phallus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Du grec phallos, « gonflement », « pénis en érection ». En allemand : Phallus.

Psychanalyse

Du linga de Shiva – pivot cosmique dont on n'aperçoit ni la base, ni le sommet – aux mégalithes dressés vers le ciel, en passant par les dieux ithyphalliques (Hermès, Dionysos, Priape, Osiris), symbole de fécondité, d'abondance, de jouissance et de toute-puissance(1).

Freud met tardivement en évidence l'existence d'une organisation infantile de la libido, non plus prégénitale (phases orale et sadique-anale), mais génitale, sous le « primat du phallus »(2). La phase phallique ne connaît qu'un sexe, le phallus, ou son absence, et fonde un mode conceptuel de connaissance du monde, celui de la logique binaire. L'enfant petit ne connaît en effet qu'un sexe, le sien. Sidéré par la différence anatomique des sexes – par le sexe de la mère, où manque le pénis – l'enfant invente que la différence se réduit à une alternative : phallique ou châtré. Mais le phallus, qui vaut comme signe de la toute-puissance de la mère, ne saurait se réduire à l'organe génital mâle pris dans sa réalité anatomique. L'érection verticale et stable dénie la soumission des humains au temps et affirme le souhait de la complétude.

La phase phallique implique crainte de castration et envie du pénis (Penisneid), qui signent une position dissymétrique du garçon et de la fille à l'endroit de la différence des sexes et du complexe d'Œdipe. La phase phallique marque la sortie du complexe d'Œdipe pour l'un, son entrée dans l'Œdipe pour l'autre : le garçon abandonne la mère pour ne pas perdre ce à quoi il tient le plus, la fille s'en détourne, puisqu'elle l'a lésée, et se reporte sur le père(3).

Selon Lacan, l'enfant, ne pouvant être le phallus pour la mère – l'unique objet de son désir – tente alors de l'avoir, avant de déchanter et de se soumettre à la loi humaine, et de reconnaître qu'exister, c'est manquer – et donc pouvoir désirer.

Le thème du phallus montre que la chair du concept est sexuelle : les transitions de l'anatomie au symbolisme – mais aussi à l'esthétique – ont lieu selon une relative continuité.

Christian Michel

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Roheim, G., The Eternal Ones of the Dream (1945), Héros phalliques et symboles maternels dans la mythologie australienne, Gallimard, Paris, 1970.
  • 2 ↑ Freud, S., Die infantile Genitalorganisation (1923), G.W. XIII, l'Organisation génitale infantile, OCF.P XVI, PUF, Paris, p. 306.
  • 3 ↑ Freud, S., Der Untergang es Ödipuskomplexes (1923), G.W. XIII, la Disparition du complexe d'Œdipe, OCF.P XVII, PUF, Paris, pp. 25-33.

→ déni, différence des sexes, enfantin et infantile, fétichisme, narcissisme, névrose, psychose et perversion