N'empêche. La tempête économique continue à secouer une Région qui compte 13,5 % de chômeurs. À Lesquin, Plasti-Matériaux (136 salariés) a déposé son bilan. La Lainière de Roubaix (650 salariés) est menacée. Même les unités les plus modernes faisant partie des secteurs de pointe sont touchées. À Villeneuve-d'Asq, l'usine Bull va perdre 250 de ses 400 emplois parce que l'assemblage de micro-ordinateurs est transféré chez Packard Bell, le nouveau partenaire de Bull. L'usine de Jeu-mont-Industrie, un des fleurons de l'électromécanique française et des composants pour les centrales nucléaires, se sépare du tiers de ses effectifs. À Arras, 250 suppressions d'emplois sont annoncées lors d'un comité central de Rhône-Poulenc Fibres. Aux vieilles friches industrielles, témoins des industries d'hier, s'ajoutent les friches des entreprises tertiaires qui devaient être l'avenir de la Région.

L'industrie automobile tient encore la route : elle occupe 31 230 salariés. Renault va investir 3 milliards de francs pour moderniser son usine de Douai qui sortira, vers 1995, le modèle succédant à la R19.

Le Nord-Pas-de-Calais, qui fournit 45 % de la production mondiale et 85 % de la production française d'endives, est confronté à la chute des cours due à une sous-consommation provoquée par la concurrence d'autres légumes. 9 000 personnes travaillent dans la production endivière.

Normandie

Basse-Normandie

L'association « Travailler et vivre en Basse-Normandie » est venue un beau matin de février habiller la façade du Trocadéro, à Paris, de banderoles-pétitions. Il s'agissait d'attirer l'attention sur le délabrement du tissu socio-économique de la Région. La fermeture de la Société métallurgique de Normandie (SMN) à Mondeville, près de Caen, est avancée à la fin 1993.

Depuis 1982, la Région perd 2 000 jeunes par an ; le solde migratoire des actifs de 25-44 ans est devenu négatif, et si le chiffre de la population est stable, c'est en raison du retour des retraités.

Plus d'un million de pommiers ont été plantés en Basse-Normandie depuis 10 ans. Ces arbres à basses tiges, à fort rendement, apparaissent partout, même sur des terres qui n'avaient jamais, jusqu'à ce jour, connu de pommiers, comme la plaine de Caen. Un nouveau découpage de la zone d'Appellation d'origine contrôlée (AOC) du calvados exclut 40 % des communes. Les élus de ces communes commencent à se mobiliser.

En raison de la connotation négative du terme « basse », René Garrec, président du conseil régional, souhaite rebaptiser sa région « Normandie » tout court.

Haute-Normandie

La direction américaine du groupe Kimberly Clark Sopalin a décidé de moderniser son usine de Sottevillelès-Rouen... et de ne conserver sur place que la fabrication de mouchoirs en papier (Kleenex), le reste devant être délocalisé sur les autres sites européens. Le prix à payer ? 311 licenciements sur 465 salariés. Dans la partie de bras de fer qui les oppose à la direction, les syndicalistes de Sotte-ville ont tissé des liens avec leurs homologues de Hoover à Longvic (Côte-d'Or) et de Grundig à Creutzwald (Moselle), concernés par les mêmes problèmes. Leur slogan : « Nous ne sommes pas des Kleenex qu'on jette après usage. »

Le travail engagé par Le Havre et les 120 communes de la pointe du pays de Caux devrait déboucher sur la rédaction d'une charte intercommunale pour les quinze ans à venir. Les données du problème : l'époque où le port et les activités associées assuraient le plein emploi est révolue. Par contre, une nouvelle donne apparaît avec la réalisation en cours des grands équipements : l'autoroute A 29 qui reliera Le Havre à l'Europe rhénane, le pont de Normandie, pièce clé de l'autoroute des estuaires, et le port rapide qui permettra une augmentation de la capacité d'accueil des porte-conteneurs. Ces grands travaux doivent s'intégrer aux projets locaux, sinon ils se contenteront d'accélérer la circulation des marchandises au détriment de leur transformation sur place. Le premier objectif de la charte est de mieux répartir les activités sur l'ensemble de la zone au lieu de les laisser concentrées sur les quatre communes du nord de l'estuaire (Le Havre, Sandouville, Gonfreville, Notre-Dame-de-Gravenchon). Une quinzaine de zones d'activités intercommunales qu'il conviendrait de spécialiser dans l'agroalimentaire, la chimie fine, la plasturgie, etc., ont déjà été sélectionnées. Le second objectif est de faire du Havre, modeste sous-préfecture, une véritable métropole de services, qui étofferait son pôle tertiaire maritime international et son université : on table sur 10 000 étudiants en l'an 2000.

Pays de la Loire

Philippe de Villiers, président du conseil général et député (app. UDF) de Vendée, qui avait refusé de s'associer aux célébrations du bicentenaire de la Révolution en 1989, a ratissé large, trois ans plus tard, pour commémorer l'insurrection de la Vendée royaliste de 1793 et sa répression par les armées républicaines envoyées par Paris. Trois jours durant, le Tour de France a été détourné par les Vendéens chez eux. Magistral coup de pub ! C'est autour du Puy-du-Fou que s'est déroulé le prologue de la plus célèbre épreuve sportive du monde.