Une bouffée d'oxygène est arrivée fin novembre avec la commande par l'armement norvégien Royal Carribean Cruise Line d'un paquebot de croisière identique au Souverain des mers livré en décembre 1986 : 266 mètres de long, 74 000 tonneaux de jauge brute, 2 600 passagers et dans l'immédiat 4 millions d'heures de travail pour les 4 500 salariés du chantier du groupe Alsthom.

À moyen terme, l'existence des chantiers est tributaire de l'évolution des transports maritimes, donc de la conjoncture économique internationale, mais aussi de l'âge de la flotte mondiale. Il y a, certes, surcapacité, mais les pétroliers devront bien être remplacés un jour ou l'autre ; cependant aucun symptôme n'apparaît encore. « Nous naviguons à vue, avec un horizon très rapproché », reconnaît M. Alain Grill, directeur de la division navale du groupe Alsthom.

Pour un établissement qui veut être le meilleur chantier européen en l'an 2000, le salut passe par la diversification ; les Chantiers de l'Atlantique ont dans leurs dossiers un nouveau type de plate-forme « multiservice » capable de résister à des vagues de trente mètres, à des vents de 180 km/h et pouvant héberger 120 personnes. Les perspectives des autres grands chantiers européens ne sont pas plus brillantes.

Nantes, qui veut s'affirmer comme la métropole de tout l'Ouest atlantique, doit gommer les stéréotypes qui lui sont attachés. Le désenclavement est en bonne voie : l'autoroute qui la relie à Paris est pratiquement achevée. En septembre 1989, le TGV entrera dans la nouvelle gare sud et placera Nantes à deux heures de la capitale. La concurrence du rail a stimulé les concessionnaires de l'aéroport de Nantes-Château-Bougon (le 8e aéroport français, avec 920 000 passagers en 1987) ; la SNCF devrait détourner 200 000 voyageurs. Pour accueillir un million de voyageurs aériens en 1992, un vaste programme de modernisation est engagé sur l'aérogare, financé par l'État, la Région, le département, la ville et le relèvement des redevances.

L'heure est aux technopoles. Nantes aura donc la sienne. Après beaucoup d'hésitations, un nom est retenu : Atlanpole. Et un site, ou plutôt un ensemble de sites, car le parc technologique a une conception originale ; il se compose de six sites universitaires et technologiques échelonnés sur 300 hectares et une quinzaine de kilomètres le long de l'Erdre, au nord de l'agglomération nantaise.

Atlantec, défendu par M. Olivier Guichard, président du conseil général, a été créé par arrêté public au Journal officiel. Ce groupement d'intérêt public (GIP), constitué entre l'État, la technopole nantaise (Atlanpole), l'université de Nantes et de nombreux instituts et laboratoires de la Région, entend se fédérer pour renforcer la vocation technologique de l'université et faciliter l'installation d'entreprises.

En plein cœur de la ville, un centre d'affaires international s'édifie sur les 16 hectares des chantiers Dubigeon. L'accord conclu avec le président du World Trade Center de Luxembourg engage un investissement de 400 millions de francs pour un ensemble de 50 000 m2 de halls d'exposition et d'immeubles de bureaux.

Picardie

La commission d'enquête d'utilité publique du TGV Nord a confirmé le choix du tracé fait par le gouvernement Chirac, puis par le gouvernement Rocard ; il suivra l'autoroute du Nord et passera donc à 40 km à l'est d'Amiens. Quant à relier la capitale picarde à la ligne TGV, cela ne pourra pas se faire avant dix ans ; simple bretelle Roye-Amiens ou bien nouvelle ligne Paris-Tunnel sous la Manche via Amiens ?

Sans vouloir remettre en cause les sacro-saintes limites administratives héritées de la Révolution, les trois départements picards viennent de se découper en 43 microrégions, afin de favoriser les initiatives et la coopération locales. Le conseil régional a donné son aval à une initiative originale, mais qui ne supprimera pas (au moins dans l'immédiat) les disparités. L'ensemble de la Picardie est touché par un taux de chômage de 11,5 %, mais la situation est plus critique au nord (chômage 15 %), où se manifeste la débâcle des vieilles industries installées au siècle dernier, qu'au sud qui bénéficie des industries modernes implantées dans l'Oise (chômage 8 %).