Cette pression démographique s'explique en grande part par la montée continue de l'activité féminine dans la vie économique. Sous l'effet de la crise et de l'évolution sociologique, le taux d'activité des femmes ne cesse d'augmenter. De 1975 à 1982, ce taux a progressé plus qu'au cours des vingt dernières années : il a atteint 66,5 p. 100 en 1986. Ce phénomène va se poursuivre dans les années à venir, de pair avec l'extension du travail à temps partiel, qui touche aujourd'hui 22,5 p. 100 des femmes, contre 15 p. 100 en 1975.

Légère amélioration de l'emploi : à défaut d'enrayer la montée du chômage, la politique mise en œuvre en 1986 a-t-elle permis de stopper l'hémorragie des emplois ? L'INSEE n'a pas encore rendu son verdict, mais les experts s'attendent à un bilan moins catastrophique que celui qui avait été enregistré au cours des deux dernières années. Il faut en effet se rappeler qu'en 1984 et 1985, la France avait perdu 350 000 emplois, alors que les grands pays industriels, eux, dans le même temps, avaient recommencé à augmenter leurs effectifs : 6,4 millions d'emplois créés aux États-Unis, 920 000 au Japon, 600 000 en Grande-Bretagne, 220 000 en Allemagne fédérale. Loin de suivre ce mouvement, la France, en 1986, a continué de perdre des emplois, mais dans une proportion moindre que les années précédentes ; de plus, la chute des emplois industriels n'est plus compensée par l'accroissement des emplois dans le secteur tertiaire, lui aussi soumis aux impératifs de la modernisation et de la productivité. L'année 1986 devrait donc se solder par une diminution de l'emploi total, salarié et non salarié, d'environ 0,3 p. 100, soit une perte de 70 000 emplois. Ce résultat global recouvre des évolutions contrastées selon les grands secteurs d'activité. Ainsi, pour la première fois depuis le milieu de l'année 1982, l'emploi salarié dans les secteurs marchands non agricoles s'est légèrement accru, de l'ordre de 0,1 p. 100 au cours du premier semestre 1986. Si l'on compare avec la même période de l'année précédente, les six premiers mois de l'année 1985, on constate que les effectifs avaient régressé de 0,3 p. 100 ; l'emploi salarié a donc connu une légère amélioration entre 1985 et 1986. Sur douze mois, de juillet 1985 à juillet 1986, la baisse globale des effectifs salariés a été de 0,2 p. 100, alors que l'année précédente avait été marquée par une diminution de 1,4 p. 100. Pour les différentes branches industrielles, les experts de l'INSEE s'attendent à un bilan en demi-teinte pour l'année 1986. Dans les industries manufacturières, la dégradation se ralentit, avec une baisse des effectifs de 1,9 p. 100 en 1986, contre 2,9 p. 100 en 1985. Les secteurs les plus touchés demeurent ceux des biens d'équipement, notamment l'automobile, ainsi que la sidérurgie, le textile et le cuir. Pour l'énergie, l'arrêt de la croissance des effectifs d'EDF et la forte baisse de l'emploi dans les Charbonnages de France entraînent une diminution de l'emploi plus forte qu'en 1985. Le bâtiment perd, en 1986 comme en 1985, 1 p. 100 de ses effectifs. La croissance des emplois dans les commerces est moins sensible qu'en 1985 : 0,7 p. 100 contre 1,3 l'année dernière. Les effectifs se réduisent dans les transports à un rythme annuel de 0,4 p. 100. Dans les services, l'augmentation des effectifs est moins soutenue qu'auparavant : 1 p. 100 contre 1,7 en 1985.

Selon les estimations des spécialistes de l'INSEE, l'emploi total, salarié et non salarié, aura chuté d'environ 70 000 en 1986, soit une baisse de 0,3 p. 100 avec 40 000 pertes d'emplois salariés, et 30 000 d'emplois non salariés.

Le résultat est globalement moins mauvais que les années passées. En 1985, la France avait perdu 100 000 emplois, 250 000 en 1984.

Plus d'un Français sur dix au chômage

Conséquence immédiate de ces pertes d'emploi, conjuguées à l'arrivée des nouveaux actifs sur le marché du travail : une stabilisation du chômage à un niveau très élevé. Le nombre des demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) est resté tout au long de l'année sur la crête des 2 500 000.