Transylvanie

en roumain Transilvania ou parfois Ardeal, en hongrois Erdély, en allemand Siebenbürgen

Région historique et géographique de la Roumanie. Villes principales : Braşov et Cluj-Napoca.

GÉOGRAPHIE

La Transylvanie, entourée par les Carpates, est une région de plateaux, de collines et de vallées, peuplée de Roumains, de Hongrois et d'Allemands. C'est une vieille région agricole (céréales, vigne, élevage) avec plusieurs centres industriels (Braşov, Hunedoara, Sibiu).

HISTOIRE

1. Cœur du royaume des Daces

Cœur du royaume des Daces et de la province de Dacie, la région est évacuée par les Romains entre 271 et 275.

2. La suzeraineté hongroise

2.1. Des hypothèses contradictoires

L'origine de la population de Transylvanie a donné lieu à des hypothèses contradictoires. Pour les historiens roumains, les populations romanisées sont demeurées sur place, assimilant les éléments ethniques laissés par les envahisseurs successifs (→ Goths, Vandales, Avars, Bulgares, etc.), jusqu'à l'arrivée des Hongrois.

Pour les historiens magyars au contraire, le départ des éléments romains ou romanisés a été total, de sorte que la contrée est restée longtemps un désert que les envahisseurs ne faisaient que traverser. Les Roumains, venant du sud, ne seraient apparus en Transylvanie qu'au xiiie siècle, tandis qu'une des sept tribus magyares, celle des Gyula, avait occupé le pays depuis le xe siècle.

Ce qui est attesté par les documents, c'est la mainmise d'Étienne Ier, roi de Hongrie, qui a dépouillé son oncle Gyula, sur les terres royales de Transylvanie (« le pays au-delà de la forêt ») en 1003. Il en forme un comitat dont le titulaire reçoit le titre de voïévode ; au xiiie siècle, les comitats passent au nombre de sept.

2.2. Trois « nations » : nobles magyars, Sicules, Saxons

La région est l'objet d'une colonisation dont les méthodes se préciseront après la désastreuse invasion mongole (1241). Chaque territoire est attribué à un groupe privilégié : nobles magyars, dont les paysans défrichent le centre du bassin, Sicules, chargés de monter la garde vers les sources de l'Oltu, Saxons, installés dans la région d'Hermannstadt (auj. Sibiu) par Géza II, au xiie siècle, et dont l'autonomie est reconnue par le Privilegium Andreanum (1224).

Au début du xiiie siècle, les rois de Hongrie commencent à attirer des Roumains. D'après les historiens hongrois, chaque épidémie ou invasion provoque la diminution du nombre des Magyars du bassin central, tandis que les Roumains, retranchés dans leurs montagnes résistent mieux et se multiplient. La grande propriété, qui se constitue au xiie siècle, au détriment du domaine royal, provoque de nombreuses révoltes des serfs roumains ou magyars aux xve et xvie siècles, et les Saxons passent sous la domination d'une haute bourgeoisie qui prospère grâce à l'essor du commerce en direction des pays roumains.

2.3. Les voïévodes

L'affaiblissement du pouvoir royal (xiiie-xve siècles) laisse la Transylvanie aux mains du voïévode. Le plus célèbre d'entre eux, Jean Hunyadi (1439-1456), constitue le rempart de la chrétienté contre les Turcs, et son fils, Mathias Ier Corvin, devenu roi de Hongrie, confirme le Privilegium Andreanum.

Lorsque Louis II est écrasé à Mohács par les Ottomans (1526), le voïévode Jean Zápolya se fait élire roi de Hongrie, concurremment à Ferdinand de Habsbourg, et se déclare vassal du Sultan, dont l'intervention aboutira au partage du royaume.

3. La Transylvanie vassale de l'Empire ottoman

Les régions contrôlées par Jean Zápolya (1526-1540) et par son fils Jean Sigismond (1540-1571) constituent par la suite la principauté élective dite « de Transylvanie », mais beaucoup de Transylvains espèrent la réunification du pays au profit des Habsbourg.

