Dans cette crise de la fin de 1992, comme de coutume, il se trouve de « bons » esprits pour réclamer une politique de relance de la demande intérieure, quitte à accepter un peu plus d'inflation, de déficit public, une dévaluation du franc, voire la sortie de ce qui reste du système monétaire européen.

Faut-il rappeler que jamais la baisse du taux d'intérêt ne suffit à relancer l'investissement ? Que l'inflation atteint d'abord les plus faibles et crée du chômage ? Que la dévaluation ferait rétrograder en un jour le franc dans la catégorie des monnaies faibles. Le franc n'est pas le dollar. Le dollar est bas, mais il peut remonter. Le franc ne jouit pas du même crédit dans le monde. Un franc déprécié nous replongerait dans une spirale inflationniste.

Autrement dit, toute dévaluation serait interprétée comme une licence de faire plus d'inflation et comme un prélude annonçant des mesures de contrôle des mouvements de capitaux et de marchandises. Le retour au nationalisme économique dans un monde où le succès économique s'obtient sur de grands marchés serait un désastre pour la France. On a trop chanté les louanges de l'Acte unique et des lendemains de 1993 pour se comporter comme en 1933.

Alain Bienaymé