Le chômage prend des proportions inquiétantes, affectant 9,8 % de la population active en juillet et en août, 10,1 % en septembre, 10,4 % en octobre, 10,7 % en novembre, 10,8 % en décembre, soit 12,1 millions d'Américains. Ce taux de sous-emploi est le plus élevé depuis 1940.

Le PNB ne croît que de 1,5 % au troisième trimestre (au lieu de 2,5 % au deuxième), et, à la baisse de la production industrielle, dont l'indice se retrouve en septembre 1982 à son plus bas niveau depuis six ans, s'ajoute une forte augmentation du déficit de la balance commerciale (5,3 milliards de dollars en octobre, 4,09 en novembre).

Dès la fin de novembre, le secrétaire au commerce, Malcolm Baldrige, estime que le solde négatif des échanges sera, pour 1982, le plus important qu'aient connu les USA.

Décidé par la Réserve fédérale, l'abaissement progressif du taux de l'escompte, qui passe de 12 % en juillet 1982 à 8,5 % en décembre, s'accompagne d'un repli général des taux d'intérêt. Mais le dollar, quoique soumis à d'amples fluctuations, demeure très demandé, et cette fermeté constitue un frein aux exportations.

Alliés

L'affaire du gazoduc sibérien, le problème des subventions gouvernementales qui altèrent le libre jeu des concurrences et le différend sur les importations d'acier européen nuisent aux bonnes relations entre les États-Unis et leurs alliés. Sur le dernier de ces sujets, Washington, après avoir menacé d'instaurer des droits compensateurs, parvient à s'entendre, le 6 août 1982, avec la commission européenne, qui avait reçu un mandat exécutif des Dix afin de négocier une solution d'ensemble.

Il est finalement décidé que les importations d'acier de la CEE seront limitées à 5,75 % du marché américain, au lieu de 6,9 % en 1981. Les sidérurgistes américains jugent cette réduction insuffisante, puis un accord est conclu le 21 octobre.

À propos du gazoduc, le conflit éclate le 22 juillet 1982, lorsque Paris annonce que les contrats conclus par des sociétés françaises seront honorés malgré l'embargo sur les exportations vers l'URSS, imposé le 18 juin par Washington aux entreprises travaillant sous licence américaine. Londres, Bonn et Rome adoptent, peu après, la même position que Paris.

La querelle rebondit plus particulièrement avec Paris, lorsque, le 26 août, Washington décide d'interdire l'exportation de tous produits, services et technologies à Creusot-Loire et Dresser-France, après la livraison par cette dernière société de trois compresseurs à l'Union soviétique.

Le président Reagan annonce, le 13 novembre, la levée de l'embargo américain sur la fourniture des matériels destinés au gazoduc et assure qu'il a obtenu un accord des Européens sur la politique à suivre à l'égard de Moscou en matière de crédits et de technologie. L'existence d'un tel accord est contestée par la France, et une polémique oppose durant plusieurs jours Paris et Washington.

Toutefois, la visite à Paris du secrétaire d'État George Shultz, le 14 décembre 1982, contribue à détendre sensiblement les relations entre les deux pays.

Soucieux de maintenir la cohésion communautaire, les Dix resserrent les rangs face aux États-Unis lors de la session ministérielle du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) qui se tient à Genève du 24 au 29 novembre. La CEE et les Américains s'affrontent notamment sur les questions agricoles, Washington reprochant aux Dix de subventionner leurs productions sur les marchés extérieurs. L'accord conclu le 29 masque mal les divergences qui subsistent entre les deux parties.

Est

Les passes d'armes verbales auxquelles se livrent les États-Unis et l'Union soviétique n'empêchent pas les deux pays de faire taire leurs divergences dès que leurs intérêts économiques immédiats l'exigent. Ainsi, Washington décide, le 30 juillet 1982, d'engager des négociations avec Moscou en vue de la reconduction pour un an de l'accord céréalier de 1975, qui avait été suspendu en janvier 1980, après l'intervention militaire soviétique en Afghanistan, puis prorogé une première fois pour un an en septembre 1981.