Mais combien d'autres champions olympiques sacrés à Séoul ont-ils eu, eux aussi, recours à des produits interdits ? Nul ne le sait.

Avec 26 médailles dont 13 en or, les États-Unis sont sortis vainqueurs du bras de fer qui les opposait au bloc de l'Est. Après son historique quadruplé de 1984 à Los Angeles, Carl Lewis a ajouté deux nouveaux titres olympiques à son prestigieux palmarès, qui lui ont permis de dépasser dans la légende le célèbre Jesse Owens. Pour sa part, Florence Griffith-Joyner a régné sur le sprint féminin, réduisant ses adversaires au rôle de faire-valoir. Il est vrai que le régime d'entraînement (150 kg en flexion de jambes) que la ravissante. Noire américaine a suivi depuis deux ans pour devenir la meilleure du monde l'a virilisée quelque peu. Mais pas plus que certaines de ses rivales des démocraties populaires. Quant à Jackie Joyner, en s'imposant au saut en longueur après avoir quatre jours plus tôt amélioré son propre record du monde de l'heptathlon, elle s'est montrée l'égale de sa belle-sœur et a donc pu partager avec elle les lauriers de la gloire.

Malgré ses 27 médailles, la RDA a connu bien des désillusions. Surclassées par les sprinteuses américaines, Heike Drechsler, Silke Gladish et Marlies Goehr ont semblé à bout de souffle, en fin de carrière. Faute d'un renouvellement suffisant, l'élite de la RDA paraît se rétrécir comme une peau de chagrin. Dominée par l'URSS, qui est revenue à son niveau de Moscou (1980), grâce au dynamisme de ses hommes de concours, l'Allemagne de l'Est n'est plus le maître du monde et encore moins depuis que les coureurs kenyans ont réalisé le grand chelem dans les épreuves de demi-fond (800 m, 1 500 m, 3 000 m steeple, 5 000 m). Un tournant dans l'histoire de l'athlétisme, déjà amorcé il y a un an lors des derniers championnats du monde à Rome.

Avec une troisième place dans le relais 4 × 100 m masculin et quinze places de finaliste, le bilan de l'équipe de France a été dans son ensemble satisfaisant et conforme aux prévisions, même si sa meilleure chance de médaille d'or, Christian Plaziat, a complètement craqué au cours des deux dernières épreuves du décathlon. Mais comment s'en étonner de la part d'un pays où il n'y a aucune volonté de doter le sport de moyens financiers nécessaires pour recruter, former et mener au sommet une élite dense et multidisciplinaire ? Séoul est passé. Barcelone arrive. Il y a sûrement quelque chose à faire.

Messieurs

100 m : 1. C. Lewis (USA), 9″ 92 ; 2. Christie (G-B) 9″ 97 ; 3. Smith (USA), 9″ 99 ; vainqueur en 9″ 79, le Canadien Ben Johnson a été déclassé pour contrôle antidopage positif.

200 m : 1. De Loach (USA), 19″ 75 ; 2. C. Lewis (USA), 19″ 79 ; 3. Da Silva (Br), 20″ 04.

400 m : 1. S. Lewis (USA), 43″ 87 ; 2. Reynolds (USA), 43″ 93 ; 3. Everett (USA), 44″ 09.

800 m : 1. Ereng (K), 1′ 43″ 45 ; 2. Cruz (Br), 1′ 43″ 90 ; 3. Aouita (M), 1′ 44″ 06.

1 500 m : 1. Rono (K), 3′ 35″ 96 ; 2. Elliot (G-B), 3′ 36″ 15 ; 3. Herold (RDA), 3′ 36″ 21.

5 000 m : 1. Ngugi (K), 13′ 11″ 70 ; 2. Baumann (RFA), 13′ 15″ 52 ; 3. Kunze (RDA), 13′ 15″ 73.

10 000 m : 1. Boutayeb (M), 27′ 21″ 46 ; 2. Antibo (It), 27′ 23″ 55 ; 3. Kimeli (K), 27′ 25″ 16.

3 000 m steeple : 1. Kariuki (K), 8′ 5″ 51 ; 2. Koech (K), 8′ 6″ 79 ; 3. Rowland (G-B), 8′ 7″ 96.

110 m haies : 1. Kingdom (USA), 12″ 98 ; 2. Jackson (G-B), 13″ 28 ; 3. Campbell (USA), 13″ 38.

400 m haies : 1. Phillips (USA), 47″ 19 ; 2. Dia Ba (Sén), 47″ 23 ; 3. Moses (USA), 47″ 56.

Hauteur : 1. Adveienko (URSS), 2,38 m ; 2. Conway (USA), 2,36 m ; 3. Povarnitsine (URSS) et Sjoeberg (S), 2,36 m.

Longueur : 1. C. Lewis (USA), 8,72 m ; 2. Powell (USA), 8,49 m ; 3. Myricks (USA), 8,27 m.

Perche : 1. Bubka (URSS), 5,90 m ; 2. Gatauline (URSS), 5,85 m ; 3. Yevgorov (URSS), 5,80 m.