Chrono. : 22/04.

Pérou

Les résultats de la lutte menée contre la drogue et le terrorisme par l'administration d'Alberto Fujimori se révèlent moins définitifs que ne l'affirme le président, qui parvient cependant à ménager l'avenir, la Constitution du Pérou étant « interprétée » en août par la majorité parlementaire pour qu'il puisse se présenter une troisième fois en l'an 2000. Le cercle des proches de Fujimori subit des revers : son frère doit s'effacer de la scène politique, des accusations graves pèsent sur son assesseur Vladimir Montesinos et Jaime Yoshiyama, proche conseiller du président depuis sa première élection en 1990, se retire de la vie politique.

Contre la municipalité de Lima, centre potentiel d'un contre-pouvoir dirigé par l'indépendant Alberto Andrade, A. Fujimori, a promulgué, le 24 juin, une loi retirant au maire la gestion du vaso de leche (« verre de lait »), versé chaque jour à 1,5 million de personnes. Par ailleurs, plusieurs attentats, revendiqués par le Sentier lumineux, démontrent que le groupe armé a conservé certaines de ses bases, malgré l'emprisonnement de son chef Abimaël Guzman en 1992 et l'« accord de paix » signé par les principaux cadres du mouvement. En décembre, la prise de centaines d'otages à la résidence de l'ambassadeur du Japon à Lima par l'autre organisation rebelle – le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru – place M. Fujimori dans une position extrêmement délicate.

Chrono. : 20/05, 17/12.

Uruguay

En février, pour le 25e anniversaire de sa création, la coalition de gauche, le Frente amplio (Front élargi) connaît une crise sérieuse. En 1994, il avait mis fin au bipartisme du pays (blancos, les conservateurs, face aux colorados, pour « rouges », les libéraux) en obtenant un tiers des voix au moment de la réélection à la présidence de Julio Maria Sanguinetti, et en se maintenant à la tête de la municipalité de Montevideo. Cette année, le principal dirigeant du Frente amplio, le général Liber Seregni, démissionne et les scissions se multiplient au point que la coalition ne comprend plus que 5 des 11 formations du départ.

Venezuela

Les tensions frontalières avec la Colombie, assez fortes en 1995, se confirment. Début janvier, des troupes se dirigent vers la frontière colombienne. Le Venezuela, accusé d'avoir violé le territoire et l'espace aérien colombiens à diverses reprises, reproche à son voisin d'avoir abandonné la zone frontalière aux narcotrafiquants. Mais les deux pays semblent pour l'instant vouloir éviter l'affrontement.

La visite du pape Jean-Paul II, du 9 au 11 février, se déroule dans une atmosphère de pénurie économique et de manifestations de rues. Les manifestants, masqués, attaquent les forces de l'ordre avec des armes à feu dans la banlieue industrielle de Caracas. La violence sociale atteint une ampleur exceptionnelle. La situation économique continue de se dégrader au cours du premier semestre : les exportations chutent de 14,6 %, l'évasion fiscale serait de 50 %. Pour la première fois de son histoire, le pays connaît une inflation de 114,8 %.

Chrono. : 30/05.

Marie-Danielle Demélas-Bohy