En 1985, les critiques chinoises contre le militarisme et le chauvinisme japonais ont également repris. À l'occasion du quarantième anniversaire de la fin de la guerre sino-japonaise, les Chinois ont souligné que, si la page de la guerre était tournée, on ne pouvait ni l'oublier, ni l'effacer, ni la maquiller. Au mois d'août 1985, la visite du Premier ministre Nakasone Yasuhiro au temple de Yasukuni, où sont déposées les tablettes mortuaires de soldats japonais victimes de la Seconde Guerre mondiale, a provoqué un tollé en Chine. Plusieurs manifestations étudiantes, ont eu lieu à Pékin du mois de septembre au mois de novembre contre le Japon et la nouvelle invasion des produits japonais. Cependant, si les dirigeants chinois ne sont pas fâchés de pouvoir jouer du sentiment de culpabilité du Japon pour exercer sur lui certaines pressions économiques, ils ne sont pas décidés à laisser la situation dégénérer trop gravement et prennent soin de rappeler que, si les idées militaristes existent bien au Japon, elles restent très minoritaires.

Les pays socialistes

Pour rééquilibrer leurs relations avec les pays occidentaux, les Chinois sont de plus en plus tentés de se tourner vers les pays socialistes, particulièrement vers les pays d'Europe de l'Est satellites de l'URSS. Idéologiquement, ces pays présentent moins de dangers de « contamination par les germes de la pollution idéologique » que les pays capitalistes ; leur technologie plus simple et moins chère peut se révéler mieux adaptée au niveau de développement de la Chine. En 1985, les échanges économiques se sont accrus avec tous les pays de l'Est, y compris l'Albanie, avec laquelle un accord commercial a été signé le 4 décembre 1985 ; en 1984 le volume du commerce entre la Chine et l'URSS a augmenté de 70 % pour atteindre 18 millions de francs suisses en 1985. Au mois de mars 1985, le vice-Premier ministre polonais, Janusz Obodowski, s'est rendu en visite en Chine. Du 15 mai au 1er juin 1985, c'est le vice-Premier ministre Li Peng qui s'est rendu en RDA, en Pologne et en Hongrie.

Les relations d'État à État se sont également développées entre la Chine et les pays socialistes avec la visite d'une délégation de l'Assemblée populaire nationale chinoise en URSS au mois de mars, le rétablissement des relations entre les Parlements soviétique et chinois le 10 octobre 1985, puis entre les Parlements bulgare et chinois le 6 novembre.

En dépit de l'accroissement des échanges, le développement des relations sino-soviétiques reste freiné par la permanence des problèmes de l'Afghanistan, de l'invasion du Cambodge par le Viêt-nam et par celui des troupes soviétiques massées à la frontière : chinoise. La septième consultation sino-soviétique qui s'est déroulée du 4 au 18 octobre 1985 n'a pas permis de résoudre ces problèmes, même s'il a été décidé de multiplier les échanges entre les représentants non gouvernementaux des deux pays.

Valérie Niouet-Cabestan