La possibilité d'une paix durable semble peu probable, les trafics en tous genres dont bénéficient les groupes de lutte armée (drogue, enlèvements, extorsions) ne les incitant guère à déposer les armes.

Chrono. : 14/2, 16/04, 10/09.

Équateur

Les élections générales de 1996 s'annonçaient difficiles, les bons résultats économiques du pays ayant été minés par les graves crises politiques et institutionnelles de 1995, auxquelles s'ajoutaient les effets déplorables de la guerre contre le Pérou. Elles sont finalement riches en rebondissements. Pour la première fois, les candidats pouvaient se présenter sans l'investiture d'un parti. Ainsi, un journaliste de télévision, Freddy Ehlers, annonçant sa candidature dès février, apparaît comme un outsider d'autant plus important qu'il gagne des voix dans la sierra et obtient le soutien des organisations indigènes (CONAIE, Confédération des nations indigènes de l'Équateur). Mais, un mois plus tard, F. Ehlers perd ses soutiens après avoir choisi une vice-présidente issue de la droite Opus Dei, à laquelle l'opinion associe le vice-président en fuite, Alberto Dahik. Le 7 juillet, Abdala Bucaram est élu président. Surnommé El Loco, du PRE (Parti roldosiste équatorien, du nom du président Jaime Roldos, au pouvoir de 1979 à 1981), candidat malheureux aux élections de 1988 et de 1992. Il a mené une campagne extravagante dans ses manifestations populaires, mais s'est appuyé sur les fondements les plus anciens et les plus solides de la vie politique du pays, à savoir l'alliance entre la côte et la sierra. A. Bucaram doit sa victoire à ses alliances avec la sierra, ses rivaux n'ayant pas su élargir leur « terrain » de prédilection, la sierra pour Freddy Ehlers, la côte pour Jaime Nebot, du Parti social-chrétien. Le candidat vainqueur présente son élection comme une défaite de l'oligarchie et promet de « gouverner pour les pauvres » ; il prend pour vice-présidente une femme (c'est une grande première en Équateur), Rosalia Arteaga.

À peine au pouvoir, M. Bucaram déclare l'état d'urgence, et place les douanes et la police sous le contrôle de l'armée. Il fait appel à des assesseurs étrangers – des Chiliens pour l'organisation de caisses de retraite et des Argentins – pour marquer l'orientation néolibérale de ses projets politiques et il manifeste un certain attrait pour l'exercice du pouvoir à la manière d'Alberto Fujimori (président du Pérou). Malgré la guerre récente, les relations entre A. Bucaram et le président du Pérou s'amorcent sous de bons auspices.

Chrono. : 7/07.

Paraguay

La vie politique de 1996 est marquée par des querelles internes au parti gouvernemental, le parti Colorado (« rouge », libéral), divisé en trois fractions, dont les péripéties traduisent les difficultés provoquées par le retour au pouvoir d'un gouvernement civil après l'interminable dictature d'Alfredo Stroessner, renversé en 1989.

Fin mars, une journée de grève générale paralyse le pays. Les grévistes réclament une augmentation salariale de 31 %, une réforme agraire, le maintien de la sécurité sociale, la fin des privatisations et exigent des sanctions contre la corruption des instances gouvernementales. Le jour de la grève générale, le ministre de l'Agriculture présente sa démission. Le président Juan Carlos Wasmosy ne dispose alors que du soutien du Parti libéral radical authentique (PLRA), de Domingo Laino. C'est alors que le commandant des forces armées, le général Lino Oviedo, met à profit cette faiblesse pour exiger de M. Wasmosy la suspension des élections internes au parti Colorado (le général craint qu'une faction rivale de la sienne ne l'emporte), ce que le président refuse en invitant L. Oviedo à démissionner. Dans la nuit du 22 au 23 avril, le général se rebelle. Pendant trois jours, ce petit homme vif et nerveux de cinquante-trois ans, qui avait été l'exécutant du coup d'État ayant mis fin à la dictature de A. Stroessner, tient la population de la capitale sous la menace d'un éventuel coup d'État. Les États-Unis font alors connaître leur soutien au président. Le 25 avril, la situation se dénoue : M. Wasmosy accepte dans un premier temps de nommer L. Oviedo ministre de la Défense. La protestation populaire (notamment chez les jeunes), celle de son vice-président, ainsi que de la plupart des commandants des forces armées, amène le président à revenir ensuite sur les promesses qu'il avait faites au général Oviedo, qui appelle à une manifestation de soutien. Celle-ci ne réunit que 1 500 personnes ; le général, emprisonné en juin et libéré en août, disparaît alors de la scène publique. Dès lors, les élections internes au parti Colorado se déroulent, comme prévu, le 28 avril et donnent la majorité à un ancien collaborateur de A. Stroessner, alors que le candidat de L. Oviedo ne recueille que 8 % des voix. L'autorité du président Wasmosy se confirme donc, malgré les accusations de ses adversaires qui s'étonnent de la rapidité de son enrichissement personnel.