Patrice de Beer

Asie méridionale

Dans les états ayant appartenu à l'Empire des Indes, les violents affrontements ethniques, politiques et religieux ont continué.

Au Sri Lanka, la reprise des combats entre l'armée et les Tigres tamouls a suivi en juin le retrait des derniers soldats indiens du nord du pays (24 mars). Après des semaines d'agitation, le roi Birendra Ier a rétabli le multipartisme au Népal le 8 avril et a promulgué le 9 novembre une Constitution démocratique. En Birmanie, depuis l'écrasant succès des opposants aux élections législatives du 27 mai, le gouvernement militaire a refusé de leur confier le pouvoir et a multiplié les arrestations.

L'armée a aussi une influence considérable au Pakistan. Le 6 août, elle a fait destituer Benazir Bhutto du poste de Premier ministre qu'elle occupait depuis le 1er décembre 1988. Le succès de l'alliance démocratique islamique au scrutin législatif du 24 octobre a ensuite permis au président de cette formation, M. Nawaz Sharif, de devenir chef du gouvernement le 7 novembre.

En Inde, les divisions de la majorité hétéroclite soutenant M. Vishwanath Pratap Singh, Premier ministre depuis le 2 décembre 1988, ont entraîné sa chute. Le 23 octobre, comme les forces de l'ordre s'opposaient aux extrémistes hindous qui voulaient détruire la mosquée Babri, construite à la place d'un de leurs temples en 1528, le parti hindouiste a retiré son appui au gouvernement. Le 30 octobre, des affrontements entre hindous et musulmans ont eu lieu près de cette mosquée, ainsi qu'au Bangladesh, dans le port de Chittagong. Après la démission de M. V. P. Singh le 7 novembre, M. Chandra Shekhar, chef des dissidents du parti de l'ancien Premier ministre, l'a remplacé à la tête du gouvernement : grâce à l'appui de M. Rajiv Gandhi, il dispose de la majorité absolue à l'Assemblée.

Dans la fédération de Malaysia, M. Mahatir Mohamad, Premier ministre depuis 1981, a remporté les élections législatives des 20 et 21 octobre ; la coalition qu'il dirige, le Front national, a obtenu la majorité des deux tiers au Parlement.

L'effondrement des régimes communistes d'Europe de l'Est a eu des répercussions dans la région. En Mongolie, après la légalisation de la première formation d'opposition, le Parti démocratique mongol, le 18 février, les dirigeants du Parti communiste et le chef de l'État ont démissionné (12 et 15 mars) et ont été remplacés par des réformistes (14 et 21 mars). Le 23 mars, le Parlement a voté l'abolition du rôle dirigeant du PC. De leur côté, à l'occasion d'une première rencontre à Séoul (4-7 septembre), les chefs du gouvernement des deux Corées ont entamé un dialogue qui pourrait mener un jour à la réunification du pays. Enfin, le 28 août, l'adoption par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies d'un plan de paix a constitué un grand pas vers la solution du conflit cambodgien.

La crise du Golfe a eu de graves conséquences sur les économies de certains États. En raison du départ du Koweït de leurs nombreux ressortissants qui y travaillaient, ainsi que de la hausse du prix du pétrole, les Philippines ont le plus souffert. En revanche, grosse exportatrice d'or noir, l'Indonésie a bénéficié de la situation. Hongkong est un cas particulier : en prévision de son rattachement à la Chine en 1997, 62 000 personnes ont quitté la colonie britannique cette année.

Laurent Leblond

Japon

Malgré la forte progression du Parti socialiste aux élections législatives et la volonté du gouvernement de relativiser l'aspect religieux de l'intronisation du nouvel empereur, la tradition l'a nettement emporté sur le changement.

En dépit des critiques émises contre la corruption des dirigeants, le Parti libéral-démocrate (conservateur) a réussi à conserver la majorité absolue à la Chambre basse lors du scrutin du 18 février. Le bon résultat obtenu par les socialistes, dont le nombre de députés est passé de 85 à 136, s'explique par le dynamisme de leur présidente, Mme Takako Doi, et par l'arrivée des femmes sur la scène politique. L'infidélité conjugale de M. Sosuke Uno, qui lui coûta son poste de Premier ministre en 1989, a entraîné une vive réaction des Japonaises qui réclament un accès plus large aux responsabilités dans les entreprises comme dans la vie publique. L'attachement au maintien de la mère au foyer n'empêche pas le développement du travail des femmes, qui occupent 40 % des emplois : le vieillissement de la population entraîne une pénurie de main-d'œuvre.