À en juger par les sondages, l'opinion publique accorde un soutien plus important à ce gouvernement qu'à aucun autre depuis l'existence d'études d'opinion. Comment comprendre un tel succès ? Il y a, certes, l'image que projette le nouveau Premier ministre, qui, visiblement, séduit les Britanniques. Mais il y a aussi les réalisations qui, dans l'ensemble, reflètent les promesses de la campagne électorale et qui sont en phase avec les attentes du public. Cependant, la qualité des services publics et, plus particulièrement, la gestion du service de la santé feraient ici exception.

« Cool Britannia »

Le fondement de l'image et de l'idéologie du nouveau travaillisme est toujours en gestation. Le concept de « Cool Britannia », si cher aux gourous de la communication du nouveau pouvoir, relèverait davantage d'une opération de marketing que d'une réalité sociologique, et la nouvelle pensée politique correspondrait davantage à l'application à la Grande-Bretagne d'une forme de radicalisme progressiste, d'inspiration, en partie, américaine, que d'une nouvelle doctrine travailliste. En même temps on ne peut qu'être impressionné par le bilan d'un an au pouvoir ainsi que par la façon dont Tony Blair a su réagir lors de la mort de Diana et secourir la famille royale à cette occasion. En adoptant une législation qui accorde une Assemblée au pays de Galles et un Parlement à l'Écosse, le gouvernement cherche à rapprocher les citoyens et le pouvoir, mais, en même temps, il bouleverse un ordre constitutionnel vieux de trois cents ans. Quant à l'Irlande du Nord, il a su, en travaillant main dans la main avec Dublin, mener à bien des négociations commencées sous les conservateurs, et aboutir à un accord entériné par une très large majorité en Irlande le 25 juin 1998.

En revanche, le gouvernement, respectueux de l'orthodoxie de son prédécesseur, introduit peu de changement en matière fiscale et monétaire, à l'exception de l'autonomie accordée à la Banque d'Angleterre. Sans modifier profondément la politique sociale de son prédécesseur, il a néanmoins apporté des améliorations aux conditions des pauvres et des handicapés et donné une priorité à la formation des jeunes et des chômeurs afin de développer leurs possibilités d'insertion. Pour la durée du travail, les congés et le salaire minimum, il poursuit une stratégie de convergence avec les autres pays de l'Union européenne. Ira-t-il jusqu'à l'adoption de la monnaie unique ? Après un an au pouvoir, on peut seulement répondre que, tout en restant ambigu, le discours des travaillistes est nettement moins hostile que celui des conservateurs.

P. B.

Le New Labour

Au nom d'un travaillisme renouvelé, Tony Blair a réformé le parti, non seulement dans ses structures, mais aussi dans son programme. Cette volonté d'innover, le charisme et le dynamisme du candidat travailliste au poste de Premier ministre, auxquels il faut ajouter une forte volonté de la part des Britanniques de se débarrasser des conservateurs, expliquent l'ampleur du succès électoral des travaillistes.

La Belgique dans le doute

La perte de confiance des Belges en la justice et la police de leur pays, illustrée par le dernier avatar de l'affaire Dutroux, et la « fuite » de souveraineté économique ont contribué à forger l'image d'une année morose.

Avec la rocambolesque évasion de Marc Dutroux, le 23 avril, les Belges en sont venus à douter de tout. Que le criminel le plus « célèbre » du pays, l'ennemi public no 1, ait pu tromper, ne fût-ce que quelques heures, la vigilance des forces de l'ordre aura paru d'autant plus stupéfiant que le rapport de la commission d'enquête parlementaire venait de conclure sur les carences de l'administration, police et justice. Et ni la démission du ministre de l'Intérieur, Johan Van de Lanotte, ni celle du ministre de la Justice, Stefaan de Clerck, n'ont totalement évacué les soupçons sur le rôle exact de la puissance publique dans cette affaire.

Des voix se sont d'ailleurs élevées pour réclamer le départ de l'ensemble du gouvernement de Jean-Luc Dehaene. Désabusés par l'incompétence ou l'inconscience de la classe politique, les Belges ont eu sans nul doute l'impression de voguer sur un bateau sans pilote après l'affaire de Vilvorde.

Le syndrome de Vilvorde

Depuis que Renault a fermé son usine de Vilvorde et licencié les 3 200 ouvriers qui y travaillaient, la Belgique n'est plus tout à fait la même. Car s'il y a peu encore elle accueillait sans arrière-pensées ni méfiance aucune les investissements étrangers, l'affaire Vilvorde a conduit à s'interroger sur la vulnérabilité d'une économie dont nombre de fleurons sont tombés, en l'espace d'une vingtaine d'années, dans les mains de groupes étrangers. Ces derniers représentent 16 % des entreprises implantées en Belgique et réalisent 54 % du chiffre d'affaires total. Selon une étude du Bureau fédéral du plan à Bruxelles, 460 000 personnes sont employées par des sociétés contrôlées par des capitaux non belges, soit près de 10 % des 4,7 millions de salariés que compte le pays. La proportion est encore plus élevée dans l'industrie manufacturière, où 46 % des emplois sont le fait d'entreprises étrangères.