Journal de l'année Édition 1996 1996Éd. 1996

Chrono. : 22/02, 26/02, 10/05, 22/06, 4/07, 12/08, 5/09, 29/11.

République d'Irlande

La crise politique de 1994 se double d'une crise des relations entre l'Église, l'État et la société. En novembre 1994, la brouille au sein de la coalition du Fianna Fail et du Parti travailliste a contraint le gouvernement d'Albert Reynolds à la démission. En décembre 1994, un nouveau gouvernement de coalition s'est mis en place, composé de trois partis, le Fine Gael, le Parti travailliste et la Gauche démocratique. La crise était en partie due à un scandale politico-financier. Par la suite, un nouveau scandale occupe les Irlandais. L'État et l'Église catholique se seraient faits les complices d'un retard dans une affaire d'extradition vers l'Irlande du Nord d'un prêtre condamné pour délit de pédophilie. La publicité faite autour de ce cas et les multiples révélations dont il est entouré provoquent un grand émoi en Irlande, où la tradition catholique est très forte. Il est certain que l'Église a perdu une partie de son autorité. Mais il est vrai aussi que cette autorité avait déjà été entamée lors des votes des lois favorables à la contraception, dans les années 80 et 90, et de celles dépénalisant l'homosexualité, en 1993. Cette année, en application des résultats du référendum du 25 novembre 1992, la Cour suprême décide que les Irlandaises ont le droit d'aller à l'étranger pour se faire avorter. L'Église catholique n'abandonne pas pour autant le champ de bataille. Elle appelle à voter « non » au référendum qui doit modifier la partie de la Constitution de 1937 qui interdit le divorce. Le 25 novembre, le « oui » l'emporte quand même, par une très faible majorité de 0,3 %.

Le bilan économique irlandais est très positif depuis 1993. On a calculé un taux de croissance de l'ordre de 7 % pour 1994 et on table sur un taux de plus de 5 % pour 1995. La croissance de la demande intérieure et des exportations ainsi que l'augmentation des investissements expliquent pour l'essentiel l'état très satisfaisant de l'économie. Reste tout de même le chômage : 14,5 % des actifs en 1995. Ce chiffre, bien que très élevé, constitue cependant une petite amélioration par rapport aux 16,5 % de 1993. Ce progrès s'explique, certes, par la croissance, mais aussi par une reprise de l'émigration et une intervention vigoureuse de l'État.

Chrono. : 25/11.

Paul Brennan