magie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec mageia. En allemand : Magie, Zauberei.

Psychanalyse

Ensemble de techniques par lesquelles l'homme cherche à s'assurer la maîtrise du monde, et système intellectuel. La pensée magique est une pensée de l'aséparation, qui relève de la logique du processus primaire et d'une dynamique narcissique.

La magie vise, par des pratiques qui entretiennent avec l'effet escompté une relation de similitude ou de contiguïté, une action à distance. Niant toute séparation, la pensée magique suppose que les relations créées entre les représentations valent aussi pour les choses : elle surestime l'efficacité des processus psychiques et des souhaits. « L'homme [...] a une confiance démesurée dans la puissance de ses désirs »(1) et prend ceux-ci pour la réalité. La pensée magique est donc la survivance, ou la réactualisation, d'une activité psychique primitive : la satisfaction hallucinatoire des souhaits. Elle ressortit à la logique du processus primaire : intention et réalisation se confondent, déplacement et condensation (contiguïté / similitude) régissent les processus de pensée. Le déni des séparations restaure une continuité entre soi et le monde et vise à retrouver les modes de relation premiers à la mère. La croyance magique en la toute-puissance des pensées est donc un « narcissisme intellectuel »(2) qui permet de « concevoir le monde [...] comme un vaste ensemble (Zusammenhang) »(3).

La pensée magique entre enfin en jeu dans toute névrose – singulièrement, la névrose de contrainte (rites propitiatoires et de conjuration).

« Dans la phase animiste, c'est à lui-même que l'homme attribue la toute-puissance ; dans la phase religieuse, il l'a cédée aux dieux, sans toutefois y renoncer sérieusement [...]. Dans la confiance en la puissance de l'esprit humain [dans la conception scientifique du monde, où l'homme s'est soumis aux nécessités naturelles], on trouve encore les traces de l'ancienne croyance à la toute-puissance »(4). La science n'est-elle pas une magie qui réussit ? Infatuation narcissique et présomption de toute-puissance demeurent au principe de la conquête scientifique ou magique du monde, par laquelle l'homme rêve d'être, non plus « comme », mais effectivement, « maître et possesseur de la nature ».

Christian Michel

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Totem und Tabu (1912), G.W IX, Totem et tabou, Payot, Paris, 2001, p. 99.
  • 2 ↑ Ibid., p. 105.
  • 3 ↑ Ibid., p. 92.
  • 4 ↑ Ibid., p. 104.

→ condensation, déplacement, inconscient, phallus, processus primaire et secondaire, réalité, souhait