Le milieu océanique est le siège d'événements plus ou moins graves et inquiétants. À la suite d'une avarie du pétrolier Amazzone. le littoral du Finistère subit une nouvelle marée noire le 31 janvier. Fin mai, les littoraux scandinaves, danois et allemands et les fermes marines (les élevages de saumons) sont menacés par une marée verte imputable à une algue microscopique, la Chrysochromulina polylepsis, dont la prolifération très rapide est favorisée par les nitrates et les phosphates d'origine agricole rejetés par les cours d'eau. À la fin du mois d'août, les plages italiennes du littoral adriatique sont, elles aussi, investies par une marée verte. La présence d'une algue inconnue jusque-là, dans le nord du Finistère, est signalée dans les eaux des abers Vrac'h et Benoît ; il s'agit d'une Protogonyaulax (Alexandrium minutum) autrement plus toxique que le Dinophysis. autre algue désormais endémique en Bretagne. Les coquillages sont, de ce fait, interdits à la vente.

Concernant la pollution atmosphérique, 12 pays d'Europe se sont engagés, le 31 octobre, à réduire leurs émissions d'oxydes d'azote d'ici à 1998. Le 24 novembre, les ministres de l'Environnement de la CEE ont adopté un compromis selon lequel toutes les voitures neuves vendues en Europe à partir du 1er janvier 1993 seront équipées d'un pot catalytique et utiliseront de l'essence sans plomb. Les treize plus grandes firmes chimiques mondiales vont mener en commun un programme d'études sur la toxicité des produits de substitution aux CFC (chlorofluorocarbones) dont la production actuelle menace la couche d'ozone et, partant, les climats de la Terre.

Après plusieurs scandales retentissants, le stockage des déchets industriels toxiques a suscité, après la conférence de Caracas (6-10 juin) sur la gestion des déchets, une prise de position vigoureuse et exemplaire de la part des États membres de la Communauté des États de l'Afrique de l'Ouest, réunis à Lomé du 23 au 25 juin. Il reste, certes, beaucoup à faire pour réglementer strictement le transport et l'élimination de ces déchets dont la production, sans cesse croissante, est éminemment néfaste pour la biosphère.

Philippe C. Chamard

Catastrophes

On ne comptabilise pas les catastrophes, de même qu'on ne peut les prévoir ; on se remémore seulement les plus spectaculaires à cause de leur soudaineté ou bien de leur violence.

Citons dans le désordre des choses de 1988 l'écroulement en mer du Nord de la plate-forme pétrolière Piper Alpha, un meeting aérien dramatique sur la base de Ramstein en Allemagne, le crash de l'Airbus A-320 à Mulhouse, le train fou de la gare de Lyon, le déluge de Nîmes, la sécheresse aux États-Unis, le cyclone Gilbert, les inondations au Bangladesh et le séisme en Arménie.

L'accident de la plate-forme Piper Alpha, c'est le tribut payé par les nouveaux travailleurs de la mer. 167 morts pour une soupape oubliée. En quelques minutes, la base de forage de la compagnie anglaise Occidental Petroleum n'est plus qu'une torchère ; 61 survivants doivent leur salut à la mer dans laquelle ils ont pu sauter.

Erreur également à l'origine du drame de la base aérienne de Ramstein (RFA). La patrouille italienne réalise une figure acrobatique à l'intitulé prémonitoire : « Explosion ».Trois appareils se percutent de plein fouet et tombent sur la foule, où l'on relève 45 morts et 345 blessés.

Autre crash, celui de l'Airbus A-320 à l'aéroport de Mulhouse. Un baptême de l'air qui fait quatre morts et 98 blessés et un vol inaugural qui risque d'entamer la réputation technique du nouvel avion. En fait, le pilote, sans tenir compte des limites imposées par la sécurité, avait voulu voler dans des conditions extrêmes ; il ne réussit pas à relancer l'appareil qui alla s'écraser dans la forêt d'Habsheim. Trop lent, trop bas, trop tard, telles furent les conclusions de l'enquête, amenant le licenciement d'un commandant de bord trop sûr de lui.

Erreur humaine, défaillance technique, la SNCF n'a pas tranché, en évoquant prudemment le désarroi psychologique du conducteur et un enchaînement tragique de circonstances. Toujours est-il que le 27 juin, à 19 heures 10, un train fou, le Melun-Paris, pénètre à 50 km/h dans la gare de Lyon et vient heurter les butoirs. Sur le quai, l'horreur ; à l'intérieur des wagons déchiquetés, 56 personnes tuées.