La diète, en 1571, reconnaît ou tolère cinq religions (catholicisme, calvinisme, luthéranisme, unitarisme des Sicules, et orthodoxie des Roumains), mais le calvinisme prédomine.

3.1. Brève unification sous Michel le Brave

Les agents de la Contre-Réforme, qui apparaissent comme des émissaires des Habsbourg, provoquent des troubles, dont profite le prince de Valachie Michel le Brave (1593-1601) pour unifier temporairement les trois pays roumains.

À sa mort, son allié, l'empereur Rodolphe II, s'empare de la Transylvanie, mais doit lui restituer son autonomie politique et religieuse sous l'autorité d'Étienne Bocskai (paix de Vienne, 1606).

Adversaires des Habsbourg, certains princes jouent un rôle européen important : Étienne Ier Báthory (1571-1576), Gabriel (Gabor) Bethlen (1613-1629), Georges Ier Rákóczi (1630-1648) et Georges II Rákóczi (1648-1660), qui réussit à annexer la Moldavie et la Valachie, mais son échec en Pologne permet à la Porte d'imposer le Sicule Michel Ier Apafi (1661-1690).

4. L'irrédentisme roumain sous la domination des Habsbourg d'Autriche (1690-1867)

L'empereur Léopold Ier ne reconnaît pas l'élection de son fils et met fin à l'indépendance de la principauté par le Diploma Leopoldinum (1691).

Les Habsbourg écrasent la rébellion de François II Rákóczi (1703-1711) et se proclament princes de Transylvanie ; ils favorisent le catholicisme, rendent la moitié du Partium à la Hongrie (1732) et créent des « Confins militaires » dans les districts valaques (1764-1851).

L'élément roumain, qui jouit depuis le xvie siècle d'une large autonomie religieuse, trouve un chef en la personne de l'évêque uniate I. I. Micu (1730). Les réformes de Joseph II sont suivies de la grande révolte des paysans roumains dirigée par Horia (1784-1785). Longtemps brimée par Metternich, la diète de Transylvanie, où domine l'élément magyar, réussit à obtenir le rattachement du pays à la Hongrie (diète de Cluj, 1848), mais les Roumains, qui prennent conscience de leur force numérique, se constituent en « quatrième nation » (15 mai 1848) et soutiennent la dynastie dans sa guerre contre Kossuth (juin-août 1849).

La victoire autrichienne ne profite à aucun élément du pays, qui est rattaché directement à la Couronne (Constitution de 1851), obtient l'abolition du servage, mais retrouve son antique Constitution par le diplôme du 20 octobre 1860. Le compromis de 1867 rattache une nouvelle fois la province au royaume de Hongrie, mettant fin à l'autonomie des Saxons et des Sicules, tandis que, mécontentés par la politique de magyarisation, l'élément roumain regarde de plus en plus vers Bucarest.

5. Le rattachement à la Roumanie

Profitant de l'effondrement de la double monarchie, les Transylvains d'origine roumaine votent leur réunion au royaume de Roumanie (assemblée d'Alba Iulia, 1er décembre 1918). Cette décision est confirmée par le traité de Trianon (4 juin 1920), mais l'arbitrage de Vienne du 30 août 1940, sous l'égide de Hitler, restitue à la Hongrie la partie nord de la Transylvanie ; elle sera rendue à la Roumanie à la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945), avant le traité de Paris (1947).

La minorité hongroise de Roumanie, forte de plus de 1,5 million de personnes, est d'abord dotée d'un statut qui respecte ses droits culturels. Mais, la « région autonome hongroise », créée en 1952, est supprimée en 1968. Puis, à partir de 1971, sous l'égide de Ceauşescu, la politique d'assimilation de la minorité hongroise devient plus offensive. Les discriminations à son encontre s'aggravent à partir de 1987-1988 et les réfugiés originaires de Transylvanie affluent en Hongrie.

Pour en savoir plus, voir l'article Roumanie : histoire.