Or, la tâche du pouvoir est d'autant plus difficile que les prévisions de croissance pour 1998 ont été revues à la baisse de 3 à 1 %, dans un pays où environ 30 % de la population active est au chômage. Une situation qui augure mal de l'avenir de la réconciliation nationale.

La persistance de fortes inégalités entre les communautés ne contribue pas à effacer les profondes divisions raciales qui traversent la société sud-africaine. Le malaise entourant les travaux de la commission Vérité et Réconciliation (TRC) en est une illustration : chargée de faire la lumière sur le douloureux passé du pays, entre avril 1996 et juillet 1998, celle-ci a entendu des centaines de témoins, victimes et bourreaux, qui ont raconté les moyens sanglants employés pour défendre la suprématie blanche et les actes terroristes de la résistance anti-apartheid. Au fil des séances, la TRC a rempli sa mission première : établir avant tout la vérité historique loin des omissions et des mensonges officiels. Mais, pour beaucoup de Sud-Africains, les révélations traumatiques, en évoquant les atrocités commises dans le passé, ont contribué à empirer les relations entre les communautés. Un climat que n'améliore pas l'insécurité qui règne en Afrique du Sud.

C. C.

Un dauphin bien différent

Thabo Mbeki, successeur désigné du président sud-africain, a passé la plupart des années d'apartheid en exil. Après des études à l'université du Sussex (Angleterre), il est devenu la principale tête de pont du Congrès national africain à l'étranger. Son profil de diplomate a valu à ce quinquagénaire aux façons très britanniques les faveurs des milieux d'affaires blancs, mais l'a exposé aux critiques de l'aile gauche de la coalition au pouvoir, d'autant plus hostile aux options libérales du gouvernement qu'elles n'ont pas amené la croissance attendue. Or, le futur président sud-africain n'a ni le charisme ni la stature exceptionnelle d'un Mandela. La question est donc de savoir s'il aura l'autorité nécessaire pour mener à bien une indispensable réconciliation nationale.

Moyen-Orient : un processus de paix sous perfusion

Après vingt mois de suspension, le processus de paix israélo-palestinien, laborieusement réamorcé sous l'égide du président Clinton, a donne lieu à la signature, le 24 octobre, d'un mémorandum. Il ouvre la voie, s'il est appliqué, à la négociation du règlement définitif qui, en principe, devrait intervenir avant le 4 mai 1999, mais risque en fait d'être différé de plusieurs années.

En entreprenant en février 1997 la création aux portes de Jérusalem d'une nouvelle colonie dénommée Har Homa, le Premier ministre israélien a porté un coup d'arrêt au déroulement d'un processus de paix déjà mal en point. Initié sous sa forme actuelle par la Déclaration d'intention d'Oslo signée à Washington en septembre 1993, ce processus vise à liquider le contentieux israélo-palestinien né des guerres de 1948 et de 1967. Pour mieux y parvenir, les parties conviennent de s'en tenir, dans un premier temps, à des arrangements intérimaires portant, entre autres, sur la création d'une Autorité autonome palestinienne, sur un retrait de l'armée israélienne et sur la réalisation d'infrastructures économiques palestiniennes. Ils remettent à plus tard la négociation d'un accord définitif qui devrait néanmoins ne pas être signé après le 4 mai 1999.

Le mémorandum de Wye Plantation

Signé à Washington le 24 octobre, le mémorandum de Wye Plantation n'est en fait que l'un de ces accords intérimaires tendant à l'application d'accords également intérimaires antérieurs et dont plusieurs clauses sont demeurées inexécutées. Il est donc convenu de réaliser un deuxième retrait militaire de la Cisjordanie occupée, de mettre en service l'aéroport de Gaza, ainsi que de négocier la création d'un port à Gaza comme celle d'un axe routier hors contrôle israélien entre cette dernière ville et la Cisjordanie. L'innovation la plus surprenante a trait à la prévention et à la répression des actions terroristes, crimes et hostilités, qui sont placées, du côté palestinien, sous le contrôle de la CIA américaine, sans préjudice du droit de regard d'Israël en la matière, en vertu d'un précédent accord de « coordination » policière.