Malgré cela, à cause des nombreuses naissances des années 70, l'entrée à l'université devient de plus en plus difficile. Dans les écoles, les manuels d'histoire, toujours censurés, parlent peu des attaques japonaises contre la Chine dès 1931 et oublient la préparation de la guerre bactériologique avant 1945. De plus, dans le cadre des nouveaux programmes, les élèves doivent connaître le rescrit impérial de 1890, qui préconisait le sacrifice pour le Trône.

Étant donné la part de responsabilité d'Hirohito dans le militarisme nippon, les États-Unis ont imposé en 1947 une Constitution qui faisait de l'empereur le simple garant de l'unité de la nation. Le 12 novembre, lors de l'intronisation officielle d'Akihito, le cérémonial n'a pourtant pas oublié de rappeler le caractère sacré de sa personne.

Laurent Leblond

Pacifique

Contrairement à l'Afrique et au Moyen-Orient traversés par de graves crises, l'Asie orientale et le Pacifique auront connu une année assez calme et même florissante sur le plan économique.

Certes, la crise pétrolière liée à la situation dans le Golfe a eu pour conséquences un léger ralentissement de la croissance et l'apparition de tendances inflationnistes. La stabilité politique a été, pour sa part, à peu près générale.

Les nouveaux pays industrialisés et le Japon considèrent avec attention mais prudence les évolutions économiques qui se font jour dans les pays socialistes ; des opportunités pourraient en résulter sur le plan du commerce et des investissements. Plus au sud, l'Australie n'est pas encore totalement sortie d'une période de stagnation ; pour des raisons voisines, la Nouvelle-Zélande a vu le parti travailliste chassé du pouvoir par les conservateurs.

En politique intérieure, les plus graves tensions semblent s'apaiser sinon disparaître dans la plupart des pays. La sécession de l'île de Bougainville a été évitée grâce à l'entremise de l'Australie auprès du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mme Aquino, pour sa part, est toujours au pouvoir, même si celui-ci se révèle fragile et périodiquement contesté. La Malaisie, où se développe un courant musulman intégriste, a réussi à procéder à des élections tout à fait régulières qui ont reconduit les dirigeants en place ; en Thaïlande, où le développement économique est brillant, la classe politique a été éclaboussée par quelques scandales financiers ; Singapour a vu naître l'ère de l'après-Lee Kwan Yu, tandis que l'Indonésie prépare discrètement l'après-Suharto.

Les problèmes internationaux semblent s'engager dans la voie des solutions négociées. Les frères ennemis coréens se sont rapprochés. M. Gorbatchev doit se rendre à Tokyo au printemps prochain ; il s'efforcera de régler le contentieux territorial qui oppose l'Union soviétique au Japon dans le nord de l'archipel, en échange d'une aide économique et financière dont Moscou a le plus grand besoin. Demeure le conflit indochinois et ses séquelles, où le Viêt-nam et le Cambodge sont inextricablement engagés. Le premier, considéré comme agresseur, a donné des gages de souplesse pour tenter d'attirer une aide internationale suspendue depuis l'occupation du territoire cambodgien par les troupes de Hanoi en 1979. Le retrait de l'armée vietnamienne a provoqué une recrudescence de violences dans un conflit que l'on peut considérer désormais comme une véritable guerre civile. Certains pays comme la France, l'Indonésie, l'Australie déploient une intense activité pour ramener la paix dans ce malheureux pays. Mais ils se heurtent aux méfiances ou aux querelles de tendances et de personnes qui, au Cambodge, bloquent le processus, fragile et complexe, élaboré par les Nations unies. En Asie comme dans le reste du monde, le rôle de l'Organisation s'accroît dans la recherche d'un ordre plus stable et plus équilibré.

Jean-Pierre Gomane

Amérique du Nord

Même si le Canada a défrayé la chronique internationale à cause d'une poignée d'Indiens mohawks déterminés à préserver leur territoire, la vie politique nationale reste surtout empoisonnée par l'interminable question québécoise. Tout est à « reprendre à zéro », alors que les perspectives générales de la nation sont plutôt moroses.