Au regard de ces exigences, un foisonnement d'innovations et de technologies à la fois nouvelles et fondamentales – en tout cas très différentes de celles du passé – est apparu dans les domaines de l'informatique, de la microélectronique, des biotechnologies et des nouveaux matériaux.

En même temps, on peut constater que ces nouvelles technologies non seulement participent à la transformation et à la réorganisation du système industriel, mais aussi qu'elles rendent toutes sortes de services à des utilisateurs de plus en plus nombreux. Le grand public fait ainsi connaissance avec la domotique, la productique, la robotique, le télé-enseignement, la télé-médecine, etc.

Processus linéaire et processus interactif

Si les technologies en question sont qualifiées de nouvelles, c'est non seulement parce que l'on peut observer de profonds changements dans la production et dans la consommation, mais aussi parce que l'on constate des interactions multiples et variées avec l'économie et avec la société. De telles technologies se différencient par le fait que les changements sont pris en compte ou même anticipés par les consommateurs et par les producteurs ; les uns et les autres sont alors amenés à adopter d'autres habitudes de vie ou d'autres méthodes de production en fonction des nouvelles technologies qui affectent d'abord leur vie quotidienne. Autrement dit, le processus de diffusion des innovations n'est plus linéaire comme dans le passé, mais interactif : il faut tenir compte des actions et des réactions de tous les facteurs en cause.

Les changements dans les relations entre technologie, système économique et système social s'opèrent en effet en fonction d'un jeu permanent et continuel d'interactions avec les acteurs, le processus de consommation et les systèmes de production. Dans la réalité concrète, ce jeu se traduit par l'émergence de comportements différents : par exemple, les consommateurs découvrent, en adoptant des produits nouveaux offerts par les technologies de l'information (comme le Minitel), des façons de vivre jugées par eux plus satisfaisantes. Il y a là une sorte de défi à relever pour l'industrie, qui s'efforcera de fabriquer des produits encore plus performants ou plus fiables dont les consommateurs doivent pouvoir retirer encore plus d'agréments.

En définitive, si les technologies avancées permettent de parler d'un changement de paradigme techno-économique, c'est parce qu'elles induisent des changements qui s'étendent bien au-delà des actions atteignant le secteur d'activité auquel elles ont été appliquées. C'est en fonction de ce jeu d'interactions qu'il convient alors d'examiner les conséquences, sur les formes de consommation et sur les systèmes industriels, de l'introduction et de la diffusion de technologies avancées comme l'informatique, l'électronique, les biotechnologies, les nouveaux matériaux, pour ne citer que les plus connues.

Les effets des nouvelles technologies sur les systèmes productifs

En premier lieu, les changements introduits par l'électronique et par les télécommunications n'ont pas seulement affecté les fabrications et les produits de ces deux secteurs mais ils ont également suscité un intense développement de l'automation industrielle dans les industries à processus continu (sidérurgie et pétrochimie), dans les industries d'assemblage (automobile et produits durables) et dans le secteur tertiaire (banque, assurances) grâce à l'informatisation du traitement des données et des communications.

En second lieu, avec des consommateurs toujours plus épris de nouveautés, les technologies nouvelles tendent à se périmer de plus en plus vite et leur durée de vie utile à se raccourcir énormément. En conséquence, les entreprises cherchent à vendre le plus rapidement possible chaque produit nouveau avant qu'il ne soit dépassé et sont ainsi condamnées, pour garder leur part de marché, à innover continuellement en adoptant une nouvelle technologie présumée plus performante.

Pour amortir le coût de l'opération liée à l'introduction perpétuelle de nouvelles technologies, les entreprises ne peuvent plus se contenter d'écouler les produits nouveaux sur le marché intérieur, mais doivent le faire aussi de plus en plus sur les marchés extérieurs. La concurrence devient mondiale, c'est ce qui peut être observé pour les biens d'équipement à haute technologie (informatique, aéronautique, télécommunications, etc.), pour certains biens de consommation à usage universel, durables ou non (hi-fi, vidéo, blue-jeans, hamburgers, Coca-cola, etc.), ainsi que pour un grand nombre de services (banque, assurances, tourisme, activités de conseil, banques de données, recrutement de main-d'œuvre, etc.).