Les deux postes principaux des dépenses de conseils généraux sont les dépenses d'aide sociale (un « acquis » de la décentralisation), la voirie, et maintenant (un autre transfert de compétence auparavant exercée par l'État) la construction et l'entretien des établissements d'enseignement du second degré. Des dépenses, sur ce dernier chapitre, qui ont progressé de 35,7 % par rapport à 1987.

Souvent en association avec des chambres de commerce, ou par le biais d'une société d'économie mixte ou d'un syndicat mixte, les conseils généraux s'intéressent directement à tous les aspects du développement et de l'aménagement de leur territoire : soutien aux entreprises de haute technologie en Vendée, agriculture, ports et artisanat dans les Côtes-du-Nord, pont de l'île de Ré en Charente-Maritime, parc technologique en Haute-Savoie.

Revenus et dépenses des collectivités locales

La fiscalité locale s'est-elle accrue ? Pour les impôts communaux, les taux moyens des quatre taxes (habitation, foncier bâti, foncier non bâti, taxe professionnelle) sont en 1988 strictement identiques à ceux de 1987 et le produit de ces taxes a progressé de 5,4 %. Dans les départements, les taux ont même légèrement baissé et le produit s'est accru de 6,06 %. Mais ce sont les Régions qui « décrochent ». Plus récemment arrivées dans le concert des institutions à part entière, elles « sautent les étapes ». Leur fiscalité directe progresse vite : + 7,2 %, par exemple, pour la taxe d'habitation et + 11,7 % pour l'ensemble du produit fiscal.

De plus en plus sollicitées, les Régions se consacrent à trois chapitres de dépenses essentiels : la formation professionnelle, l'aménagement du territoire et le programme de rénovation des lycées. Leurs budgets additionnés ont représenté 30 milliards de francs en 1988.

Autant de Régions, autant de politiques. La Bourgogne et l'Alsace investissent hardiment, la Picardie moins... Mais, lorsque le Lorrain verse 96 F d'impôts régionaux, l'habitant du Limousin acquitte deux fois plus.

À signaler à l'automne 1988 une intéressante exposition organisée à Pékin par la Région Île-de-France et 82 entreprises franciliennes, en vertu d'un « jumelage-coopération » signé un an plus tôt entre la « région-capitale » française et la municipalité de Pékin. Quelques jours après, touché par la loi sur le cumul des mandats, Michel Giraud quittait la présidence de l'Île-de-France après y avoir imprimé sa marque personnelle depuis de longues années. Une page tournée...

François Grosrichard
Entré au Monde en 1969, François Grosrichard est aujourd'hui grand reporter économique. Il a en charge, notamment, les rubriques de l'aménagement du territoire et de la politique économique régionale.

À travers les Régions

Pour chaque Région ou département d'outre-mer, les budgets cités sont les états de prévision primitifs de 1988, qui sont susceptibles d'évoluer dans le courant de l'année (source : ministère de l'Intérieur).

Alsace

L'Alsace confirme sa vocation de terre d'accueil des firmes japonaises. Sony, déjà installé à Ribeauvillé (Haut-Rhin) depuis 1987, mettra en construction sur le même site, au printemps 1989, une nouvelle unité qui assurera une production mensuelle de 20 000 magnétoscopes VHS, 50 000 lecteurs de disques à laser et 15 000 caméras vidéo ; le tout est destiné au marché européen.

Le 31 mars 1988, Ricoh a lancé la production des photocopieurs à Wettolsheim, près de Colmar. 250 personnes y sont employées à la fin de 1988. Derniers arrivés en terre alsacienne, Tokyo Densen Kokyo (Todenco) ouvre une usine de fils et câbles électriques pour l'électronique, à Sélestat dans le Bas-Rhin, tandis que Yamaha installe une unité de production de tuners et de lecteurs de disques compacts, à Monswiller, près de Saverne.

Pourquoi cette ruée japonaise en Alsace ? Alertés par les mesures antidumping envisagées par la Commission de Bruxelles, les industriels nippons sont persuadés que l'Europe de 1993 deviendra protectionniste. Leur intérêt est de s'implanter aujourd'hui dans un marché qui risque de leur être fermé demain. C'est d'autant plus facile que leur présence est souhaitée – surtout dans le Haut-Rhin – par les responsables économiques et politiques de la région.

Aquitaine

Après plusieurs années d'euphorie, les prix de la récolte 1987 des vins de Bordeaux sont à la baisse. Le marché mondial porte sur près de 4 millions d'hectolitres et les récoltes en ont représenté 5 millions en 1985, 5,6 millions en 1986 et 4,7 millions en 1987. Le fléchissement du dollar pénalise les ventes vers les États-Unis. Après les « très grands » millésimes de 1985 et de 1986, celui de 1987 est jugé « médiocre ». Le bordeaux de base est ainsi descendu à 4 000 F le tonneau et toutes les appellations sont sur la même pente descendante, à l'exception des sauternes et des graves blancs. Récession, certes, mais pas catastrophe, les bons résultats obtenus en Europe venant compenser le recul du marché américain.