L'essor du port de Dunkerque (le trafic dépasse 34 millions de t en 1988) est dû aux installations modernes de la partie occidentale, accessibles aux navires de 180 000 t. C'est le premier port français pour l'importation de minerais et de charbon (13 millions de t en 1987). Le fret à travers la Manche a enregistré une hausse de 37 %. L'usine Pechiney, qui s'installera vraisemblablement au fond du « bassin de l'Atlantique », sur un terrain de 80 hectares appartenant au port autonome, générera un trafic de 500 000 t par an à l'importation. Avec respectivement 9,2 millions, 2,6 millions et 1,3 million de passagers, Calais, Bourgogne et Dunkerque demeurent les trois premiers ports français.

Alors que la production de charbon continue à baisser (1 354 000 t en 1987), que les effectifs sont tombés à 11 374 personnes, que la fermeture du dernier puits est prévue pour 1991, la visite de M. Michel Rocard, Premier ministre, a été l'occasion de poser la question du patrimoine des Houillères. Celles-ci possèdent encore 90 000 logements dans l'ensemble du bassin, un patrimoine de quelque 7 milliards de francs, mais qui se dégrade. Faut-il détruire ces corons ? ou les réhabiliter en pariant sur le développement à venir de nouvelles activités ? Le Premier ministre a chargé M. Philippe Essig d'une mission sur ce sujet.

Normandie

Basse-Normandie

La Société métallurgique de Normandie (SMN), dont les effectifs sont passés de 6 000 à 2 000 salariés, ne fermera pas son usine de Mondeville, près de Caen. Depuis des années, la filiale d'Usinor-Sacilor perdait de l'argent. Régulièrement se posait le problème de sa survie, car l'équilibre économique de la Basse-Normandie et l'activité du port de Caen en dépendaient. Le sursis d'un an accordé par M. Francis Mer, président d'Usinor-Sacilor, une gestion très stricte et le contexte porteur de l'ensemble de la sidérurgie française lui ont permis de retrouver un quasi-équilibre en 1988.

L'un des malheurs de la Région est la faiblesse du taux d'investissement des PMI. Pour renverser cette tendance, elle poursuit sa politique de primes, mais participe aussi à l'effort de modernisation ; ainsi, l'entreprise ne devra rembourser ses dettes que dans le cas d'opérations bénéficiaires.

La Région ne veut pas manquer les grands rendez-vous de demain. Déjà, la haute technologie est présente à Cherbourg (école atomique de la Marine nationale, usine de retraitement du cap de la Hague...) et dans une moindre mesure à Alençon (plasturgie). La technopole de Caen veut conquérir sa place dans la « technosphère » européenne et mise sur les secteurs tertiaire et quaternaire pour créer des emplois.

Haute-Normandie

Le chantier du pont de Normandie a été inauguré le 25 mars 1988 par M. Jacques Chirac, alors Premier ministre. L'ouvrage qui reliera en 1992 les deux rives de l'estuaire de la Seine entre Le Havre et Honfleur, avec ses 2 200 m de long, sa travée centrale de 856 m (record mondial) à 50 m au-dessus de l'eau, son trafic, évalué à 1,5 million de véhicules par an, ne manquera pas de modifier la géographie économique et politique de la Région. Pomme de discorde ou trait d'union ? Le port du Havre envisage déjà l'annexion des installations d'Honfleur, gérées depuis 1965 par le port autonome de Rouen, alors que par ailleurs le débat sur la réunification des deux Normandies resurgit. À court terme, c'est un investissement d'un milliard de francs et mille emplois assurés pour cinq ans.

Parmi les grands ports français, seul Le Havre a connu une progression sensible de son trafic : 51,7 millions de t en 1987 (soit + 7,7 % par rapport à 1986). Sa chance pourrait bien résider, demain, dans les conteneurs, même si son trafic ne représente encore que la moitié de celui d'Anvers, grâce à la mise en service de nouvelles installations.

Le trafic du port de Rouen a baissé de 3,8 % (21 millions de t en 1987 contre 21,9 en 1986) en raison de l'effondrement des importations de charbon.

Vingt ans après sa création, l'Établissement public de la Basse-Seine (EPBS), qui avait pour mission de maîtriser le foncier pour décourager les tentatives de spéculation, trouve aujourd'hui un nouveau créneau. Utilisant un droit de préemption, disposant d'une caisse alimentée par une taxe additionnelle aux impôts locaux et par la cession de terrains achetés, l'EPBS a d'abord fonctionné comme une machine anti-inflationniste. Puis l'Établissement s'est intéressé aux « friches industrielles » et a récupéré des « friches militaires » ou « culturelles ». L'EPBS, dont le budget 1988 se monte à 88 millions de francs, porte aujourd'hui son attention sur les friches agricoles de plus en plus étendues en raison de l'exode rural.

Pays de la Loire

Des cinq grands chantiers navals que la France possédait au début des années 1980, celui de Saint-Nazaire est pratiquement le seul survivant, avec une capacité théorique annuelle de un million de tonneaux. Après l'intégration des 400 salariés du chantier nantais Dubigeon, c'est un effectif de 4 800 personnes qu'il faut gérer selon les aléas des carnets de commandes. Les Chantiers de l'Atlantique livreront le paquebot Fair Majesty en janvier 1989, puis deux navires transporteurs de voitures au printemps à la Société nationale Corse-Méditerranée et à l'armement BAI. Enfin, en mars 1990, l'Admirai Cruise Line prendra livraison du paquebot commandé en décembre 1987.