Aristote(6), deux critères sont nécessaires et suffisants pour désigner le régime tyrannique : c'est le gouvernement d'un seul, exerçant le pouvoir dans son propre intérêt. Très vite, le gouvernement d'un seul homme, même exercé au profit de tous, a éveillé la méfiance. Puis on a assimilé le règne de la subjectivité, de l'arbitraire, du caprice d'un seul, à un pouvoir qui s'exercerait envers et contre l'intérêt du peuple. Dans un renversement en apparence paradoxal, c'est ensuite dans l'omnipotence du peuple que la modernité a décelé le germe de la tyrannie, tyrannie d'autant plus dangereuse qu'elle s'appuie sur les lois. « Il faut bien distinguer l'arbitraire de la tyrannie. La tyrannie peut s'exercer au moyen de la loi même, et alors elle n'est point arbitraire ; l'arbitraire peut s'exercer dans l'intérêt des gouvernés, et alors il n'est pas tyrannique »(7). C'est en ce sens aussi que la tyrannie se distingue du despotisme : « le Tyran est celui qui s'ingère contre les lois à gouverner selon les lois ; le Despote est celui qui se met au-dessus des lois mêmes »(8). Le tyran, fût-il le peuple, ne peut se passer des lois. Il sait que le seul droit possible est le droit positif, qu'il n'y a d'autre auteur de la loi que l'homme, mais le secret de son maintien au pouvoir réside dans la croyance de ses sujets en la justice. Le tyran, pour être légitimé, intègre ou réintègre la légalité. La tyrannie de l'opinion est terrible, car il n'y a aucun doute sur sa légalité : elle est l'organe du peuple. C'est par des moyens légaux, ouverts, transparents, qu'elle propage une violence cachée. Le vote des lois par la majorité lui permet, en toute impunité, de tyranniser les minorités. C'est la domination par le droit qui s'exerce sur les masses. Comment s'explique cette situation en apparence sans issue ?

C'est que, contrairement à l'espoir des Lumières, le règne de la majorité ne signifie pas nécessairement le règne de la raison. Il peut être abusif de faire de la règle votée par la majorité la loi de la collectivité. « Le règne de l'opinion publique apparaît comme la domination des masses et des médiocres » écrit Habermas(9). Elle contraint au conformisme, et annule toute prétention à la raison, puisqu'il existe une irréductibilité rationnelle des intérêts particuliers en jeu : toutes les opinions particulières ont une part de pertinence. « Il manque à l'adéquation de l'opinion publique avec la raison une garantie objective : il faudrait pouvoir être certain qu'une convergence des différents intérêts soit réalisable au sein de la société, et, avant tout, il faudrait pouvoir démontrer rationnellement qu'il existe effectivement un intérêt général »(10). Le peuple n'est pas le garant de la raison ; pis encore, devant l'hétérogénéité des désirs que le suffrage universel et l'égalité des droits dévoile, il n'est pas sûr qu'il soit rationnel de chercher, par cette voie du moins, un intérêt commun. Cette question est liée au double problème de la représentation : d'une part, les représentants ne peuvent représenter que l'opinion publique, et celle-ci est une et indivisible, ce qui entraîne la disparition de la représentation des minorités et des particularismes. D'autre part, comment choisir les représentants du peuple, si le peuple n'est pas raisonnable ni rationnel : dans le peuple, avec les risques que cela comporte, ou au-dessus du peuple – mais alors, c'en est fait de la démocratie ?

Pour Tocqueville, la solution se situe à deux niveaux. D'une part, dans le fonctionnement effectif de la démocratie américaine prise comme modèle, c'est-à-dire dans le fédéralisme, qui permet d'éviter la centralisation administrative. Le despotisme de la majorité ne s'étend pas à toutes les sphères de la société, ni quant aux objets sur lesquels elle statue (certains domaines relevant exclusivement des pouvoirs locaux), ni dans la manière d'appliquer les décisions. Le second aspect touche à l'esprit même de la démocratie américaine. Elle promeut l'éducation du peuple par des hommes éclairés, représentants d'une sorte d'aristocratie de la raison et des Lumières, les juges, chargés de former le jugement du peuple, en l'espèce, des jurés. Un (nécessairement) petit nombre de tels hommes supérieurs doit faire prendre conscience aux citoyens des exigences de la justice. Cette violation partielle du principe démocratique, cette limite apparente de la souveraineté populaire, constitue en réalité le garde-fou de la démocratie. C'est ce qu'il nomme « l'esprit légiste ». « Ainsi le jury, qui est le moyen le plus énergique de faire régner le peuple, est aussi le moyen le plus efficace de lui apprendre à régner. »(11)

C'est donc en réhabilitant la conception défendue par Montesquieu d'un équilibre des pouvoirs assis sur des pouvoirs intermédiaires, accompagné d'un pluralisme différencié et hiérarchisé, fondé sur le principe de la délibération politique et de la délégation de pouvoir en faveur des citoyens les plus éclairés, que l'on peut éviter l'écueil de la tyrannie de l'opinion sans en perdre les atouts : fonction critique, transparence, publicité sont désormais indissociables de la démocratie.

Magali Bessone

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Ozouf, M., l'Homme régénéré – Essai sur la Révolution française, Gallimard, Paris, 1989.
  • 2 ↑ Rousseau, J.-J., Du contrat social, III, 10, Garnier-Flammarion, Paris, 1966.
  • 3 ↑ Tocqueville, A., De la démocratie en Amérique, t. I, Gallimard, Paris, 1961 et 1986, p. 378.
  • 4 ↑ Mill, J. S., De la liberté, Introduction, Gallimard, Paris, 1990, p. 72.
  • 5 ↑ Tocqueville, A., op. cit.
  • 6 ↑ Aristote, les Politiques, III, 6, Garnier-Flammarion, Paris, 1993.
  • 7 ↑ Tocqueville, A., op. cit., p. 379.
  • 8 ↑ Rousseau, J.-J., op. cit., p. 138.
  • 9 ↑ Habermas, J., l'Espace public, IV, 15, Payot, Paris, 1992, p. 141.
  • 10 ↑ Habermas, ibid., p. 143.
  • 11 ↑ Tocqueville, A., op. cit., p. 410.