Il s'agit donc d'une méthode d'avortement d'un maniement difficile, très précoce, contrairement à l'aspiration, qui peut être mise en œuvre jusqu'à la 12e semaine, et qui entraîne souvent des saignements importants. Son éventuelle banalisation suscite de nombreuses craintes.

Dr Georges de Corganoff

Biologie

C'est une étape majeure dans la compréhension du vivant qui inaugure la nouvelle année ; en janvier, au terme d'une compétition mondiale acharnée, une équipe américaine du Massachusetts Institute of Technology (MIT) annonce avoir isolé, grâce aux techniques de la biologie moléculaire, le gène qui détermine le sexe dans l'espèce humaine ; et avoir découvert du même coup que ce gène, situé sur une région bien précise du chromosome Y, « signe » également la masculinité chez tous les mammifères et chez les oiseaux ; avec, à la clé, de meilleurs outils de diagnostic des maladies héréditaires liées au sexe, et la possibilité de déterminer, voire de modifier à la demande le sexe des animaux d'élevage.

Nouveau pas franchi également dans la maîtrise des plantes cultivées, par la société belge Plant Genetic Systems qui parvient à régénérer des plants de betterave adultes génétiquement modifiés de telle sorte qu'ils résistent spontanément à certains herbicides ; tandis qu'un comité consultatif recommande pour la première fois au gouvernement américain d'autoriser l'Institut national de la santé (NIH) à transplanter des gènes étrangers chez un être vivant, ou, plus précisément, à modifier génétiquement des cellules sanguines de malades atteints d'un cancer.

Dans le même temps, une équipe internationale de fondamentalistes, dirigée par le biologiste français de l'INSERM Jacques Benveniste, jette un véritable pavé dans la mare en publiant, dans la très sérieuse revue britannique Nature, des résultats qui pourraient constituer les prémisses d'une base scientifique à l'homéopathie ; selon eux, l'eau garderait le « souvenir » du contact avec certaines substances moléculaires. Publication suivie d'une polémique aux multiples rebondissements, puisque cette hypothèse, si elle se confirmait et trouvait une explication scientifique, aboutirait ni plus ni moins à remettre en cause les fondements de la conception actuelle de la matière.

Catherine Vincent

Physique

Les surprises du neutrino

L'Arsène Lupin des particules élémentaires, le passe-muraille de la physique moderne, la particule fantôme..., le neutrino est tout cela, et plus encore. Il n'a pas de charge, une masse nulle ou très faible et traverse une planète comme la Terre sans rencontrer le moindre obstacle. Pour avoir une chance sur deux d'arrêter cet étonnant constituant de la matière, il faudrait une épaisseur d'acier de 100 millions de kilomètres.

« Je parie que personne ne l'observera », dit en 1931 son « inventeur » Wolfgang Pauli. Pari perdu : son neutrino (petit neutron), dont l'existence, jusque-là purement théorique, permet d'expliquer le déficit d'énergie accompagnant certaines réactions nucléaires, fut détecté en 1956. Et, six ans plus tard, trois chercheurs du laboratoire américain de Brookhaven montrèrent qu'il y avait non pas un neutrino, mais deux ! Léon Lederman avait à l'époque 40 ans, Jack Steinberger 41 et Melvin Schwartz 29. Le prix Nobel les couronne 26 ans après, et avec un neutrino de retard. On en a, depuis, identifié un troisième.

Le choix par le jury Nobel de Lederman et de Steinberger (Schwartz s'est entre-temps reconverti à l'informatique) n'est certes pas indifférent. Le premier est directeur du Fermilab, le grand accélérateur américain de Chicago, et le second travaille au CERN, le laboratoire européen de physique des particules à Genève. Le prix vient à point nommé ; il les aidera sans doute à convaincre les hommes politiques d'accorder à la recherche en physique fondamentale les milliards de dollars dont elle a besoin.

Le neutrino, lui, est tout simplement à la mode. Plus subtil et plus énigmatique que les autres particules, il déchaîne les passions, défie les théories et détient peut-être, qui plus est, les clés du destin de l'univers.